Syrie
Le difficile test de Bachar al-Assad
Le président syrien Bachar al-Assad entame ce lundi une visite officielle à Paris. Ce déplacement, le plus important en Occident depuis son accession au pouvoir il y a un an, est déjà entaché par des accusations d'antisémitisme à son égard et des critiques à propos des droits de l'homme. Un dossier qui s'est posé dans toute son acuité avec l'enlèvement récent d'un opposant syrien.
De notre correspondante en Syrie
La visite du jeune président syrien, accompagné de son épouse Asma, fait figure de test: le chef de l'Etat s'est déjà rendu en Espagne en mai dernier mais son voyage à Paris le place sous les feux de la rampe. La France est le pays occidental avec lequel la Syrie a les liens les plus forts et le président Jacques Chirac avait été le seul chef d'Etat occidental à se rendre aux obsèques de Hafez al-Assad il y a un an. Mais Bachar al-Assad arrive dans un contexte difficile: il devra d'abord affronter la campagne menée contre lui, principalement par les organisations juives, pour protester contre ses propos jugés antisémites et prononcés lors de la visite du Pape en Syrie.
Dans le même temps, l'affaire de l'enlèvement ou de la mystérieuse disparition, selon les versions, au cours des derniers jours de l'opposant syrien Nizar Nayyouf est venue poser dans toute son acuité le dossier des droits de l'homme. C'est de Paris que des organisations de défense des journalistes ont annoncé l'enlèvement à Damas de Nayyouf, libéré en mai dernier au cours de la visite du Pape, après neuf ans de détention et dont la santé est précaire. Le journaliste, qui a réapparu le lendemain, a affirmé avoir été kidnappé par des agents des services de renseignements qui pensaient qu'il se rendait a l'ambassade de France -il est privé de passeport-alors qu'il allait chez son médecin.
Damas a catégoriquement nié qu'il ait été enlevé et accuse l'opposant d'avoir lui-même monté sa disparition. Un politicien syrien, qui a requis l'anonymat, a estimé qu'il s'agissait d'un coup monté visant à discréditer le président Assad avant sa visite en France, soulignant que les prisonniers «d'opinion» -c'est-à-dire ceux qui ont été arrêtés uniquement en raison de leurs opinions politiques, et non d'actes visant le régime- ont tous été libérés au cours de l'année écoulée.
Quelques gestes d'ouverture
Reste que Damas, conscient de ce climat hostile, a fait quelques petits gestes. Tout d'abord un communiqué officiel a assuré que la Syrie n'était nullement antisémite, qu'elle respectait toutes les religions monothéistes, et que les propos du président Assad avaient été déformés. En outre, l'armée syrienne a procédé à un retrait partiel de zones habitées dans la région de Beyrouth, notamment chrétiennes, une initiative qui n'a été cependant accompagnée d'aucune explication officielle quant à l'ampleur ou la raison de ce retrait. Mais, même si Paris ne l'a pas reclamé expressement, il ne fait pas de doute que ce retrait a eu un impact favorable. Dans une interview à France 2, le président syrien a affirmé que la présence militaire syrienne au Liban était provisoire mais est resté très vague sur les conditions d'un retrait definitif.
Le président Assad doit évoquer à Paris, outre la question du conflit arabo-israélien et les relations bilatérales, le processus de réformes économiques qui démarre difficilement en Syrie et qu'il souhaiterait voir encouragé par les pays européens. Une trentaine d'hommes d'affaires du secteur privé syrien, principaux partisans des réformes, l'accompagnent. Il est également accompagné par le vice-président Abdel Halim Khaddam, un vieux compagnon d'armes de son père, et par l'inamovible chef de la diplomatie syrienne Farouk al-Chareh.
La visite du jeune président syrien, accompagné de son épouse Asma, fait figure de test: le chef de l'Etat s'est déjà rendu en Espagne en mai dernier mais son voyage à Paris le place sous les feux de la rampe. La France est le pays occidental avec lequel la Syrie a les liens les plus forts et le président Jacques Chirac avait été le seul chef d'Etat occidental à se rendre aux obsèques de Hafez al-Assad il y a un an. Mais Bachar al-Assad arrive dans un contexte difficile: il devra d'abord affronter la campagne menée contre lui, principalement par les organisations juives, pour protester contre ses propos jugés antisémites et prononcés lors de la visite du Pape en Syrie.
Dans le même temps, l'affaire de l'enlèvement ou de la mystérieuse disparition, selon les versions, au cours des derniers jours de l'opposant syrien Nizar Nayyouf est venue poser dans toute son acuité le dossier des droits de l'homme. C'est de Paris que des organisations de défense des journalistes ont annoncé l'enlèvement à Damas de Nayyouf, libéré en mai dernier au cours de la visite du Pape, après neuf ans de détention et dont la santé est précaire. Le journaliste, qui a réapparu le lendemain, a affirmé avoir été kidnappé par des agents des services de renseignements qui pensaient qu'il se rendait a l'ambassade de France -il est privé de passeport-alors qu'il allait chez son médecin.
Damas a catégoriquement nié qu'il ait été enlevé et accuse l'opposant d'avoir lui-même monté sa disparition. Un politicien syrien, qui a requis l'anonymat, a estimé qu'il s'agissait d'un coup monté visant à discréditer le président Assad avant sa visite en France, soulignant que les prisonniers «d'opinion» -c'est-à-dire ceux qui ont été arrêtés uniquement en raison de leurs opinions politiques, et non d'actes visant le régime- ont tous été libérés au cours de l'année écoulée.
Quelques gestes d'ouverture
Reste que Damas, conscient de ce climat hostile, a fait quelques petits gestes. Tout d'abord un communiqué officiel a assuré que la Syrie n'était nullement antisémite, qu'elle respectait toutes les religions monothéistes, et que les propos du président Assad avaient été déformés. En outre, l'armée syrienne a procédé à un retrait partiel de zones habitées dans la région de Beyrouth, notamment chrétiennes, une initiative qui n'a été cependant accompagnée d'aucune explication officielle quant à l'ampleur ou la raison de ce retrait. Mais, même si Paris ne l'a pas reclamé expressement, il ne fait pas de doute que ce retrait a eu un impact favorable. Dans une interview à France 2, le président syrien a affirmé que la présence militaire syrienne au Liban était provisoire mais est resté très vague sur les conditions d'un retrait definitif.
Le président Assad doit évoquer à Paris, outre la question du conflit arabo-israélien et les relations bilatérales, le processus de réformes économiques qui démarre difficilement en Syrie et qu'il souhaiterait voir encouragé par les pays européens. Une trentaine d'hommes d'affaires du secteur privé syrien, principaux partisans des réformes, l'accompagnent. Il est également accompagné par le vice-président Abdel Halim Khaddam, un vieux compagnon d'armes de son père, et par l'inamovible chef de la diplomatie syrienne Farouk al-Chareh.
par Acil TABBARA
Article publié le 24/06/2001