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Syrie

La continuité en héritage

La Syrie commémore dimanche le premier anniversaire de la mort du président Hafez al-Assad en présence de délégations arabes qui affluaient à Kardaha, le village natal de l'ancien chef d'Etat. Un an après sa disparition, les espoirs de changement suscités par l'accession de son fils cadet au pouvoir ont été tempérés, surtout après l'arrêt d'un timide processus de démocratisation.
De notre correspondante en Syrie

La forêt de portraits de Hafez el-Assad qui couvraient les rues de Damas a disparu. Mais c'est le seul changement tangible, ou presque, un an après la mort de l'homme qui a gouverné la Syrie pendant près de trois decennies.

Il est vrai qu'un vent d'optimisme a soufflé quand son fils Bachar, un jeune médecin de 35 ans qui s'était illustré dans la lutte contre la corruption, lui a succédé. Mais le nouveau président, bien qu'il ait affiché une volonté de changement, notamment dans le domaine économique, semble vouloir privilégier la continuité du régime et a maintenu aux postes-clés les compagnons d'armes de son père.

«Si vous êtes nommé PDG d'une compagnie, même si elle ne compte que 15 employés, vous ne pouvez pas tout changer du jour au lendemain. Alors que dire d'un pays de 17 millions d'habitants gouverné par le même parti depuis plus de 30 ans ?», dit un analyste politique.

Il est cependant certain que l'accession au pouvoir de Bachar al-Assad s'est traduite par un changement psychologique. Les langues se sont deliées, encouragées en cela par la libération de prisonniers politiques et la floraison des salons politiques, où opposants mais aussi simples citoyens s'exprimaient librement. Mais le printemps de Damas a été de courte durée : en février, les autorités ont interdit ces salons après qu'ils aient franchi une ligne rouge en questionnant l'omnipotence du parti Baas au pouvoir.

«Il est certain qu'il y a eu une bouffée d'oxygène au début et puis le couvercle s'est refermé, on ne sait pas trop pourquoi», dit un diplomate qui estime que cela peut être lié a l'accession d'Ariel Sharon au pouvoir en Israël, et la tension dans la région depuis, ou aussi à la volonté des autorités de maintenir les choses sous leur contrôle. «Mais une chose est sûre, c'est que les gens parlent plus librement», reconnait-il.

Le modèle chinois

La libéralisation economique n'ayant pas à aller de pair avec l'ouverture politique, selon les responsables syriens qui evoquent volontiers le modèle chinois, le président Bachar al-Assad a promulgué plus de cent lois pour réformer l'économie. Parmi elles figurent des lois portant sur l'ouverture d'une bourse, de banques privées ou l'autorisation des écoles et des universités privées, mais pour le moment aucune
n'a ete appliquée.
«Ce n'est pas facile de passer d'une économie extrêmement centralisée, où la bureaucratie étouffe toute initiative, à une économie de marché», souligne un économiste pour lequel «il faut attendre encore au moins un an avant de voir les effets des nouvelles decisions».

Des décisions urgentes dans un pays où selon les estimations récemment publiées d'un expert économique, Nabil Mazloum, le chômage touche plus de 20 % de la population active et ou 75% des salariés gagnent moins de cent dollars par mois.

Sur le plan de la politique étrangère, le nouveau président a fidélement suivi la ligne tracée par son père, surtout en ce qui concerne le conflit avec Israël. Il s'est même illustré par des propos plus radicaux a l'égard de l'état juif que son père, se voulant l'écho de la rue arabe, violemment anti-israélienne.
«C'est comme s'il ne pouvait pas faire grand chose a l'intérieur, donc c'est a l'extérieur qu'il agit surtout», explique le diplomate. Le jeune président s'est par ailleurs engagé dans un processus de rapprochement avec certains pays voisins, après des relations en dents de scie au cours des décennies passées. Il a amélioré les relations avec la Jordanie, ayant des affinités avec le jeune roi Abdallah, et l'Irak avec lequel la Syrie conforte de plus en plus ses liens économiques.



par Acil  TABBARA

Article publié le 10/06/2001