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Syrie

Bachar satisfait de sa visite à Paris

Bachar el-Assad quitte Paris après trois jours d'une visite mouvementée au cours de laquelle le président syrien a cherché à donner une image d'ouverture.
Vraisemblablement, l'ambassade syrienne à Paris avait dû prévenir les services du protocole à Damas que la visite en France du président syrien se heurterait à quelques oppositions. Il n'est cependant pas sûr que la diplomatie syrienne avait anticipé l'ampleur des réactions qu'allait susciter cette visite.

A Matignon comme à l'Elysée, le chef de l'Etat syrien a dû entendre des préoccupations exprimées directement sur l'état des droits de l'homme en Syrie. Mais les usages diplomatiques ont été respectés : ces échanges ont eu lieu en tête-à-tête. Certes, les porte-parole de Jacques Chirac et de Lionel Jospin, rendant compte des entretiens, ont fait comprendre de quoi il avait été question, mais du point de vue syrien, rien que d'acceptable, l'honneur était sauf. Les nombreuses manifestations hostiles organisées par les associations de la communauté juive, les pétitions publiées dans la presse n'avaient pas non plus de quoi émouvoir le jeune président syrien. Des questions sur les droits de l'homme lui ont également été posées à l'Assemblée nationale, devant la Commission des affaires étrangères.

Incident à l'Hôtel de Ville

Les choses, cependant, ont commencé à changer à l'Hôtel de Ville. Le protocole veut en effet que qu'un chef d'Etat étranger en visite d'Etat soit reçu par le maire de Paris. La réception de Bachar el-Assad a été boycottée par la majorité des conseillers municipaux. Dans son discours de bienvenue, Bertrand Delanoë s'en est pris vigoureusement au racisme, à l'antisémitisme et au révisionnisme, une allusion transparente aux propos répétés de Bachar el-Assad comparant Israël aux nazis. Puis trois membres de l'opposition municipale appartenant à Démocratie Libérale (droite) ont sorti des pancartes accusant Assad d'antisémitisme. Tandis qu'ils étaient expulsés par les services de sécurité, les membres de la délégation syrienne se mirent à scander : «par notre âme et par notre sang, nous nous sacrifions pour toi ô Bachar !». Du jamais vu lors d'une visite officielle. Pourtant, le président syrien, qui était resté imperturbable, se contenta de dire : «tout cela montre au monde entier que nous sommes un pays de pardon» avant de prononcer son discours, en français comme la plupart de ses interventions publiques depuis qu'il est à Paris.

Bachar el-Assad tenait à ce que cette visite soit une réussite. Il y a mis du sien. En relâchant le journaliste opposant Nizar Nayyouf quelques jours plus tôt et en l'autorisant à venir se soigner en France, en accordant une interview au correspondant d'une chaîne de télévision israélienne : «nous sommes psychologiquement prêts pour la paix, nous avons eu besoin d'une période pour nous préparer à la paix» a déclaré Bachar el-Assad sur les ondes israéliennes. Il s'est également déclaré prêt à rencontrer Ariel Sharon «s'il est prêt à faire la paix avec la Syrie».

A Damas, la presse officielle jubile : la visite en France de Bachar el-Assad est une «réussite». Les reportages soulignent «l'accueil chaleureux» qui lui a été réservé sans mentionner les aspects déplaisants, comme l'incident de la Mairie de Paris.



par Olivier  Da Lage

Article publié le 25/06/2001