Tchad
Une présidentielle controversée
Au lendemain de l'élection présidentielle du 20 mai, la polémique enfle déjà au Tchad autour d'un scrutin dont l'opposition devrait très probablement contester les résultats, attendus au plus tôt en fin de semaine.
Alors que les résultats du scrutin de dimanche ne devraient pas être annoncés avant la fin de la semaine, les analyses divergent déjà sur le déroulement de la présidentielle de ce dimanche. Dès dimanche soir, le camp du chef de l'Etat affichait sa satisfaction. Cela «s'est très bien passé sur l'ensemble du territoire», a déclaré le ministre de l'Intérieur. Et dans l'entourage du président tchadien, les pronostics sur l'issue du premier tour ne font pas un pli. Même ton parmi les trente-six observateurs internationaux, déployés à N'Djamena, Abéché (est) et Faya-Largeau (nord). «Le scrutin s'est déroulé dans le calme, la sérénité et la discipline et a connu une participation honorable», a confié à nos confrères de l'AFP, leur porte-parole, l'ancien secrétaire général de l'OUA Idé Oumarou. «Nous n'avons pas constaté de cas délibérés de fraude», a-t-il ajouté, tout en déplorant «une organisation laissant parfois à désirer».
C'est un tout autre discours que tient Gilbert Maoundonodji, président de l'ONIPED (Observatoire national indépendant du suivi des processus électoraux et de la démocratie), un collectif regroupant des défenseurs des droits de l'homme et l'Union des syndicats du Tchad (UST), et disposait d'un millier d'observateurs répartis dans le pays. S'il estime ne pas pouvoir encore se prononcer définitivement sur le scrutin de dimanche, il relève tout de même des incidents significatifs.
L'opposition dénonce la fraude électorale
D'après lui, trois de ses observateurs auraient été passés à tabac à N'Djamena dans la concession du secrétaire d'Etat à la Fonction publique, Oumar Boucar, alors qu'ils tentaient de vérifier l'information selon laquelle le haut responsable distribuait des cartes électorales le jour du vote. D'une manière générale, le président de l'ONIPED confirme la distribution de cartes le jour du scrutin et la présence de mineurs parmi les votants, à N'Djamena et dans ses environs. «Nous avons par ailleurs relevé deux autres incidents à Abéché et à Ati, dans le département de Batha (centre), où nos observateurs ont été empêchés de faire leur travail», note Gilbert Maoundonodji. Mais il reste prudent : «il faudra attendre les rapports complets des différents départements et de pays comme le Soudan et l'Arabie Saoudite, pour savoir à quel point de tels incidents pourront peser sur le résultat du scrutin.»
Dans l'opposition, en revanche, plusieurs candidats sont catégoriques, en jugeant la consultation de dimanche largement tronquée. «Il y a eu une fraude massive», nous a déclaré, Ngarlejy Yorongar, président de la Fédération action pour la république (FAR), qui estime déjà avoir remporté l'élection : «Il y aura deux chefs de l'Etat, un légitime et un illégal.»
Dans le camp de Wadal Abdelkader Kamougué, leader de l'Union pour le renouveau démocratique (URD), arrivé en deuxième position en 1996, on parle de «cafouillage total» et on dénonce, entre autres, des manipulations concernant le vote parmi les populations nomades. «Beaucoup ont été transportés par des véhicules de l'administration», nous a affirmé son directeur de campagne, selon qui des délégués du parti ont par ailleurs été chassés de plusieurs bureaux de vote. Plus pondéré, Saleh Kebzabo, candidat de l'Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR) et ancien ministre du pétrole, parlait dimanche soir d'une «désorganisation volontaire» du scrutin.
Compte tenu des difficultés d'organisation dans ce pays pauvre, grand comme deux fois la France, il faudra sans doute attendre quelques jours pour y voir plus clair. Mais plusieurs partis d'opposition ont d'ores et déjà annoncé des manifestations en cas de victoire d'Idriss Deby au premier tour.
C'est un tout autre discours que tient Gilbert Maoundonodji, président de l'ONIPED (Observatoire national indépendant du suivi des processus électoraux et de la démocratie), un collectif regroupant des défenseurs des droits de l'homme et l'Union des syndicats du Tchad (UST), et disposait d'un millier d'observateurs répartis dans le pays. S'il estime ne pas pouvoir encore se prononcer définitivement sur le scrutin de dimanche, il relève tout de même des incidents significatifs.
L'opposition dénonce la fraude électorale
D'après lui, trois de ses observateurs auraient été passés à tabac à N'Djamena dans la concession du secrétaire d'Etat à la Fonction publique, Oumar Boucar, alors qu'ils tentaient de vérifier l'information selon laquelle le haut responsable distribuait des cartes électorales le jour du vote. D'une manière générale, le président de l'ONIPED confirme la distribution de cartes le jour du scrutin et la présence de mineurs parmi les votants, à N'Djamena et dans ses environs. «Nous avons par ailleurs relevé deux autres incidents à Abéché et à Ati, dans le département de Batha (centre), où nos observateurs ont été empêchés de faire leur travail», note Gilbert Maoundonodji. Mais il reste prudent : «il faudra attendre les rapports complets des différents départements et de pays comme le Soudan et l'Arabie Saoudite, pour savoir à quel point de tels incidents pourront peser sur le résultat du scrutin.»
Dans l'opposition, en revanche, plusieurs candidats sont catégoriques, en jugeant la consultation de dimanche largement tronquée. «Il y a eu une fraude massive», nous a déclaré, Ngarlejy Yorongar, président de la Fédération action pour la république (FAR), qui estime déjà avoir remporté l'élection : «Il y aura deux chefs de l'Etat, un légitime et un illégal.»
Dans le camp de Wadal Abdelkader Kamougué, leader de l'Union pour le renouveau démocratique (URD), arrivé en deuxième position en 1996, on parle de «cafouillage total» et on dénonce, entre autres, des manipulations concernant le vote parmi les populations nomades. «Beaucoup ont été transportés par des véhicules de l'administration», nous a affirmé son directeur de campagne, selon qui des délégués du parti ont par ailleurs été chassés de plusieurs bureaux de vote. Plus pondéré, Saleh Kebzabo, candidat de l'Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR) et ancien ministre du pétrole, parlait dimanche soir d'une «désorganisation volontaire» du scrutin.
Compte tenu des difficultés d'organisation dans ce pays pauvre, grand comme deux fois la France, il faudra sans doute attendre quelques jours pour y voir plus clair. Mais plusieurs partis d'opposition ont d'ores et déjà annoncé des manifestations en cas de victoire d'Idriss Deby au premier tour.
par Christophe Champin
Article publié le 22/05/2001