Afghanistan
Une marque jaune pour les non-musulmans
Les talibans ont ordonné aux minorités non musulmanes d'Afghanistan, mardi 22 mai, de porter désormais un morceau de tissu jaune sur leurs vêtements, «pour les protéger des exigences du régime islamique». La France et les Etats-Unis se disent «choqués».
Un badge jaune ? Un bout de tissu jaune? Les Hindous devront-ils le porter sur la poitrine, ou l'avoir dans leur poche ? Les responsables des talibans ne sont pas tous d'accord, mais l'essentiel est là. «Les oulémas ont promulgué une fatwa spécifiant que les membres de la population non musulmane devront porter une marque distinctive comme un morceau d'étoffe attaché à leurs poches, de façon à pouvoir être différencié des autres», a déclaré mardi 22 mai le chef de la police religieuse afghane, Maulawi Ahbdul Wali, à la radio de Kaboul Voix de la charia, contrôlée par les talibans. Ce responsable, qui dirige le ministère de la Prévention du vice et de la promotion de la vertu, précise que «cette décision est conforme à la loi islamique». La mesure concerne notamment la petite minorité hindoue d'Afghanistan, qui compte environ 1 700 membres, soit bien moins de 1% de la population. Un porte-parole ministériel a indiqué que les Sikhs, très peu nombreux également, «n'avaient pas à porter ce tissu, puisqu'ils sont reconnaissables à leur turban».
«Cette mesure s'ajoute à beaucoup d'autres, aussi intolérables»Pour justifier ce nouveau décret, le ministère de l'Information a affirmé que son but était de protéger les Hindous et les autres minorités afghanes des contraintes du régime islamique, le plus radical du monde musulman. Ainsi, cela leur éviterait d'être harcelés par l'omniprésente police religieuse. Celle-ci s'applique, avec un zèle extrême, à faire observer les préceptes islamiques tels que les conçoivent les talibans. Selon le responsable du ministère, ce sont les minorités elles-mêmes qui en auraient fait la requête. «Cet ordre a été décrété sur la demande d'Hindous inquiets du fait que des représentants du ministère de la Prévention du vice et de la promotion de la vertu leur demandaient sans cesse de se laisser pousser la barbe et d'aller prier à la mosquée».
La nouvelle, en tout cas, a immédiatement soulevé des réactions indignées à travers le monde. La France a sévèrement condamné ce décret vestimentaire. Le ministère des Affaires étrangères a estimé que «cette mesure indigne s'ajoute à beaucoup d'autres mesures intolérables», faisant notamment référence au sort réservé aux femmes afghanes, réduites à un quasi esclavage, et à la destruction des statues antiques du pays. Les Etats-Unis se sont dits «choqués». Le porte-parole du Département d'Etat, Richard Boucher, a déclaré que «forcer des groupes sociaux à porter des vêtements distinctifs ou des marques d'identification contribue à isoler ces groupes et ne peut jamais, jamais être justifié. (à) Ce genre de restrictions ne fait qu'ajouter à la souffrance d'un peuple confronté à 23 ans de guerre et de catastrophes naturelles».
«Cette mesure s'ajoute à beaucoup d'autres, aussi intolérables»Pour justifier ce nouveau décret, le ministère de l'Information a affirmé que son but était de protéger les Hindous et les autres minorités afghanes des contraintes du régime islamique, le plus radical du monde musulman. Ainsi, cela leur éviterait d'être harcelés par l'omniprésente police religieuse. Celle-ci s'applique, avec un zèle extrême, à faire observer les préceptes islamiques tels que les conçoivent les talibans. Selon le responsable du ministère, ce sont les minorités elles-mêmes qui en auraient fait la requête. «Cet ordre a été décrété sur la demande d'Hindous inquiets du fait que des représentants du ministère de la Prévention du vice et de la promotion de la vertu leur demandaient sans cesse de se laisser pousser la barbe et d'aller prier à la mosquée».
La nouvelle, en tout cas, a immédiatement soulevé des réactions indignées à travers le monde. La France a sévèrement condamné ce décret vestimentaire. Le ministère des Affaires étrangères a estimé que «cette mesure indigne s'ajoute à beaucoup d'autres mesures intolérables», faisant notamment référence au sort réservé aux femmes afghanes, réduites à un quasi esclavage, et à la destruction des statues antiques du pays. Les Etats-Unis se sont dits «choqués». Le porte-parole du Département d'Etat, Richard Boucher, a déclaré que «forcer des groupes sociaux à porter des vêtements distinctifs ou des marques d'identification contribue à isoler ces groupes et ne peut jamais, jamais être justifié. (à) Ce genre de restrictions ne fait qu'ajouter à la souffrance d'un peuple confronté à 23 ans de guerre et de catastrophes naturelles».
par Philippe Quillerier-Lesieur
Article publié le 23/05/2001