Iran
Les durs font monter la pression
A moins de deux mois de l'élection présidentielle, aucun candidat ne s'est officiellement déclaré. Le président Khatami, chef de file des réformateurs, semble favori, mais les durs du régime tentent de créer un climat de peur.
De notre correspondant en Iran
«Ces crises à répétition, dont nous avons vécu le point culminant ces derniers jours, ne sont pas bénéfiques et sont rejetées par la population... Elles ne profiteront pas à ceux qui les créent et les gens ne seront pas influencés par ces crises à l'approche des élections présidentielles». Pour la seconde fois en moins d'une semaine, le président Khatami est intervenu pour critiquer et dénoncer l'attitude de la justice et les arrestations dans les milieux de l'opposition mais aussi l'emprisonnement de journalistes et d'étudiants ces dernières semaines.
«On peut gouverner par la force quelques années mais un tel pouvoir ne durera pas. Ceux qui sont à la tête du pouvoir politique, militaire, sécuritaire ou encore économique doivent se conformer à la volonté populaire et lorsque les gens les rejettent, ils doivent abandonner le pouvoir», a ajouté le président, qui a demandé à la population et aux réformateurs de maintenir le calme.
Une semaine après l'arrestation de 42 personnalités de l'opposition libérale, cette nouvelle crise continue à agiter la classe politique iranienne. Les réformateurs se sont mobilisés pour dénoncer les arrestations, qui «visent à faire pression sur le président Khatami pour qu'il renonce à se présenter pour un second mandat lors du scrutin présidentiel du 8 mai prochain». En effet, personne ne croit à la thèse de «complot pour renverser le régime», avancée par le tribunal révolutionnaire de Téhéran, qui a ordonné les arrestations aussi bien dans la capitale que dans plusieurs grandes villes de province.
Election présidentielle dans deux mois et toujours pas de candidat déclaré
Toutes les personnes arrêtées ont plus de 70 ans. L'un d'entre eux, Ahmad Sadr Haj Deyed Javadi est même âgé de 84 ans. «Comment peut accepter que des vieillards qui dans leur jeunesse n'avaient pas le courage de faire des actions dangereuses soient aujourd'hui capables d'actions pour renverser un régime», se demande un député réformateur. Des voix se sont même élevées chez les conservateurs pour critiquer à demi-mots ces arrestations.
Dans cette bataille de l'opinion publique, l'intervention du ministre des Renseignements, Ali Younessi, a constitué un véritable succès pour les amis du président Khatami. Convoqué par une quarantaine de députés, ce dernier a déclaré lors d'une réunion à huis clos du parlement que les services secrets n'avaient aucune responsabilité dans les arrestations. «Selon nos documents, les personnes arrêtées n'avaient pas l'intention de renverser le pouvoir», a ajouté le ministre.
Un désaveu cinglant pour le tribunal révolutionnaire, même si le ministre a ajouté que la justice avait peut-être découvert de nouvelles preuves. En tout cas, pour bien marquer le fossé, le ministère des Renseignements a fait savoir que le tribunal révolutionnaire refusait de lui communiquer les preuves selon lesquelles ces personnes cherchaient à renverser le régime. En tout cas, sous la pression de l'opinion publique, la justice a fini par relâcher certaines des personnes arrêtées, notamment le vieux Ahmad Sadr Hadj Seyed Javadi.
Ces arrestations interviennent alors que c'est le plus flou le plus complet concernant les élections présidentielles du 8 juin prochain. En effet, à moins de deux mois d'un scrutin, qualifié d'historique et déterminant pour l'avenir du pays, aucun candidat sérieux ne s'est encore présenté. Les conservateurs n'ont aucun candidat sérieux à opposer au président Khatami. C'est pourquoi, ils multiplient les crises pour refroidir les électeurs et même pousser le président à ne pas se représenter
«En fait, tout dépendra de la candidature ou non du président Khatami», affirme un observateur politique. Si Mohammad Khatami se représente, il est assuré d'être élu. «Sa popularité a encore augmenté depuis les dernières décisions de la justice, qui a fermé plusieurs journaux et arrêté une soixantaine de personnalités de l'opposition», affirme le même observateur. Selon un sondage publié par la presse réformatrice, 84% des Téhéranais demandent la présence de Mohammad Khatami aux futures élections. La date limite pour les dépôts de candidature est fixée au 6 mai prochain.
Dans ces conditions, le président est tenté de maintenir le flou pour empêcher ses adversaires de l'attaquer directement. Mais dans le même temps, le doute du président semble sérieux. En effet, il craint que l'annonce de sa candidature soit le prétexte pour les plus durs d'accentuer encore la pression sur la population et les réformateurs. Reste que depuis plusieurs semaines, tous les ténors du camp réformateur se sont mobilisés pour dire que le président Khatami n'avait pas d'autres choix que se représenter.
«Nous n'avons pas d'autre candidat que Mohammad Khatami. S'il ne représente pas, les partis réformateurs ne doivent pas participer aux élections», a précisé Saïd Hajarian, le principal conseiller politique du président et le plus important théoricien du camp réformateur, qui a échappé à un attentat meurtrier il y a un an. En effet, pour les réformateurs mais aussi la majorité de la population, si le président décide de se retirer de course, cela signifiera tout simplement l'arrêt et l'échec des réformes.
