Cameroun
«<i>Le lac Nyos reste dangereux</i>»
Le Cameroun a entrepris un vaste programme de dégazage du lac Nyos dont l'explosion de gaz, en 1986, avait provoqué une catastrophe, en tuant quelque 1 700 personnes. Ce programme complexe est mené par un comité de scientifiques internationaux, parmi lesquels le Camerounais Gregory Tanyileke, de l'Institut de recherches géologiques et minières de Yaoundé.
RFI : Quinze ans après la catastrophe et depuis le début des travaux de dégazage quel est l'état des lieux du lac Nyos ?
Gregory Tanyileke : On ne peut pas parler de zone sécurisée pour le moment tant que le gaz est entier dans le lac mais ce qu'on a mis en place comme mesure de sécurité nous rassure. Pour le moment si on continue les opérations de dégazage à long terme les gens pourront revenir ici.
RFI : Est-ce qu'on peut aujourd'hui clairement établir les causes de l'explosion de gaz ?
G.T. : Les scientifiques sont finalement tombés d'accord sur ce qui avait tué les gens ici. C'est le gaz carbonique qui est à l'origine de la catastrophe mais on n'arrive pas à comprendre le mécanisme qui a provoqué l'explosion de ce gaz qui est stocké au fond du lac et c'est là où il y a un problème. Mais il y a plusieurs paramètres comme les tremblements de terre, les glissements de terrain, les phénomènes climatiques qui sont susceptibles de déclencher ce type de phénomène. Avant la catastrophe, on n'avait aucune donnée scientifique sur le lac.
RFI : En quoi consiste l'opération de dégazage ?
G.T. : On a une colonne qui fait 203 mètres de longueur. Elle est équipée de 3 vannes, deux sous l'eau, une à la surface. Elle est équipée de capteurs qui mesurent certains paramètres (le débit, la pression). Pour le moment, c'est en place et ces paramètres sont contrôlés. Si lµune des trois tombe en panne, l'appareil va s'arrêter tout seul. A partir de là on peut intervenir. Il y a deux systèmes de surveillance sur place pour la transmission des données, les données de la colonne sont transmises par Inmarsat à Chambéry où elles sont stockées. Pour le deuxième système Argos, les données sont transmises de la station climatique à Michigan.
RFI : Quelles sont les caractéristiques du lac Nyos, en quoi est-il exceptionnel ?
G.T. : Le lac Nyos a une très grande profondeur, 210 mètres et une longueur de 2 kilomètres et 1 kilomètre de large. Ce lac est particulier dans la mesure où il est stratifié, donc les eaux constituent des couches. Ces eaux ne se mélangent pas, d'où le problème. Le gaz stocké au fond du lac devrait normalement remonter à la surface et s'échapper sans problème. Mais comme le lac est stratifié, le gaz qui vient du lac reste piégé au fond et la pression monte. C'est pour ça que c'est très dangereux. C'est ce qui s'est passé en 1986. Le CO2 est plus lourd que l'air, lorsqu'il a été libéré en très grande quantité, comme un vaste nuage plus dense que l'air, le gaz a tué la vie dans la vallée parce que l'oxygène manquait. Pour l'instant, on a repéré trois lacs de ce type. Ils sont tous en Afrique et sous la même latitude, le lac Monoun et Nyos au Cameroun. L'autre c'est le lac Kivu au Rwanda qui contient plus de gaz que Nyos mais l'avantage c'est qu'il est beaucoup plus profond, 485 mètres de profondeur.
RFI : Le dégazage constitue la première partie d'un vaste programme ? Quels sont les autres projets du gouvernement camerounais ?
G.T. : Le gouvernement compte utiliser ce projet pour revoir le réseau routier afin de désenclaver la région. Nous souhaitons former des ingénieurs camerounais avec le volet de l'éducation. On voudrait voir si on peut valoriser ce gaz. Pour le moment le gaz carbonique est utilisable mais celui du lac Nyos est difficile d'accès. Il faudrait complètement changer notre système de dégazage pour séparer l'eau du gaz.
Gregory Tanyileke : On ne peut pas parler de zone sécurisée pour le moment tant que le gaz est entier dans le lac mais ce qu'on a mis en place comme mesure de sécurité nous rassure. Pour le moment si on continue les opérations de dégazage à long terme les gens pourront revenir ici.
RFI : Est-ce qu'on peut aujourd'hui clairement établir les causes de l'explosion de gaz ?
G.T. : Les scientifiques sont finalement tombés d'accord sur ce qui avait tué les gens ici. C'est le gaz carbonique qui est à l'origine de la catastrophe mais on n'arrive pas à comprendre le mécanisme qui a provoqué l'explosion de ce gaz qui est stocké au fond du lac et c'est là où il y a un problème. Mais il y a plusieurs paramètres comme les tremblements de terre, les glissements de terrain, les phénomènes climatiques qui sont susceptibles de déclencher ce type de phénomène. Avant la catastrophe, on n'avait aucune donnée scientifique sur le lac.
RFI : En quoi consiste l'opération de dégazage ?
G.T. : On a une colonne qui fait 203 mètres de longueur. Elle est équipée de 3 vannes, deux sous l'eau, une à la surface. Elle est équipée de capteurs qui mesurent certains paramètres (le débit, la pression). Pour le moment, c'est en place et ces paramètres sont contrôlés. Si lµune des trois tombe en panne, l'appareil va s'arrêter tout seul. A partir de là on peut intervenir. Il y a deux systèmes de surveillance sur place pour la transmission des données, les données de la colonne sont transmises par Inmarsat à Chambéry où elles sont stockées. Pour le deuxième système Argos, les données sont transmises de la station climatique à Michigan.
RFI : Quelles sont les caractéristiques du lac Nyos, en quoi est-il exceptionnel ?
G.T. : Le lac Nyos a une très grande profondeur, 210 mètres et une longueur de 2 kilomètres et 1 kilomètre de large. Ce lac est particulier dans la mesure où il est stratifié, donc les eaux constituent des couches. Ces eaux ne se mélangent pas, d'où le problème. Le gaz stocké au fond du lac devrait normalement remonter à la surface et s'échapper sans problème. Mais comme le lac est stratifié, le gaz qui vient du lac reste piégé au fond et la pression monte. C'est pour ça que c'est très dangereux. C'est ce qui s'est passé en 1986. Le CO2 est plus lourd que l'air, lorsqu'il a été libéré en très grande quantité, comme un vaste nuage plus dense que l'air, le gaz a tué la vie dans la vallée parce que l'oxygène manquait. Pour l'instant, on a repéré trois lacs de ce type. Ils sont tous en Afrique et sous la même latitude, le lac Monoun et Nyos au Cameroun. L'autre c'est le lac Kivu au Rwanda qui contient plus de gaz que Nyos mais l'avantage c'est qu'il est beaucoup plus profond, 485 mètres de profondeur.
RFI : Le dégazage constitue la première partie d'un vaste programme ? Quels sont les autres projets du gouvernement camerounais ?
G.T. : Le gouvernement compte utiliser ce projet pour revoir le réseau routier afin de désenclaver la région. Nous souhaitons former des ingénieurs camerounais avec le volet de l'éducation. On voudrait voir si on peut valoriser ce gaz. Pour le moment le gaz carbonique est utilisable mais celui du lac Nyos est difficile d'accès. Il faudrait complètement changer notre système de dégazage pour séparer l'eau du gaz.
par Propos recueillis par Sylvie Berruet
Article publié le 18/05/2001