Zimbabwe
Mugabe perd son âme damnée
Chenjerai Hitler Hunzvi, leader des «vétérans» de la guerre d'indépendance est mort lundi 4 juin. Personnalité controversée, aussi radicale qu'opportuniste, il avait mené l'occupation des fermes blanches et organisé une véritable campagne de terreur contre les opposants.
S'il est rôle dans lequel Chenjerai Hitler Hunzvi pouvait aisément rivaliser avec Robert Mugabe, c'est celui de personnage le plus haï des fermiers blancs. Le président zimbabwéen n'a d'ailleurs pas manqué de rendre hommage au controversé leader des «vétérans» de la guerre d'indépendance, décédé lundi 4 juin: «Il était un acteur-clé dans le processus actuel de réforme agraire au Zimbabwe qui a incarné la détermination de notre peuple à redevenir propriétaire de ses terres», a-t-il déclaré dans un message de condoléances.
C'est que ce médecin, leader de la puissante Zimbabwe National Liberation War Veterans Association (ZNLWVA) depuis 1995, était devenu l'âme damnée du vieux président. A la tête d' «anciens combattants» -dont certains n'avaient en fait pas l'âge d'avoir connu la guerre d'indépendance- il avait mené l'occupation de milliers d'exploitations agricoles blanches, l'année dernière. Pendant la campagne pour les élections législatives de juin 2000, Hunvzi et ses hommes étaient devenus le bras armé d'un parti au pouvoir, la Zanu-PF, décidé à empêcher coûte que coûte une victoire de l'opposition. Au prix d'une véritable campagne de terreur. Bilan: plus d'une trentaine de mort, la plupart membres du Mouvement pour le changement démocratique (MDC), premier adversaire sérieux du régime depuis l'indépendance, en 1980.
Costume de marque et téléphone portable
Grand, cheveux grisonnants, ne dédaignant pas les costumes de marque ou le téléphone portable, Chenjerai Hitler Hunzvi n'avait en rien le profil type du «combattant de liberté». Ce médecin, formé en Pologne où il fut membre de la représentation de la Zapu (Zimbabwe African Peole's Union), mouvement de guérilla concurrent de celui de Robert Mugabe, n'a jamais été très clair sur ses faits d'armes.
C'est pourtant lui qui fut choisi, en 1995, pour présider l'association des vétérans. Deux ans plus tard, il remportait sa première victoire en obtenant pour ses membres le paiement par l'Etat d'une prime de 50 000 dollars zimbabwéens et une pension mensuelle de 2000 dollars, au terme d'un long mouvement de protestation. Mais c'est aussi à cette occasion qu'il acquit une réputation controversée, en raison des méthodes musclées de ses militants et, assurent ses adversaires, de son implication dans un détournement de fonds destinés aux anciens combattants.
Hunzvi savait qu'au Zimbabwe, où les officiels usent et abusent de la référence à la lutte pour l'indépendance, les «vétérans» font figure de quasi-intouchables. Et lorsque l'opposition a remporté sa première victoire électorale en obtenant le rejet par référendum d'un projet constitutionnel gouvernemental, en février 2000, il a immédiatement emboîté le pas à un Robert Mugabe décidé à jouer à fond sa dernière carte politique: la récupération effective et sans contrepartie des terres restées entre les mains d'une minorité de fermiers blancs depuis l'indépendance.
Après la victoire, même étroite, des partisans de Mugabe aux législatives de juin 2000, ont aurait pu s'attendre à ce que Hunzvi, devenu député, calme ses ardeurs. Au contraire, non seulement les attaques contre les militants de l'opposition et les occupations de fermes se sont poursuivies, mais les anciens combattants se sont transformés en véritable milice. Forçant des entreprises à engager certains de leurs membres, se substituant à la justice pour régler des conflits sociaux ou s'attaquant à des diplomates occidentaux soupçonnés d'hostilité à l'égard du régime. Au point que ces excès ont suscité une scission au sein de la ZNLWVA et la création d'un mouvement dissident.
