Iran
Khatami candidat à sa propre succession
Le président sortant Mohammad Khatami a officiellement déposé ce vendredi matin au ministère de l'Intérieur sa candidature à l'élection présidentielle du 8 juin pour un nouveau mandat de quatre ans.
De notre correspondant en Iran
Très souriant et visiblement déterminé, le président Khatami est venu personnellement au ministère de l'Intérieur pour s'inscrire sur la liste des candidats pour les élections présidentielles du 8 juin. «Aucun responsable du ministère n'est venu l'accueillir. On voulait montrer qu'il était comme n'importe quel autre citoyen-candidat», a affirmé l'un de ses conseillers. Mais personne ne s'y est trompé. La candidature de Mohammad Khatami met fin à plusieurs mois de suspense politique. «Il y a encore deux semaines, le président voulait renoncer à un second mandat», a révélé l'un de ses proches.
Le président lui-même n'a pas pu retenir ses larmes durant deux longues minutes lorsqu'il a voulu expliquer qu'il répondait en fait aux demandes pressantes de ses amis politiques et des électeurs modérés. «J'ai rencontré beaucoup d'obstacles durant ces quatre dernières années et j'ai pensé que je serai plus utile ailleurs qu'à ce poste. Mais lorsque toutes les personnes que je rencontre me demandent de poursuivre la route, je dois respecter la raison collective», a expliqué le président Khatami, très ému. «Les Iraniens veulent la démocratie. Mais il faut combiner démocratie et religion. Je reste fidèle à mes principes et aux promesses faites aux électeurs», a-t-il ajouté en précisant que «le chemin sera long et difficile».
En décidant de se lancer dans la bataille un peu malgré lui, le président a répondu favorablement à ses amis politiques. «La renonciation de Mohammad Khatami à un second mandat présidentiel signifiera que les réformes sont impossibles dans le cadre du système» avait même dit en substance le vice-président du parlement, Behzad Nabavi. Fin avril, le Front de la participation de l'Iran islamique (FPII), principal mouvement réformateur, dirigé par le frère du président iranien, a affirmé que les réformateurs n'avaient pas d'autre candidat que Mohammad Khatami.
La tactique des conservateurs
L'annonce de cette candidature soulage donc les modérés iraniens. «Leur sort politique est lié à celui du président. Si ce dernier avait décidé de ne pas se représenter, les réformateurs auraient dû commencer une longue période de traversée du désert. En effet, les conservateurs ne leur laisseront aucune chance», affirme un journaliste. «Mais avec la candidature du président Khatami, la tâche sera également difficile. Les réformateurs savent que l'électorat modéré demande davantage de réformes mais aussi une accélération dans la mise en £uvre du programme présenté par le président. Cette élection est en quelque sorte la dernière chance pour eux», ajoute ce même journaliste. Tous les dirigeants réformateurs sont d'accord pour dire que le président Khatami doit accélérer le rythme durant son second mandat. Reste qu'il doit bien sûr compter avec l'opposition farouche des conservateurs qui utilisent tous les moyens pour empêcher les réformateurs de mettre en £uvre leur programme.
La candidature de Farah Khosravi, une femme de 42 ans, a pour but très clair de prendre des voix féminines à Mohammad Khatami. Il y a quatre les femmes avaient massivement voté pour le président. En soutenant cette femme, qui ne cache pas ses penchants pour les conservateurs, ces derniers espèrent prendre des voix au président Khatami. De même parmi les inscrits, il y a plusieurs candidats issus des minorités ethniques. Il s'agit aussi d'une autre tactique des conservateurs pour diviser le vote modéré. En 1997, les régions kurdes, azeris, arabes et balouches avaient voté à plus de 80 % pour Mohammad Khatami. Reste que tous ces candidats et candidates doivent obtenir l'aval du Conseil de la surveillance de la Constitution, contrôlé par les conservateurs. Or, le Conseil estime que seul un homme peut devenir président.
Face aux tactiques des conservateurs, les réformateurs ont un seul objectif : faire de cette élection un référendum en faveur des réformes. «Nous avons le choix entre deux conceptions de la religion et de la vie politique. Une conception ouverte et une conception rétrograde», affirme l'Organisation des Moudjahedines de la révolution islamique, qui regroupe les têtes-pensantes du mouvement de réforme. Une manière de mobiliser les électeurs, qui avaient largement voté pour Mohammad Khatami il y a quatre ans. Depuis lors, neuf millions de jeunes se sont ajouté au corps électoral portant à 42 millions de personnes le nombre des électeurs. Le président Khatami doit plus que jamais tenir compte des aspirations de la jeunesse.
