Côte d''Ivoire
Gbagbo à Paris pour convaincre<br>
Le président ivoirien a entamé le 17 juin son premier déplacement en France en tant que chef d'Etat. Une visite privée, du moins sur le papier puisqu'il rencontre Jacques Chirac et Lionel Jospin, ainsi que plusieurs autres hauts responsables français. Au menu des discussions : la reprise attendue de la coopération européenne et la réconciliation nationale.
Pour son premier passage en France en tant que chef d'Etat, Laurent Gbagbo a opté pour un déplacement privé. Mais, hormis les questions protocolaires, la visite a tout du voyage officiel. Arrivé dimanche 17 juin à Paris, le président ivoirien a un agenda chargé. Déjeuner avec son homologue français Jacques Chirac et entretien avec le ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine lundi 18 juin à l'ambassade de Côte d'Ivoire. Rencontre ce mardi avec le président de l'Assemblée nationale, Raymond Forni, et le ministre de la Défense, Alain Richard, puis mercredi avec le ministre délégué à la Coopération Charles Josselin. Petit-déjeuner enfin, jeudi 21 juin, avec Christian Poncelet, président du Sénat, et dans l'après-midi, avec le ministre de l'Intérieur Michel Vaillant.
Voilà qui devrait faire oublier la déception perceptible à la suite du voyage, officiel cette fois, du premier ministre Pascal Affi Nguessan, en février dernier, revenu à Abidjan sans avoir pu rencontrer de haut responsable français. Et confirmer les bonnes relations entre Abidjan et les deux têtes de l'exécutif français, désormais à l'unisson sur le dossier ivoirien.
En attendant l'aide européenne
Pour Laurent Gbagbo, cette visite intervient dans une période cruciale. La Côte d'Ivoire, qui peine à sortir de la grave crise économique consécutive à de longs mois d'instabilité politique, a un besoin urgent de liquidités. Tout en conditionnant la reprise de l'aide budgétaire à la signature d'un accord avec le Fonds monétaire international (FMI), Paris n'a pas ménagé ses efforts en faveur d'Abidjan, notamment auprès de ses partenaires européens. Au terme de consultations, engagées fin février, la Commission européenne vient d'ailleurs de proposer aux Etats membres la reprise de la coopération européenne. Une réponse positive constituerait un premier pas important en attendant la reprise éventuelle des relations avec les institutions financières internationales. «Il n'y a pas de raison, que certains Etats traînent les pieds, a déclaré à ce propos Laurent Gbagbo, à la sortie de son déjeuner avec le président français. J'ai demandé au président Chirac de parler à ses pairs pour qu'il y ait le plus rapidement possible une amélioration entre l'Union européenne et la Côte d'Ivoire.»
Côté français, on estime que les Ivoiriens ont déjà satisfait plusieurs exigences des bailleurs de fonds, avec «la participation de tout le monde aux élections municipales, la levée des barrages policiers et l'inculpation de plusieurs gendarmes [dans l'enquête sur le charnier de Yopougon]».
L'argument ne convainc pas toute la communauté ivoirienne de France. Des manifestants proches du RDR d'Alassane Ouattara, ont accueilli le chef de l'Etat, dimanche, en l'accusant de faire la «promotion de la xénophobie, du tribalisme et de l'exclusion» et en réclamant la réhabilitation de leur leader, exclu des dernières élections présidentielles et législatives pour cause de «nationalité douteuse».
A quelques semaines de la tenue en Côte d'Ivoire d'un Forum sur la réconciliation nationale, censé enterrer les divisions à l'origine des sanglants affrontements de la fin de l'année dernière, Laurent Gbagbo est également attendu sur ce dossier. Lundi après-midi, le président ivoirien a précisé que «tous les partis» sont invités à participer à cette réunion, laissant entendre que l'ex-Premier ministre Alassane Ouattara comme les anciens président Gueï et Konan Bédié sont les bienvenus. L'entourage de Laurent Gbagbo a, en revanche, refusé de confirmer l'information selon laquelle il pourrait recevoir le leader du RDR et le chef de l'Etat déchu durant son séjour. «Cela ne fait pas partie de son agenda», précise-t-on côté ivoirien.