Disparu à 51 ans, officiellement d'une crise de paludisme, le chef de file des vétérans aimait se comparer à Napoléon ou Che Guevara et portait sans honte le nom d'Hitler, qu'il décrivait comme «un grand dirigeant». Ses méthodes n'auront certainement pas contribué à calmer le jeu face à un président engagé dans une fuite en avant. Quant à la répartition inégale des terres entre Blancs et Noirs, sa grande cause, elle n'aura été résolue que sur le papier. La plus grande partie des familles installées sur les exploitations saisies attendent encore pour la plupart l'aide promise de l'Etat pour les mettre en valeur.
C'est que ce médecin, leader de la puissante Zimbabwe National Liberation War Veterans Association (ZNLWVA) depuis 1995, était devenu l'âme damnée du vieux président. A la tête d' «anciens combattants» -dont certains n'avaient en fait pas l'âge d'avoir connu la guerre d'indépendance- il avait mené l'occupation de milliers d'exploitations agricoles blanches, l'année dernière. Pendant la campagne pour les élections législatives de juin 2000, Hunvzi et ses hommes étaient devenus le bras armé d'un parti au pouvoir, la Zanu-PF, décidé à empêcher coûte que coûte une victoire de l'opposition. Au prix d'une véritable campagne de terreur. Bilan: plus d'une trentaine de mort, la plupart membres du Mouvement pour le changement démocratique (MDC), premier adversaire sérieux du régime depuis l'indépendance, en 1980.
Costume de marque et téléphone portable
Grand, cheveux grisonnants, ne dédaignant pas les costumes de marque ou le téléphone portable, Chenjerai Hitler Hunzvi n'avait en rien le profil type du «combattant de liberté». Ce médecin, formé en Pologne où il fut membre de la représentation de la Zapu (Zimbabwe African Peole's Union), mouvement de guérilla concurrent de celui de Robert Mugabe, n'a jamais été très clair sur ses faits d'armes.
C'est pourtant lui qui fut choisi, en 1995, pour présider l'association des vétérans. Deux ans plus tard, il remportait sa première victoire en obtenant pour ses membres le paiement par l'Etat d'une prime de 50 000 dollars zimbabwéens et une pension mensuelle de 2000 dollars, au terme d'un long mouvement de protestation. Mais c'est aussi à cette occasion qu'il acquit une réputation controversée, en raison des méthodes musclées de ses militants et, assurent ses adversaires, de son implication dans un détournement de fonds destinés aux anciens combattants.
Hunzvi savait qu'au Zimbabwe, où les officiels usent et abusent de la référence à la lutte pour l'indépendance, les «vétérans» font figure de quasi-intouchables. Et lorsque l'opposition a remporté sa première victoire électorale en obtenant le rejet par référendum d'un projet constitutionnel gouvernemental, en février 2000, il a immédiatement emboîté le pas à un Robert Mugabe décidé à jouer à fond sa dernière carte politique: la récupération effective et sans contrepartie des terres restées entre les mains d'une minorité de fermiers blancs depuis l'indépendance.
Après la victoire, même étroite, des partisans de Mugabe aux législatives de juin 2000, ont aurait pu s'attendre à ce que Hunzvi, devenu député, calme ses ardeurs. Au contraire, non seulement les attaques contre les militants de l'opposition et les occupations de fermes se sont poursuivies, mais les anciens combattants se sont transformés en véritable milice. Forçant des entreprises à engager certains de leurs membres, se substituant à la justice pour régler des conflits sociaux ou s'attaquant à des diplomates occidentaux soupçonnés d'hostilité à l'égard du régime. Au point que ces excès ont suscité une scission au sein de la ZNLWVA et la création d'un mouvement dissident.
Disparu à 51 ans, officiellement d'une crise de paludisme, le chef de file des vétérans aimait se comparer à Napoléon ou Che Guevara et portait sans honte le nom d'Hitler, qu'il décrivait comme «un grand dirigeant». Ses méthodes n'auront certainement pas contribué à calmer le jeu face à un président engagé dans une fuite en avant. Quant à la répartition inégale des terres entre Blancs et Noirs, sa grande cause, elle n'aura été résolue que sur le papier. La plus grande partie des familles installées sur les exploitations saisies attendent encore pour la plupart l'aide promise de l'Etat pour les mettre en valeur.
par Christophe Champin
Article publié le 05/06/2001