Algérie
Une rafale mortelle enflamme la Kabylie
Alors que la situation en Kabylie était déjà tendue à l'occasion de l'anniversaire du «Printemps berbère», deux incidents (dont un mortel) survenus dimanche et lundi dans des brigades de gendarmerie ont provoqué de nouvelles émeutes.
Selon la version de la gendarmerie, le jeune Mohamed Guermah a été tué par une rafale de pistolet mitrailleur tombé des mains d'un gendarme à l'intérieur de la brigade de Beni Douala, où il avait été conduit après son interpellation. Cette présentation des faits n'a pas convaincu les centaines de jeunes gens qui, peu après l'enterrement de la victime, lundi 23 avril, ont harcelé les forces de l'ordre, jetant des pierres et brûlant des pneus dans les rues de ce village de Kabylie.
Lors de la cérémonie, qui avait rassemblé des milliers de personnes dans le hameau voisin de Aït Mahmoud, le père de Mohamed avait pourtant appelé au calme. Il avait simplement réclamé que justice soit rendue à son fils. Mais l'ensemble de la Kabylie était déjà sous tension depuis mercredi 20 avril, date de la célébration du 21ème anniversaire du «Printemps berbère», qui commémore tous les ans la dure répression de manifestations en faveur de la culture berbère. Cette année, les émeutes y ont fait des dizaines de blessés depuis mercredi.
D'où le regain de violence après la mort du jeune homme, dans laquelle les émeutiers voient un assassinat pur et simple. Pour mettre fin aux affrontements, les gendarmes, épaulés par des unités anti-émeutes dépêchées de Tizi Ouzou, chef lieu du département, ont lancé des grenades lacrymogènes après avoir quadrillé le village et barré les principales voies d'accès.
«Installer un climat de terreur» durant le Printemps berbère
La presse algérienne rapporte également d'autres troubles qui ont éclaté dimanche à Amizour, dans la région de Béjaïa (Petite Kabylie), à 250 km à l'est d'Alger. Là aussi, la cause des émeutes serait des brutalités commises par les gendarmes. Ces derniers, selon les journaux, ont interpellé deux lycéens, en sortie avec leur classe et leur professeur de sport. Après les avoir emmenés à la brigade, ils les auraient «malmenés». Des dizaines de manifestants ont alors attaqué le bâtiment à coups de pierre, incendié deux véhicules de gendarmerie, le siège de la sous-préfecture et plusieurs autres édifices publics, dont les locaux du tribunal. Les échauffourées ont fait une dizaines de blessés parmi les manifestants.
Ces violences illustrent le climat particulièrement orageux dans lequel s'est déroulé le 21ème «Printemps berbère». A l'appel du Mouvement culturel berbère (MCB), qui entend promouvoir la langue kabyle au statut de langue officielle en Algérie, la ville de Tizi-Ouzou, capitale de la Grande Kabylie, a été entièrement paralysée jeudi 20 avril par une grève générale, quelque 10 000 personnes, dont une majorité de jeunes, défilant durant plusieurs heures. Béjaïa et d'autres villes environnantes ont largement suivi le mouvement.
De nombreux responsables berbères dénoncent régulièrement la «répression» exercée par les autorités algériennes en Kabylie. Cette année, le président du Front des Forces socialistes (FFS), Hocine Aït-Ahmed, affirme que «le pouvoir a actionné ses différents réseaux de milices politiques pour installer en Kabylie un climat de terreur, en vue de décourager les manifestations non violentes destinées à commémorer le Printemps berbère».
Lors de la cérémonie, qui avait rassemblé des milliers de personnes dans le hameau voisin de Aït Mahmoud, le père de Mohamed avait pourtant appelé au calme. Il avait simplement réclamé que justice soit rendue à son fils. Mais l'ensemble de la Kabylie était déjà sous tension depuis mercredi 20 avril, date de la célébration du 21ème anniversaire du «Printemps berbère», qui commémore tous les ans la dure répression de manifestations en faveur de la culture berbère. Cette année, les émeutes y ont fait des dizaines de blessés depuis mercredi.
D'où le regain de violence après la mort du jeune homme, dans laquelle les émeutiers voient un assassinat pur et simple. Pour mettre fin aux affrontements, les gendarmes, épaulés par des unités anti-émeutes dépêchées de Tizi Ouzou, chef lieu du département, ont lancé des grenades lacrymogènes après avoir quadrillé le village et barré les principales voies d'accès.
«Installer un climat de terreur» durant le Printemps berbère
La presse algérienne rapporte également d'autres troubles qui ont éclaté dimanche à Amizour, dans la région de Béjaïa (Petite Kabylie), à 250 km à l'est d'Alger. Là aussi, la cause des émeutes serait des brutalités commises par les gendarmes. Ces derniers, selon les journaux, ont interpellé deux lycéens, en sortie avec leur classe et leur professeur de sport. Après les avoir emmenés à la brigade, ils les auraient «malmenés». Des dizaines de manifestants ont alors attaqué le bâtiment à coups de pierre, incendié deux véhicules de gendarmerie, le siège de la sous-préfecture et plusieurs autres édifices publics, dont les locaux du tribunal. Les échauffourées ont fait une dizaines de blessés parmi les manifestants.
Ces violences illustrent le climat particulièrement orageux dans lequel s'est déroulé le 21ème «Printemps berbère». A l'appel du Mouvement culturel berbère (MCB), qui entend promouvoir la langue kabyle au statut de langue officielle en Algérie, la ville de Tizi-Ouzou, capitale de la Grande Kabylie, a été entièrement paralysée jeudi 20 avril par une grève générale, quelque 10 000 personnes, dont une majorité de jeunes, défilant durant plusieurs heures. Béjaïa et d'autres villes environnantes ont largement suivi le mouvement.
De nombreux responsables berbères dénoncent régulièrement la «répression» exercée par les autorités algériennes en Kabylie. Cette année, le président du Front des Forces socialistes (FFS), Hocine Aït-Ahmed, affirme que «le pouvoir a actionné ses différents réseaux de milices politiques pour installer en Kabylie un climat de terreur, en vue de décourager les manifestations non violentes destinées à commémorer le Printemps berbère».
par Philippe Quillerier-Lesieur
Article publié le 24/04/2001