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Guerre d''Algérie

La veuve d'un torturé demande justice

Le débat sur la torture en Algérie est relancé avec la multiplication de plaintes en justice. Elles ne dénoncent plus seulement le général Paul Aussaresses, auteur d'un livre-scandale, mais aussi, plus largement, les responsables d'actes de torture pendant la guerre d'Algérie. En effet, la plainte de la veuve du militant communiste Maurice Audin, disparu à Alger en 1957, étend la recherche des responsabilités à «tous les responsables, qu'ils soient civils ou militaires».
La plainte contre X de Josette Audin diffère de celles déjà déposées : celle de la Ligue des droits de l'homme pour apologie de crimes et de crimes de guerre, directement contre le général Aussaresses auteur du livre-confession à scandale «Services spéciaux- Algérie 1955-1957» ; celle de la Fédération internationale des Ligues des droits de l'homme pour crimes contre l'humanité, également contre le général et celle du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) pour crimes contre l'humanité.

La veuve de l'enseignant et militant communiste Maurice Audin, la première victime à se tourner vers la justice depuis la publication du livre entend faire condamner l'ensemble des responsables de la disparition de son mari, civils et militaires. Professeur de math, militant communiste et participant activement à la guerre pour l'indépendance de l'Algérie Maurice Audin a été arrêté à son domicile d'Alger, le 11 juin 1957 et n'est plus jamais réapparu. Henri Alleg, lui aussi militant communiste et auteur de «La question», arrêté en même temps témoigne avoir subi la torture avec Maurice Audin et de la main de subordonnés d'Aussaresses, rapporte Josette Audin. Elle souhaite que les circonstances exactes de la mort de son mari, qu'on a voulu lui faire croire évadé, soient enfin éclaircies.

L'objectif des actions en justice ainsi entamées n'est pas non plus tout à fait le même. Les organisations de défense des doits de l'homme appellent au «travail de mémoire», à la «repentance». Josette Audin, quant à elle, réfute catégoriquement ce dernier terme «à connotation religieuse dont nous ne voulons pas, ni mes enfants, ni moi».Elle exige, au-delà de la condamnation des tortionnaires de son mari, le désaveu officiel par les autorités politiques de la chaîne des responsables impliqués dans la torture en Algérie.

Sur le plan judiciaire, la recevabilité de telles plaintes n'est pas acquise en raison des prescriptions et des amnisties. A l'exception peut-être du recours contre la séquestration de Maurice Audin, puisque son corps n'a pas été retrouvé.



par Francine  Quentin

Article publié le 10/05/2001