Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Corée

Répétition générale pour le mondial de foot 2002

La coupe des confédérations, qui a lieu entre chaque coupe du monde de football depuis 1995, débute simultanément en Corée et au Japon, les deux pays co-organisateurs du mondial 2002. Ce tournoi, auxquelles 8 équipes (dont la France) participent fait office de répétition générale pour la coupe du monde.
De notre correspondante en Corée

Désormais, seuls douze mois séparent le Japon et la Corée du prochain mondial. Le Jawoc, le comité organisateur japonais et le Kowoc, son homologue coréen, travaillent donc d'arrache-pied à son organisation. Mais leur motivation n'est pas la même. Ainsi, le pays du matin-calme entend bien profiter de l'occasion pour montrer à tous qu'il sait faire aussi bien que son voisin nippon. La Corée a décidé de construire 10 nouveaux stades parce que, disent les responsables du comité d'organisation local, «il faut offrir le meilleur aux plus grands joueurs mondiaux»... Ces derniers font ensuite remarquer que le Japon n'édifiera «que» 7 nouvelles enceintes pour 2002. La Corée a donc vu très grand et cela coûte cher: un peu plus de 11 milliards de francs pour la seule construction des stades. Trois d'entre eux sont déjà achevés, à Suwon, Taegu et Ulsan, mais dans d'autres villes, comme celle de Sogwimpo, sur l'île de Cheju, les travaux semblent avoir pris du retard.

En prévision de l'arrivée massive de touristes et de supporters, la Corée a dû se doter d'autres infrastructures. Parmi elles, des hôtels, des autoroutes, mais aussi un nouvel aéroport international, situé à l'ouest de Séoul et qui entend devenir bientôt le principal aéroport d'Asie.

Au quotidien, l'approche de l'épreuve se fait de plus en plus sentir. Les stands de vente de maillots, de T-shirts ou de drapeaux et autres souvenirs sont nombreux et mardi, la première boutique de produits officiels sera inaugurée à la gare tourière de Séoul. Mais cet élan se limite, pour le moment, aux quartiers les plus touristiques de la capitale. Pourtant, les Sud-coréens sont, eux aussi intéressés par la Coupe, comme le prouve l'excellent résultat de la première phase de vente de billets. Elle concerne 741 000 places pour lesquelles les organisateurs ont déjà reçu 1 million et demi de demandes.
Mais l'engouement n'est pas le même en ce qui concerne les volontaires. Seuls 70% des 16.000 bénévoles nécessaires à l'organisation de la Coupe ont été recrutés pour le moment et le Kowoc ne cache pas sa préoccupation.

Une co-organisation difficile

«Coupe du monde 2002 Corée-Japon» ou «Japon-Corée»: l'ordre des noms sur le logo officiel a constitué le premier incident entre les deux pays co-organisteurs. Puis, une autre polémique a suivi, celle qui concernait le lieu de la finale. Les supporters sud-coréens ont réclamé que la dernière rencontre du tournoi se déroule au pays du matin-calme. Requête rejetée: Séoul accueille déjà le match d'ouverture. Comme convenu, la finale se déroulera donc à Yokohama. La Fifa doit souvent arbitrer les tensions qui règnent entre les deux voisins asiatiques. Mais lorsque le 31 mai 1996, la Fédération Internationale de Football a choisi ces deux pays pour mettre sur pieds la première coupe du monde co-organisée, cette dernière savait à ce qui l'attendait.

La Corée entend, en effet, profiter de la coupe du monde pour prendre sa revanche sur le Japon, c'est-à-dire se venger de l'humiliation que l'empire du Soleil levant lui a fait subir pendant les années d'occupation. De 1910 à 1945, la Corée est devenue une province de l'empire nippon: la langue et les patronymes locaux ont été interdits. Pendant la seconde guerre mondiale, des centaines de milliers de femmes coréennes ont été enlevées pour servir de prostituées aux soldats japonais sur le front. Dans le même temps, des centaines d'hommes ont été déportés en camps de travaux forcés au service des entreprises nippones. La Corée est sortie de la guerre traumatisée et le sentiment anti-japonais reste très fort: les Sud-coréns guettent le moindre faux pas de l'ennemi. Ainsi, depuis avril dernier, la Corée menace toujours d'imposer des sanctions au Japon si le gouvernement nippon édite de nouveaux manuels scolaires qui omettent l'existence des femmes prostituées de force. Autant dire qu'à un an de la coupe du monde, le sport est loin d'avoir résorbé l'inimité qui règne entre les deux voisins.



par Nathalie  Tourret

Article publié le 08/06/2001