Très souriant et visiblement déterminé, le président Khatami est venu personnellement au ministère de l'Intérieur pour s'inscrire sur la liste des candidats pour les élections présidentielles du 8 juin. «Aucun responsable du ministère n'est venu l'accueillir. On voulait montrer qu'il était comme n'importe quel autre citoyen-candidat», a affirmé l'un de ses conseillers. Mais personne ne s'y est trompé. La candidature de Mohammad Khatami met fin à plusieurs mois de suspense politique. «Il y a encore deux semaines, le président voulait renoncer à un second mandat», a révélé l'un de ses proches.
Le président lui-même n'a pas pu retenir ses larmes durant deux longues minutes lorsqu'il a voulu expliquer qu'il répondait en fait aux demandes pressantes de ses amis politiques et des électeurs modérés. «J'ai rencontré beaucoup d'obstacles durant ces quatre dernières années et j'ai pensé que je serai plus utile ailleurs qu'à ce poste. Mais lorsque toutes les personnes que je rencontre me demandent de poursuivre la route, je dois respecter la raison collective», a expliqué le président Khatami, très ému. «Les Iraniens veulent la démocratie. Mais il faut combiner démocratie et religion. Je reste fidèle à mes principes et aux promesses faites aux électeurs», a-t-il ajouté en précisant que «le chemin sera long et difficile».
En décidant de se lancer dans la bataille un peu malgré lui, le président a répondu favorablement à ses amis politiques. «La renonciation de Mohammad Khatami à un second mandat présidentiel signifiera que les réformes sont impossibles dans le cadre du système» avait même dit en substance le vice-président du parlement, Behzad Nabavi. Fin avril, le Front de la participation de l'Iran islamique (FPII), principal mouvement réformateur, dirigé par le frère du président iranien, a affirmé que les réformateurs n'avaient pas d'autre candidat que Mohammad Khatami.
La tactique des conservateurs
L'annonce de cette candidature soulage donc les modérés iraniens. «Leur sort politique est lié à celui du président. Si ce dernier avait décidé de ne pas se représenter, les réformateurs auraient dû commencer une longue période de traversée du désert. En effet, les conservateurs ne leur laisseront aucune chance», affirme un journaliste. «Mais avec la candidature du président Khatami, la tâche sera également difficile. Les réformateurs savent que l'électorat modéré demande davantage de réformes mais aussi une accélération dans la mise en £uvre du programme présenté par le président. Cette élection est en quelque sorte la dernière chance pour eux», ajoute ce même journaliste. Tous les dirigeants réformateurs sont d'accord pour dire que le président Khatami doit accélérer le rythme durant son second mandat. Reste qu'il doit bien sûr compter avec l'opposition farouche des conservateurs qui utilisent tous les moyens pour empêcher les réformateurs de mettre en £uvre leur programme.
La candidature de Farah Khosravi, une femme de 42 ans, a pour but très clair de prendre des voix féminines à Mohammad Khatami. Il y a quatre les femmes avaient massivement voté pour le président. En soutenant cette femme, qui ne cache pas ses penchants pour les conservateurs, ces derniers espèrent prendre des voix au président Khatami. De même parmi les inscrits, il y a plusieurs candidats issus des minorités ethniques. Il s'agit aussi d'une autre tactique des conservateurs pour diviser le vote modéré. En 1997, les régions kurdes, azeris, arabes et balouches avaient voté à plus de 80 % pour Mohammad Khatami. Reste que tous ces candidats et candidates doivent obtenir l'aval du Conseil de la surveillance de la Constitution, contrôlé par les conservateurs. Or, le Conseil estime que seul un homme peut devenir président.
Face aux tactiques des conservateurs, les réformateurs ont un seul objectif : faire de cette élection un référendum en faveur des réformes. «Nous avons le choix entre deux conceptions de la religion et de la vie politique. Une conception ouverte et une conception rétrograde», affirme l'Organisation des Moudjahedines de la révolution islamique, qui regroupe les têtes-pensantes du mouvement de réforme. Une manière de mobiliser les électeurs, qui avaient largement voté pour Mohammad Khatami il y a quatre ans. Depuis lors, neuf millions de jeunes se sont ajouté au corps électoral portant à 42 millions de personnes le nombre des électeurs. Le président Khatami doit plus que jamais tenir compte des aspirations de la jeunesse.
par Siavosh Ghazi
Article publié le 04/05/2001