Syrie
L'énigme Bachar el-Assad<br>
Le président syrien Bachar el-Assad entame lundi 25 juin une visite officielle en France. Un an après la mort de son père et son accession au pouvoir, sa personnalité et ses objectifs politiques demeurent un mystère.
Jacques Chirac avait été le seul chef d'Etat occidental à recevoir Bachar el-Assad, peu avant la mort de Hafez el-Assad et alors que Bachar ne détenait encore aucune fonction officielle et n'était reçu en tant qu'héritier présomptif dans le seul monde arabe. Le président de la République française avait également été le seul chef d'Etat occidental à se rendre aux obsèques de son père voici un an. C'est dire si la France, et tout particulièrement le président Chirac, a investi dans le jeune président syrien. C'est pourtant en Espagne et non en France que Bachar el-Assad s'est déplacé pour sa première visite officielle hors du monde arabe.
Inquiets, certains dirigeants syriens redoutaient que Paris n'en prenne ombrage. Bien au contraire, c'est avec le plein assentiment du gouvernement français que l'Espagne a eu la préséance. Les responsables français ne souhaitaient pas que cette relation franco-syrienne privilégiée prenne un tour trop exclusif. C'est d'ailleurs avec inquiétude que le Quai d'Orsay a pris connaissance des propos tenus en Espagne par Bachar el-Assad comparant les pratiques des Israéliens à celles des nazis, tout comme il l'avait fait lors du sommet arabe du Caire. Lorsque recevant le Pape à Damas en mai, le président syrien a, pour la troisième fois de l'année en public, tenu des propos à connotation antijuive, accusant l'Etat hébreu de «tuer tous les principes des religions célestes, de la même manière que [les juifs] avaient trahi Jésus et essayé de tuer le prophète Mahomet», le Quai d'Orsay, tout comme d'ailleurs les évêques de France, avaient protesté officiellement.
Il s'en est d'ailleurs fallu de peu que cette visite soit ajournée. A Matignon, on aurait souhaité que dans la foulée du communiqué du Quai d'Orsay, la date de la visite soit reportée. «Les Syriens auraient très bien compris», affirme-t-on dans l'entourage du Premier ministre. Mais l'Elysée n'a pas voulu entendre parler d'un report et la visite a été maintenue. Dans un contexte de vive opposition à cette visite de la part des associations juives de France, les paroles et les gestes de Bachar el-Assad vont être scrutées sans complaisance.
Des gestes en direction de la France
L'intéressé en est visiblement conscient puisque, recevant la chaîne de télévision France 2 peu avant son voyage, Bachar el-Assad s'est défendu de tout antisémitisme, assurant qu'il n'avait procédé à aucune «assimilation» mais juste établi une «comparaison». En outre, pour la première fois avec autant de netteté, le président syrien a envisagé sereinement la reconnaissance d'Israël après la signature d'une «paix globale et juste» au Proche-Orient. Si le principe en est acquis depuis longtemps, il est moins habituel pour un président syrien d'évoquer à propos d'Israël, même de façon théorique, des «relations normales et naturelles comme celles qui existent entre deux Etats, deux peuples». Autre geste en direction de la France : le redéploiement de l'armée syrienne stationnée au Liban. Ce n'est sûrement pas pour les beaux yeux de Paris que Damas a pris une décision de cette importance, mais il n'est pas anodin qu'elle ait été mise en £uvre quelques semaines à peine avant le voyage en France de Bachar el-Assad.
Enfin, contrairement à son père qui cultivait une image de sphinx, Bachar el-Assad, à l'instar du roi de Jordanie Abdallah, veut donner une image plus «humaine» du pouvoir syrien en se faisant accompagner de sa jeune épouse Asma. Titulaire d'un MBA en analyse financière, cette jeune économiste de 25 ans qui a travaillé quelques années à Londres à la banque JP Morgan, sera reçue sur le campus d'HEC et au centre de formation de la profession bancaire. Un signe que la réforme économique est l'une des priorités de son mari.
Inquiets, certains dirigeants syriens redoutaient que Paris n'en prenne ombrage. Bien au contraire, c'est avec le plein assentiment du gouvernement français que l'Espagne a eu la préséance. Les responsables français ne souhaitaient pas que cette relation franco-syrienne privilégiée prenne un tour trop exclusif. C'est d'ailleurs avec inquiétude que le Quai d'Orsay a pris connaissance des propos tenus en Espagne par Bachar el-Assad comparant les pratiques des Israéliens à celles des nazis, tout comme il l'avait fait lors du sommet arabe du Caire. Lorsque recevant le Pape à Damas en mai, le président syrien a, pour la troisième fois de l'année en public, tenu des propos à connotation antijuive, accusant l'Etat hébreu de «tuer tous les principes des religions célestes, de la même manière que [les juifs] avaient trahi Jésus et essayé de tuer le prophète Mahomet», le Quai d'Orsay, tout comme d'ailleurs les évêques de France, avaient protesté officiellement.
Il s'en est d'ailleurs fallu de peu que cette visite soit ajournée. A Matignon, on aurait souhaité que dans la foulée du communiqué du Quai d'Orsay, la date de la visite soit reportée. «Les Syriens auraient très bien compris», affirme-t-on dans l'entourage du Premier ministre. Mais l'Elysée n'a pas voulu entendre parler d'un report et la visite a été maintenue. Dans un contexte de vive opposition à cette visite de la part des associations juives de France, les paroles et les gestes de Bachar el-Assad vont être scrutées sans complaisance.
Des gestes en direction de la France
L'intéressé en est visiblement conscient puisque, recevant la chaîne de télévision France 2 peu avant son voyage, Bachar el-Assad s'est défendu de tout antisémitisme, assurant qu'il n'avait procédé à aucune «assimilation» mais juste établi une «comparaison». En outre, pour la première fois avec autant de netteté, le président syrien a envisagé sereinement la reconnaissance d'Israël après la signature d'une «paix globale et juste» au Proche-Orient. Si le principe en est acquis depuis longtemps, il est moins habituel pour un président syrien d'évoquer à propos d'Israël, même de façon théorique, des «relations normales et naturelles comme celles qui existent entre deux Etats, deux peuples». Autre geste en direction de la France : le redéploiement de l'armée syrienne stationnée au Liban. Ce n'est sûrement pas pour les beaux yeux de Paris que Damas a pris une décision de cette importance, mais il n'est pas anodin qu'elle ait été mise en £uvre quelques semaines à peine avant le voyage en France de Bachar el-Assad.
Enfin, contrairement à son père qui cultivait une image de sphinx, Bachar el-Assad, à l'instar du roi de Jordanie Abdallah, veut donner une image plus «humaine» du pouvoir syrien en se faisant accompagner de sa jeune épouse Asma. Titulaire d'un MBA en analyse financière, cette jeune économiste de 25 ans qui a travaillé quelques années à Londres à la banque JP Morgan, sera reçue sur le campus d'HEC et au centre de formation de la profession bancaire. Un signe que la réforme économique est l'une des priorités de son mari.
par Olivier Da Lage
Article publié le 25/06/2001