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L''affaire Elf

Loïk Le Floch-Prigent accuse

A moins de quinze jours du jugement du tribunal correctionnel de Paris dans le volet Dumas du dossier Elf, Loïk Le Floch-Prigent l'ancien PDG du groupe pétrolier français, est sorti de sa réserve. Dans deux interviews accordées au Parisien et au Figaro, il affirme que le système de commissions du groupe «recevait l'imprimatur de tous les présidents de la République depuis 1958, du général de Gaulle à Jacques Chirac en passant par Georges Pompidou, Valéry Giscard d'Estaing et François Mitterrand».
Loïk Le Flock Prigent a décidé de faire des déclarations fracassantes sur les commissions versées par le groupe pétrolier. L'ancien PDG d'Elf Aquitaine, mis en cause notamment dans le volet Dumas de l'affaire Elf dont le jugement sera rendu le 30 mai prochain, a donné sa version des faits dans deux quotidiens nationaux français, Le Parisien et Le Figaro, alors qu'il vient d'être mis en examen pour la 27ème fois par la juge Eva Joly. Il est catégorique: oui, le groupe pétrolier a bien été et est encore, malgré sa privatisation, la «pompe à fric» qui a permis à la France de maintenir ses positions en Afrique depuis 40 ans.

Sorti de son silence, Loïk Le Floch-Prigent refuse de devenir le «bouc émissaire» et affirme que les hommes politiques «doivent cesser de jouer les pères la vertu». Le système des commissions, a-t-il expliqué dans les deux quotidiens, «a été mis en place par le général de Gaulle» et a continué bien après : «Chirac est au courant de tout ce que je sais, exactement comme Mitterrand l'était». Outre «les présidents de la République, tous les secrétaires généraux de l'Elysée mais aussi les ministres des Finances étaient au courant des détails les plus importants» affirme l'ancien patron d'Elf. «Ce système était opaque mais pas occulte» ajoute-t-il puisqu'il était contrôlé chaque année par l'Elysée. Et Loïk Le Floch-Prigent de raconter comment de 1989 à 1993, durant sa présidence, il rendait compte au Président Mitterrand et au secrétaire général de l'Elysée, des mouvements de commissions occultes versés par le groupe pétrolier à tel ou tel état africain.

Un système qui existait partout

Interrogé sur le versement des commissions occultes, il ajoute qu'il «s'agissait tout simplement des pratiques de la République» et souligne que le système existait bien avant lui. Il affirme même comme pour se dédouaner «elles existaient dans toutes les entreprises que j'ai dirigées».

Epuisé par six ans d'une instruction qui n'est pas près de s'achever, Loïk Le Floch-Prigent lâché, selon lui, par les politiques qui ont bien pris soin de ne pas le soutenir dans cette «épreuve», semble exaspéré. «Aucun homme politique ne peut jouer les Saint-Just» affirme-t-il au Figaro, tout en précisant qu'il n'a pas envie de «faire sauter la République». Quant à l'attitude de Lionel Jospin, il la qualifie d'«hypocrite». «Avoir mis les mains dans le cambouis, dans l'intérêt national, n'altère en rien la capacité d'un homme à diriger un pays» a-t-il ajouté à propos du Premier ministre.

Dans le volet Dumas du dossier Elf, une peine de cinq ans de prison et 2,5 millions de francs d'amende a été requise à l'encontre de l'ancien PDG d'Elf-Aquitaine, qui a déjà effectué six mois de détention préventive.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 18/05/2001