«Ces crises à répétition, dont nous avons vécu le point culminant ces derniers jours, ne sont pas bénéfiques et sont rejetées par la population... Elles ne profiteront pas à ceux qui les créent et les gens ne seront pas influencés par ces crises à l'approche des élections présidentielles». Pour la seconde fois en moins d'une semaine, le président Khatami est intervenu pour critiquer et dénoncer l'attitude de la justice et les arrestations dans les milieux de l'opposition mais aussi l'emprisonnement de journalistes et d'étudiants ces dernières semaines.
«On peut gouverner par la force quelques années mais un tel pouvoir ne durera pas. Ceux qui sont à la tête du pouvoir politique, militaire, sécuritaire ou encore économique doivent se conformer à la volonté populaire et lorsque les gens les rejettent, ils doivent abandonner le pouvoir», a ajouté le président, qui a demandé à la population et aux réformateurs de maintenir le calme.
Une semaine après l'arrestation de 42 personnalités de l'opposition libérale, cette nouvelle crise continue à agiter la classe politique iranienne. Les réformateurs se sont mobilisés pour dénoncer les arrestations, qui «visent à faire pression sur le président Khatami pour qu'il renonce à se présenter pour un second mandat lors du scrutin présidentiel du 8 mai prochain». En effet, personne ne croit à la thèse de «complot pour renverser le régime», avancée par le tribunal révolutionnaire de Téhéran, qui a ordonné les arrestations aussi bien dans la capitale que dans plusieurs grandes villes de province.
Election présidentielle dans deux mois et toujours pas de candidat déclaré
Toutes les personnes arrêtées ont plus de 70 ans. L'un d'entre eux, Ahmad Sadr Haj Deyed Javadi est même âgé de 84 ans. «Comment peut accepter que des vieillards qui dans leur jeunesse n'avaient pas le courage de faire des actions dangereuses soient aujourd'hui capables d'actions pour renverser un régime», se demande un député réformateur. Des voix se sont même élevées chez les conservateurs pour critiquer à demi-mots ces arrestations.
Dans cette bataille de l'opinion publique, l'intervention du ministre des Renseignements, Ali Younessi, a constitué un véritable succès pour les amis du président Khatami. Convoqué par une quarantaine de députés, ce dernier a déclaré lors d'une réunion à huis clos du parlement que les services secrets n'avaient aucune responsabilité dans les arrestations. «Selon nos documents, les personnes arrêtées n'avaient pas l'intention de renverser le pouvoir», a ajouté le ministre.
Un désaveu cinglant pour le tribunal révolutionnaire, même si le ministre a ajouté que la justice avait peut-être découvert de nouvelles preuves. En tout cas, pour bien marquer le fossé, le ministère des Renseignements a fait savoir que le tribunal révolutionnaire refusait de lui communiquer les preuves selon lesquelles ces personnes cherchaient à renverser le régime. En tout cas, sous la pression de l'opinion publique, la justice a fini par relâcher certaines des personnes arrêtées, notamment le vieux Ahmad Sadr Hadj Seyed Javadi.
Ces arrestations interviennent alors que c'est le plus flou le plus complet concernant les élections présidentielles du 8 juin prochain. En effet, à moins de deux mois d'un scrutin, qualifié d'historique et déterminant pour l'avenir du pays, aucun candidat sérieux ne s'est encore présenté. Les conservateurs n'ont aucun candidat sérieux à opposer au président Khatami. C'est pourquoi, ils multiplient les crises pour refroidir les électeurs et même pousser le président à ne pas se représenter
«En fait, tout dépendra de la candidature ou non du président Khatami», affirme un observateur politique. Si Mohammad Khatami se représente, il est assuré d'être élu. «Sa popularité a encore augmenté depuis les dernières décisions de la justice, qui a fermé plusieurs journaux et arrêté une soixantaine de personnalités de l'opposition», affirme le même observateur. Selon un sondage publié par la presse réformatrice, 84% des Téhéranais demandent la présence de Mohammad Khatami aux futures élections. La date limite pour les dépôts de candidature est fixée au 6 mai prochain.
Dans ces conditions, le président est tenté de maintenir le flou pour empêcher ses adversaires de l'attaquer directement. Mais dans le même temps, le doute du président semble sérieux. En effet, il craint que l'annonce de sa candidature soit le prétexte pour les plus durs d'accentuer encore la pression sur la population et les réformateurs. Reste que depuis plusieurs semaines, tous les ténors du camp réformateur se sont mobilisés pour dire que le président Khatami n'avait pas d'autres choix que se représenter.
«Nous n'avons pas d'autre candidat que Mohammad Khatami. S'il ne représente pas, les partis réformateurs ne doivent pas participer aux élections», a précisé Saïd Hajarian, le principal conseiller politique du président et le plus important théoricien du camp réformateur, qui a échappé à un attentat meurtrier il y a un an. En effet, pour les réformateurs mais aussi la majorité de la population, si le président décide de se retirer de course, cela signifiera tout simplement l'arrêt et l'échec des réformes.
par Siavosh Ghazi
Article publié le 13/04/2001