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Syrie

Syrie-Israël: l'équilibre de la terreur

Menaces, mesures de sécurité, émissaires anxieux appelant les parties impliquées au calme: pour un peu, on aurait cru qu'une nouvelle guerre allait éclater entre Israël et la Syrie. Mais les Israéliens se sont contentés de multiplier les déclarations incendiaires alors que Damas, nullement demonté, gardait son sang-froid tout en faisant savoir indirectement qu'il gardait plusieurs flèches à son arc, notamment le Hezbollah.
De notre correspondante en Syrie


Alors que l'armée israélienne bombardait les régions palestiniennes, le ministre israélien de la Défense Benyamin Ben Eliezer a menace a trois reprises en dix jours de frapper les troupes syriennes au Liban si le Hezbollah menait de nouvelles attaques contre l'armée de l'Etat hébreu. Mais Damas est reste calme, et le ministre syrien des Affaires étrangères Farouk al-Chareh s'est contente de cette phrase sibylline, lors d'un déplacement le 18 mai à Beyrouth ou il a évoqué avec le président Emile Lahoud les menaces israeliennes:
«Si Israël tente de changer les règles du jeu au Liban, nous imposerons nos propres règles». Quelles règles ? C'est le président Lahoud, allié indéfectible de Damas, qui a apporté quelques précisions: «toute nouvelle équation qu'Israël tenterait d'imposer pourrait remettre en cause la sécurité de la région nord» de l'Etat juif, a-t-il dit dans une interview au quotidien arabe al-Wassat cette semaine.

Le Hezbollah a quant à lui emmené les journalistes en tournée dans la région contestée des fermes de Chebaa, à vol d'oiseau des lignes israéliennes, et leur a montré des batteries de roquettes katioucha, prêtes à entrer en action contre le nord d'Israël.

Personne n'a intérêt à une confrontation militaire

«C'est un nouvel équilibre de la terreur qui s'installe», commente un diplomate occidental en poste à Damas, qui explique que ni Israël, ni surtout la Syrie n'ont intérêt à entrer dans une confrontation militaire: le premier est trop occupé par son conflit avec les Palestiniens pour ouvrir un deuxième front et Damas n'ignore pas la supériorité militaire de son voisin.

Jusqu'en avril dernier, Israël répliquait aux attaques du Hezbollah par des opérations de représailles contre la formation intégriste chiite. Mais le 16 avril, l'aviation israélienne a bombardé, pour la première fois depuis 1982, des positions de l'armée syrienne au Liban, sur la route stratégique Beyrouth-Damas, pour riposter à une opération du Hezbollah dans la région des fermes de Chebaa, 20 km¬ de pâturages dans un triangle entre le Liban, la Syrie et Israël, qui a fait un mort dans les rangs israéliens. Les responsables israéliens ont expliqué qu'ils tenaient la Syrie pour responsable de ces opérations qui ne se déroulaient qu'avec la connaissance et l'approbation de Damas. Les responsables syriens répètent à l'envi que le Hezbollah est totalement indépendant mais la formation intégriste chiite, soutenue par Téhéran, ne peut jouir de liberté d'action au Liban sans l'appui de la Syrie qui y est toute-puissante.



par Acil  TABBARA

Article publié le 25/05/2001