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Afghanistan

L'interminable combat des mutilés

Reportage au pays des Talibans. Notre envoyée spéciale a passé plusieurs semaines en Afghanistan. Troisième volet de son reportage: aujourd'hui visite du centre de la Croix rouge où l'on vient en aide aux mutilés victimes des mines.
Ecouter l'émission Reporteurs de Imogène Lamb
(02/05/2001, durée 15 minutes)

De notre envoyée spéciale en Afghanistan

Najmuddin a perdu ses deux jambes quand son véhicule a sauté sur une mine anti-chars. Venu chercher de l'aide au centre orthopédique du CICR à Kaboul, il en est devenu le responsable: «Vous savez, perdre une partie de son corps n'est pas facile a accepter. Cela fait 18 ans que je suis handicapé, et je pense encore que je devrais avoir au moins une jambe. Mais je dois accepter ce handicap, il fait parti de ma vie maintenant». Comme lui, presque tous les employés du centre sont eux-mêmes handicapés.

Alberto Cairo, responsable du programme orthopédique du CICR en Afghanistan, témoigne des difficultés rencontrées dans ce centre orthopédique de la capitale afghane: «On s'est rendu compte depuis longtemps que donner une jambe, une prothèse, refaire marcher les gens, c'est très important, mais ça ne suffit pas. Les gens doivent être remis dans la société dans le plein sens du mot. En Afghanistan la vie est dure pour tout le monde. L'économie est détruite. Donc c'est difficile même pour quelqu'un qui a les jambes et qui n'a pas de handicap. C'est très difficile de trouver un travail et la nourriture pour la famille. Alors imaginez-vous que si c'est difficile pour une personne en bonne santé, pour une personne handicapée c'est très très difficile. Donc pour une famille où le père est devenu handicapé la vie est extrêmement dure. C'est difficile pour lui de trouver un travail, il a dû vendre tout ce qu'il avait dans la maison, faire des emprunts partout, donc c'est vraiment une tragédie, c'est vraiment horrible».

Le CICR organise ainsi des cours de formation et fait du micro-crédit. Avant de venir consulter au centre, Abdullah, paraplégique, est resté deux ans couché chez lui, sans aucune aide. Maintenant, il travaille au centre: «Je ne suis pas d'accord avec ce mot de handicap, ce n'est pas vrai que nous sommes des handicapés. On fait tout. Par exemple je travaille avec le CICR depuis six ans, je suis heureux, je suis capable de tout faire».

Le travail du CICR paraît sans fin. D'un côté, les équipes de démineurs tentent de rendre la terre sûre, de l'autre les combattants posent de nouvelles mines. C'est le cas de cet homme qui a perdu une jambe, mais jure qu'il continuera a poser des mines: «L'ennemi a agressé notre patrie, alors on est obligé de faire pareil».




par Imogène  Lamb

Article publié le 03/05/2001