Italie
Berlusconi s'installe à la tête de l'Italie<br>
Silvio Berlusconi a nettement remporté les élections législatives italiennes et sera le 59e président du Conseil. Il a su fédérer une partie du centre et toute la droite de la péninsule en regroupant autour de Forza Italia (désormais le premier parti, avec près de 30% des voix) l'Alliance nationale de Fini (plus de 12%), la Ligue du Nord de Bossi (4%) et les restes de l'ex-Démocratie chrétienne. Après avoir conquis le nord du pays il y a cinq ans, il vient de marquer cette fois-ci de nombreux points dans le mezzogiorno (sud), séduit à son tour par les promesses du magnat des médias. Il devrait bénéficier d'une majorité confortable au Sénat comme à la Chambre des députés, et assurer ainsi une certaine stabilité politique à l'Italie, qui, durant la dernière législature avait connu trois gouvernements différents de centre-gauche (Prodi, D'Alema et Amato).
De notre envoyé spécial en Italie
La victoire de Berlusconi semble d'autant plus nette qu'elle profite pleinement du système majoritaire en vigueur dans 75% des circonscriptions. Son adversaire Francesco Rutelli en profite lui aussi pour asseoir définitivement son tout nouveau parti, La Marguerite, qui regroupe quatre petites formations centristes et remporte près de 15% des suffrages: un résultat inattendu pour l'ancien maire de Rome, mais qui pénalise lourdement son allié, les Démocrates de gauche de Veltroni et D'Alema issus du PCI.
Ceux-ci sont les véritables perdants de ce scrutin: avec environ 18% des voix, ils réalisent le plus mauvais score de leur histoire. Seuls cinq millions d'Italiens ont voté pour les héritiers de Berlinguer et de Togliatti; tandis que l'extrême-gauche de Fausto Bertinotti recule elle aussi et ne remporte que 5% des suffrages. Refondation communiste sera néanmoins présente au parlement, et a d'ores et déjà choisi non seulement de faire de l'opposition, mais aussi de faire appel aux organisations syndicales en vue d'une nouvelle «saison de grèves» qui risquent de mettre à l'épreuve la patience de Silvio Berlusconi dans les mois qui viennent.
Un pays politiquement coupé en trois
Le leader de Forza Italia, fort d'une victoire indiscutable, se sentira encore moins obligé de résoudre la question des conflits d'intérêt qui a empoisonné la campagne électorale et provoqué de nombreuses mises en garde de la part de certains médias d'Europe. Il devrait diriger l'Italie en «patron d'entreprise», ce qui risque de déplaire à tous ceux qui n'aiment ni ses télévisions-paillettes (Mediaset), ni son équipe de football (le Milan AC), ni son empire éditorial (Mondadori), publicitaire (Publitalia) ou financier (Fininvest). Il devra également tenir compte de deux alliés peu commodes: l'imprévisible Umberto Bossi, jadis sécessionniste, aujourd'hui fédéraliste mais toujours xénophobe et anti-européen, et le post-fasciste Fini, qui attend toujours son heure.
Le paysage politique qui dessine à l'issue de ces élections semble marquer un véritable tournant: les Italiens ont opté pour une radicalisation du vote en faveur des deux «vedettes», Berlusconi et Rutelli, et de deux coalitions clairement identifiables et qui ne sont séparées que de deux points: 45 contre 43%. Un petit écart qui permet néanmoins à Berlusconi de gouverner sans trop de risques de retournement d'alliance en cours de législation, comme en 1994, lorsqu'il a été lâché par Bossi sept mois seulement après son accession au palais Chigi (le Matignon italien). Depuis dimanche 13 mai 2001 l'Italie est plus que jamais coupée en trois, sur le plan politique. Le Nord (riche mais peu peuplé) et le Sud (25 à 30% de chômeurs parfois très jeunes), tous deux autrefois démocrate-chrétiens, ont définitivement basculé dans le camp du véritable héritier de Fanfani et d'Andreotti, avec l'appui discret mais réel de la Curie romaine. Le centre (du Latium à l'Emilie en passant par la Toscane) demeure à gauche: une maigre consolation pour une coalition qui n'a jamais renoncé à des querelles de personnes qui paraissent bien byzantines aux yeux des autres régions de la péninsule.
La victoire de Berlusconi semble d'autant plus nette qu'elle profite pleinement du système majoritaire en vigueur dans 75% des circonscriptions. Son adversaire Francesco Rutelli en profite lui aussi pour asseoir définitivement son tout nouveau parti, La Marguerite, qui regroupe quatre petites formations centristes et remporte près de 15% des suffrages: un résultat inattendu pour l'ancien maire de Rome, mais qui pénalise lourdement son allié, les Démocrates de gauche de Veltroni et D'Alema issus du PCI.
Ceux-ci sont les véritables perdants de ce scrutin: avec environ 18% des voix, ils réalisent le plus mauvais score de leur histoire. Seuls cinq millions d'Italiens ont voté pour les héritiers de Berlinguer et de Togliatti; tandis que l'extrême-gauche de Fausto Bertinotti recule elle aussi et ne remporte que 5% des suffrages. Refondation communiste sera néanmoins présente au parlement, et a d'ores et déjà choisi non seulement de faire de l'opposition, mais aussi de faire appel aux organisations syndicales en vue d'une nouvelle «saison de grèves» qui risquent de mettre à l'épreuve la patience de Silvio Berlusconi dans les mois qui viennent.
Un pays politiquement coupé en trois
Le leader de Forza Italia, fort d'une victoire indiscutable, se sentira encore moins obligé de résoudre la question des conflits d'intérêt qui a empoisonné la campagne électorale et provoqué de nombreuses mises en garde de la part de certains médias d'Europe. Il devrait diriger l'Italie en «patron d'entreprise», ce qui risque de déplaire à tous ceux qui n'aiment ni ses télévisions-paillettes (Mediaset), ni son équipe de football (le Milan AC), ni son empire éditorial (Mondadori), publicitaire (Publitalia) ou financier (Fininvest). Il devra également tenir compte de deux alliés peu commodes: l'imprévisible Umberto Bossi, jadis sécessionniste, aujourd'hui fédéraliste mais toujours xénophobe et anti-européen, et le post-fasciste Fini, qui attend toujours son heure.
Le paysage politique qui dessine à l'issue de ces élections semble marquer un véritable tournant: les Italiens ont opté pour une radicalisation du vote en faveur des deux «vedettes», Berlusconi et Rutelli, et de deux coalitions clairement identifiables et qui ne sont séparées que de deux points: 45 contre 43%. Un petit écart qui permet néanmoins à Berlusconi de gouverner sans trop de risques de retournement d'alliance en cours de législation, comme en 1994, lorsqu'il a été lâché par Bossi sept mois seulement après son accession au palais Chigi (le Matignon italien). Depuis dimanche 13 mai 2001 l'Italie est plus que jamais coupée en trois, sur le plan politique. Le Nord (riche mais peu peuplé) et le Sud (25 à 30% de chômeurs parfois très jeunes), tous deux autrefois démocrate-chrétiens, ont définitivement basculé dans le camp du véritable héritier de Fanfani et d'Andreotti, avec l'appui discret mais réel de la Curie romaine. Le centre (du Latium à l'Emilie en passant par la Toscane) demeure à gauche: une maigre consolation pour une coalition qui n'a jamais renoncé à des querelles de personnes qui paraissent bien byzantines aux yeux des autres régions de la péninsule.
par Elio Comarin
Article publié le 14/05/2001