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Afghanistan

Guerre, sécheresse et désespoir

Voyage au pays des Talibans. Dernier volet du reportage de notre envoyée spéciale à la rencontre de ceux que la guerre et la sécheresse ont privé de tout: les déplacés de l'intérieur de l'Afghanistan.
Ecouter l'émission Reporteurs de Imogène Lamb
(03/05/2001, durée 15 minutes)

De notre envoyée spéciale en Afghanistan

La sécheresse qui sévit depuis plus de deux ans en Afghanistan a jeté sur les routes des centaines de milliers de réfugiés. Beaucoup vivent maintenant dans des camps à l'intérieur du pays, d'autres ont franchi les frontières, et se retrouvent au Pakistan, en Iran ou ailleurs.

Dans les villages de la province de Ghor, l'une des plus touchée par la sécheresse, les paysans qui sont restés se battent et, avec l'aide humanitaire, espèrent avoir une récolte cette année. «En temps normal les gens sont en autosuffisance dans cette province, c'est à dire qu'ils produisent suffisamment de blé, de légumes et de céréales pour pouvoir manger toute l'année», témoigne Bruno Logeare. Cet expatrié qui travaille pour le comité international de la Croix rouge dans la province de Ghor ajoute: «Ils ont du bétail en quantité suffisante, ce qui leur permet de manger de la viande pendant l'année. Ils avaient même l'habitude d'exporter du blé et de la viande».

«On n'a rien à manger depuis deux ans»

Dans cette province, la sécheresse a fait fuir une partie de la population, plus de 80.000 personnes ont cherché refuge dans des camps plus à l'ouest, à Hérat. Quant aux autres, ils sont maintenant à l'étranger. Ceux qui sont restés ont été obligés de vendre leurs bêtes et ont mangé les dernières graines qu'ils avaient en réserve. Ce paysan expose sa situation: «Si les pluies arrivent on aura une récolte. A terme on pourra acheter des bêtes, mais il nous faudrait entre 5 et 10 ans pour que la vie soit comme avant».

L'homme est venu en avril au village de Barakhana pour une distribution de vivres et de semences. Cette opération, menée par le CICR, était destinée aux 10.000 familles les plus vulnérables de la région. L'organisation caritative espérait ainsi permettre aux paysans de rester dans la région, et essayait de faire passer un message à ceux partis dans les camps, comme l'explique Arnaud de Lauriol, agronome: «Nous aidons sur place et nous n'aidons pas, ou moins, dans les camps, afin que les gens se rendent compte que l'aide arrive sur place dans la région qu'ils ont quittés. Nous espérons que cela les incitera à revenir. Pour ceux qui sont à Hérat, petit à petit les gens vont se rendre compte qu'il y a une autre vie que celle qu'ils ont connu à Ghor, qui est une vie très recluse. Ils ont accès à l'Iran, à Herat, à un marché de travail tout autre, une vie tout autre, auront-ils envie de revenir j'en doute».

Pour cette femme réfugiés avec sa famille à Chackcharan, la capitale de Ghor, il est déjà trop tard. Elle n'a qu'une envie, partir dans un camp à Hérat: «Nos hommes vont dans la montagne chercher du bois qu'ils donnent aux boulangeries en échange de pain. On a rien à manger depuis deux ans. Ceux qui sont resté au village sont morts de faim».



par Imogène  Lamb

Article publié le 04/05/2001