Corée
Les croisières de la réconciliation prennent l'eau
L'un des symboles fort du processus de réunification de la péninsule coréenne pourrait bientôt disparaître. La firme sud-coréenne Hyundai menace de suspendre les croisières qu'elle organise vers un massif montagneux du nord, pour cause de faillite financière.
La montagne occupe une place privilégiée dans la mythologie coréenne. C'est là notamment que l'on enterre les défunts, à mi-chemin entre le royaume des mortels et celui des Dieux. Le Mont Kumgang, situé au sud-est de la Corée du Nord, à une petite centaine de kilomètres de la zone démilitarisée qui divise le pays, fait partie des reliefs les plus célèbres de la péninsule. Tout Coréen qui se respecte souhaite faire un pèlerinage vers ce que l'on surnomme «les monts de diamant».
L'entreprise sud-coréenne Hyundai a su tirer parti de cet engouement. Depuis deux ans et demi, la fondation Hyundai Asan, qui se charge de promouvoir l'implantation de l'entreprise dans le nord de la péninsule, organise des croisières au départ de Tonghae et Sokch'o, deux villes de la côte est. L'emploi du temps de ces voyage est minutieusement préparé: les touristes passent le plus clair de leur temps sur le bateau et peuvent participer à des excursions au cours desquelles ils admirent des chutes d'eau, des sources naturelles et les paysages réputés. Mais la vue est obstruée par de gigantesques slogans à la gloire de Kim Il Sung et les randonnées se déroulent sous haute surveillance des Nord-Coréens. Les croisières coûtent en moyenne 4000 francs pour 3 nuits sur le bateau et deux jours de promenade, soit une véritable fortune pour le Sud-Coréen moyen. De fait, la participation est beaucoup moins importante que prévue: jusqu'à présent, seuls 400000 Sud-Coréens ont fait le voyage. Les pertes de Hyundai Asan, qui verse chaque mois 84 millions de francs de taxes à Pyongyang pour pouvoir organiser ces croisières, sont donc énormes.
La principale source de devises pour Pyongyang
Chaque jour, le déficit de Hyundai Asan augmente de 1 million de francs et ses créanciers réclament le remboursement des dettes déjà accumulées. Pour tenter de freiner l'accélération de son déficit, l'entreprise a demandé aux autorités nord-coréennes de réduire de moitié le montant de leurs royalties mensuelles et de lui faire cadeau de quelques mois de retard. Requête rejetée par Pyongyang. Ces taxes, payées en dollars américains constituent en effet une des principales rentrées de devises du pays. Hyundai Asan s'est également tournée vers Séoul. Ses responsables souhaitent que les autorités sud-coréennes les autorisent à installer des casinos sur les bateaux. Le gouvernement a répondu que les navires circulent dans les eaux territoriales nord-coréennes et qu'il ne peut donc pas prendre cette décision sans consulter Pyongyang. Une réplique évasive qui s'explique notamment par la pression que l'opposition sud-coréenne exerce sur le pouvoir en place. Des critiques de plus en plus vives contestent l'aide apportée par Séoul depuis la naissance du projet, arguant que la Corée du Nord utiliserait l'argent versé pour moderniser son armée.
Un nouveau geste serait donc malvenu. D'autant plus que le processus de paix recule. La Corée du Nord n'a pas effectué le moindre geste vers le Sud depuis plusieurs mois. Kim Dae Jung se trouve donc en porte à faux. Le leader sud-coréen, père de la «sunshine policy» -la politique d'ouverture vers le Nord-, envisage, en effet, difficilement de renoncer à apporter son soutien à ces croisières hautement symboliques. Mais à l'approche de la présidentielle, ce dernier mesure les conséquences de chacune de ses décisions. En attendant qu'une solution soit trouvée, Hyundai annonce chaque semaine une nouvelle baisse du nombre de croisières et la mise à quai de plusieurs bateaux.
L'entreprise sud-coréenne Hyundai a su tirer parti de cet engouement. Depuis deux ans et demi, la fondation Hyundai Asan, qui se charge de promouvoir l'implantation de l'entreprise dans le nord de la péninsule, organise des croisières au départ de Tonghae et Sokch'o, deux villes de la côte est. L'emploi du temps de ces voyage est minutieusement préparé: les touristes passent le plus clair de leur temps sur le bateau et peuvent participer à des excursions au cours desquelles ils admirent des chutes d'eau, des sources naturelles et les paysages réputés. Mais la vue est obstruée par de gigantesques slogans à la gloire de Kim Il Sung et les randonnées se déroulent sous haute surveillance des Nord-Coréens. Les croisières coûtent en moyenne 4000 francs pour 3 nuits sur le bateau et deux jours de promenade, soit une véritable fortune pour le Sud-Coréen moyen. De fait, la participation est beaucoup moins importante que prévue: jusqu'à présent, seuls 400000 Sud-Coréens ont fait le voyage. Les pertes de Hyundai Asan, qui verse chaque mois 84 millions de francs de taxes à Pyongyang pour pouvoir organiser ces croisières, sont donc énormes.
La principale source de devises pour Pyongyang
Chaque jour, le déficit de Hyundai Asan augmente de 1 million de francs et ses créanciers réclament le remboursement des dettes déjà accumulées. Pour tenter de freiner l'accélération de son déficit, l'entreprise a demandé aux autorités nord-coréennes de réduire de moitié le montant de leurs royalties mensuelles et de lui faire cadeau de quelques mois de retard. Requête rejetée par Pyongyang. Ces taxes, payées en dollars américains constituent en effet une des principales rentrées de devises du pays. Hyundai Asan s'est également tournée vers Séoul. Ses responsables souhaitent que les autorités sud-coréennes les autorisent à installer des casinos sur les bateaux. Le gouvernement a répondu que les navires circulent dans les eaux territoriales nord-coréennes et qu'il ne peut donc pas prendre cette décision sans consulter Pyongyang. Une réplique évasive qui s'explique notamment par la pression que l'opposition sud-coréenne exerce sur le pouvoir en place. Des critiques de plus en plus vives contestent l'aide apportée par Séoul depuis la naissance du projet, arguant que la Corée du Nord utiliserait l'argent versé pour moderniser son armée.
Un nouveau geste serait donc malvenu. D'autant plus que le processus de paix recule. La Corée du Nord n'a pas effectué le moindre geste vers le Sud depuis plusieurs mois. Kim Dae Jung se trouve donc en porte à faux. Le leader sud-coréen, père de la «sunshine policy» -la politique d'ouverture vers le Nord-, envisage, en effet, difficilement de renoncer à apporter son soutien à ces croisières hautement symboliques. Mais à l'approche de la présidentielle, ce dernier mesure les conséquences de chacune de ses décisions. En attendant qu'une solution soit trouvée, Hyundai annonce chaque semaine une nouvelle baisse du nombre de croisières et la mise à quai de plusieurs bateaux.
par Nathalie Tourret
Article publié le 21/05/2001