Laurent Gbagbo n'en souhaite pas moins convaincre de ses bonnes intentions. «On ne va pas dans un pays où il y a des coups d'Etat, on ne met pas l'argent dans un pays où il y a l'insécurité», a-t-il lancé, en précisant qu'il comprend les inquiétudes des investisseurs. Le numéro un ivoirien a d'ailleurs prévu des échanges avec les milieux d'affaires français et doit notamment s'exprimer, vendredi 22 juin, devant un parterre de chefs d'entreprises au Medef (Mouvement des entreprises de France). Des investisseurs qu'il lui reste à rassurer après des mois de tension politique.
Voilà qui devrait faire oublier la déception perceptible à la suite du voyage, officiel cette fois, du premier ministre Pascal Affi Nguessan, en février dernier, revenu à Abidjan sans avoir pu rencontrer de haut responsable français. Et confirmer les bonnes relations entre Abidjan et les deux têtes de l'exécutif français, désormais à l'unisson sur le dossier ivoirien.
En attendant l'aide européenne
Pour Laurent Gbagbo, cette visite intervient dans une période cruciale. La Côte d'Ivoire, qui peine à sortir de la grave crise économique consécutive à de longs mois d'instabilité politique, a un besoin urgent de liquidités. Tout en conditionnant la reprise de l'aide budgétaire à la signature d'un accord avec le Fonds monétaire international (FMI), Paris n'a pas ménagé ses efforts en faveur d'Abidjan, notamment auprès de ses partenaires européens. Au terme de consultations, engagées fin février, la Commission européenne vient d'ailleurs de proposer aux Etats membres la reprise de la coopération européenne. Une réponse positive constituerait un premier pas important en attendant la reprise éventuelle des relations avec les institutions financières internationales. «Il n'y a pas de raison, que certains Etats traînent les pieds, a déclaré à ce propos Laurent Gbagbo, à la sortie de son déjeuner avec le président français. J'ai demandé au président Chirac de parler à ses pairs pour qu'il y ait le plus rapidement possible une amélioration entre l'Union européenne et la Côte d'Ivoire.»
Côté français, on estime que les Ivoiriens ont déjà satisfait plusieurs exigences des bailleurs de fonds, avec «la participation de tout le monde aux élections municipales, la levée des barrages policiers et l'inculpation de plusieurs gendarmes [dans l'enquête sur le charnier de Yopougon]».
L'argument ne convainc pas toute la communauté ivoirienne de France. Des manifestants proches du RDR d'Alassane Ouattara, ont accueilli le chef de l'Etat, dimanche, en l'accusant de faire la «promotion de la xénophobie, du tribalisme et de l'exclusion» et en réclamant la réhabilitation de leur leader, exclu des dernières élections présidentielles et législatives pour cause de «nationalité douteuse».
A quelques semaines de la tenue en Côte d'Ivoire d'un Forum sur la réconciliation nationale, censé enterrer les divisions à l'origine des sanglants affrontements de la fin de l'année dernière, Laurent Gbagbo est également attendu sur ce dossier. Lundi après-midi, le président ivoirien a précisé que «tous les partis» sont invités à participer à cette réunion, laissant entendre que l'ex-Premier ministre Alassane Ouattara comme les anciens président Gueï et Konan Bédié sont les bienvenus. L'entourage de Laurent Gbagbo a, en revanche, refusé de confirmer l'information selon laquelle il pourrait recevoir le leader du RDR et le chef de l'Etat déchu durant son séjour. «Cela ne fait pas partie de son agenda», précise-t-on côté ivoirien.
Laurent Gbagbo n'en souhaite pas moins convaincre de ses bonnes intentions. «On ne va pas dans un pays où il y a des coups d'Etat, on ne met pas l'argent dans un pays où il y a l'insécurité», a-t-il lancé, en précisant qu'il comprend les inquiétudes des investisseurs. Le numéro un ivoirien a d'ailleurs prévu des échanges avec les milieux d'affaires français et doit notamment s'exprimer, vendredi 22 juin, devant un parterre de chefs d'entreprises au Medef (Mouvement des entreprises de France). Des investisseurs qu'il lui reste à rassurer après des mois de tension politique.
par Christophe Champin
Article publié le 19/06/2001