Cameroun
L'opposition se mobilise pour les «disparus»
La mobilisation se poursuit à Douala pour les neuf «disparus de Bépanda». Le 2 avril, des militants de l'opposition qui tentaient de manifester ont été dispersés. La veille, une vingtaine de personnes ont été blessées, au cours d'une marche à laquelle participaient plusieurs responsables de l'opposition.
Les manifestations continuent à Douala pour réclamer la vérité sur la disparition de neuf jeunes gens dans le quartier populaire de Bépanda, après leur arrestation par le Commandement opérationnel, une unité spéciale des forces de sécurité. Dans la matinée de ce lundi 2 avril, des militants du principal parti d'opposition, le SDF, ont tenté de se réunir autour de dix heures sur le rond point Deïdo, non loin du centre ville, avant d'être rapidement dispersés. La veille, la police a stoppé une autre marche, près du stade omnisport de la ville. Bilan : une vingtaine de blessés, dont quatre policiers, et une dizaine de personnes interpellées. Selon un témoin contacté par l'AFP, «des jeunes gens ont commencé à lancer des cailloux sur la police qui a amené les forces de l'ordre à user de jets d'eau pour disperser les manifestants.»
Des responsables politiques de l'opposition, qui souhaitaient se rendre au domicile des familles de disparus en ont par ailleurs été empêchés. «La police s'est rendue dans le quartier de Bepanda et nous a coupé la route. Je n'ai pu rendre visite qu'à une seule d'entre elles», nous a déclaré Joseph Mbah Ndam, président du groupe parlementaire du SDF, le principal parti d'opposition. Selon lui, le président du mouvement, John Fru Ndi, qui tentait de se rendre à Douala pour se joindre à la marche a été bloqué en route, de même que plusieurs députés, interceptés entre Yaoundé et Douala. L'ancien député Albert Ndzongang, dissident du parti au pouvoir bien connu des habitants de Douala, a également été brièvement interpellé, alors qu'il se rendait chez l'une des familles.
Le pouvoir tenterait de négocier
L'affaire des «disparus» est en train de prendre un tour plus politique. Outre la mobilisation de la société civile autour du «Comité des neuf», formé par les proches des victimes, l'opposition n'entend pas laisser passer cette occasion de dénoncer l'attitude du pouvoir. «Nous continuerons à manifester chaque lundi et jeudi, jusqu'à ce que la lumière soit faite », assure Joseph Mbah Ndam.
Parallèlement, Albert Ndzongang, a initié une «Commission d'enquête indépendante», le 26 mars dernier. L'objectif étant de faire pièce à l'enquête diligentée récemment par la présidence de la République, mais aussi de faire la lumière sur l'ensemble des exactions commises par le Commandement opérationnel. «Quand on est chef de l'armée, il suffit d'appeler ses subordonnés pour leur demander où sont passés les enfants», ironise l'ancien député. D'après lui, une commission indépendante permettra, outre de savoir ce que ces derniers sont devenus, de révéler «combien de personnes ont réellement été victimes du C.O».
Selon plusieurs sources, les autorités tenteraient de négocier depuis plusieurs jours avec les proches des «neuf», afin de régler l'affaire à l'amiable. Mais le mouvement de contestation est lancé. «Le sujet est dans toutes les conversations et ce n'est pas près de s'arrêter», nous a confirmé par téléphone un habitant d'Akwa, dans le centre ville. Pour un grand nombre d'habitants de Douala, le sort des jeunes gens a en fait été la goutte qui a fait déborder le vase. Arrêtés le 23 janvier, dans le cadre d'une enquête sur le vol d'une bouteille de gaz, les neufs jeunes gens ont selon toute probabilité été exécutés, comme plusieurs centaines d'autres personnes, décédées ou disparues ces derniers mois après leur interpellation par le Commandement opérationnel.
Des responsables politiques de l'opposition, qui souhaitaient se rendre au domicile des familles de disparus en ont par ailleurs été empêchés. «La police s'est rendue dans le quartier de Bepanda et nous a coupé la route. Je n'ai pu rendre visite qu'à une seule d'entre elles», nous a déclaré Joseph Mbah Ndam, président du groupe parlementaire du SDF, le principal parti d'opposition. Selon lui, le président du mouvement, John Fru Ndi, qui tentait de se rendre à Douala pour se joindre à la marche a été bloqué en route, de même que plusieurs députés, interceptés entre Yaoundé et Douala. L'ancien député Albert Ndzongang, dissident du parti au pouvoir bien connu des habitants de Douala, a également été brièvement interpellé, alors qu'il se rendait chez l'une des familles.
Le pouvoir tenterait de négocier
L'affaire des «disparus» est en train de prendre un tour plus politique. Outre la mobilisation de la société civile autour du «Comité des neuf», formé par les proches des victimes, l'opposition n'entend pas laisser passer cette occasion de dénoncer l'attitude du pouvoir. «Nous continuerons à manifester chaque lundi et jeudi, jusqu'à ce que la lumière soit faite », assure Joseph Mbah Ndam.
Parallèlement, Albert Ndzongang, a initié une «Commission d'enquête indépendante», le 26 mars dernier. L'objectif étant de faire pièce à l'enquête diligentée récemment par la présidence de la République, mais aussi de faire la lumière sur l'ensemble des exactions commises par le Commandement opérationnel. «Quand on est chef de l'armée, il suffit d'appeler ses subordonnés pour leur demander où sont passés les enfants», ironise l'ancien député. D'après lui, une commission indépendante permettra, outre de savoir ce que ces derniers sont devenus, de révéler «combien de personnes ont réellement été victimes du C.O».
Selon plusieurs sources, les autorités tenteraient de négocier depuis plusieurs jours avec les proches des «neuf», afin de régler l'affaire à l'amiable. Mais le mouvement de contestation est lancé. «Le sujet est dans toutes les conversations et ce n'est pas près de s'arrêter», nous a confirmé par téléphone un habitant d'Akwa, dans le centre ville. Pour un grand nombre d'habitants de Douala, le sort des jeunes gens a en fait été la goutte qui a fait déborder le vase. Arrêtés le 23 janvier, dans le cadre d'une enquête sur le vol d'une bouteille de gaz, les neufs jeunes gens ont selon toute probabilité été exécutés, comme plusieurs centaines d'autres personnes, décédées ou disparues ces derniers mois après leur interpellation par le Commandement opérationnel.
par Christophe Champin
Article publié le 02/04/2001