Serbie
L'extradition de Milosevic menace la fédération yougoslave
Après l'extradition de l'ancien président Milosevic vers le Tribunal pénal international de la Haye, la Fédération yougoslave est au bord de la rupture. L'affrontement entre le président fédéral Kostunica et le premier ministre serbe Djindjic pourrait aboutir à l'éclatement de la fédération qui regroupe la Serbie et le Montenegro.
De notre correspondant dans les Balkans
La première gay pride de Belgrade a bien vite été interrompue par des cris de haine et des chansons nationalistes serbes. Alors que près d'un millier de militants et de sympathisants de la cause homosexuelle s'étaient rassemblés samedi après-midi près du Centre culturel étudiant, dans le centre de la capitale serbe, plusieurs centaines de hooligans ont violemment chargé le cortège. Crânes rasés, des supporters des clubs de football de Belgrade et des militants de petits groupes d'extrême droite ont mêlé leur haine des «pédés» à la cause de l'ancien Président Milosevic.
Les bien trop rares policiers présents sur les lieux ont dû tirer en l'air pour essayer de contenir les assaillants, mais de très nombreuses personnes ont été blessées. Cette initiative avait été en quelque sorte annoncée lors du meeting de la veille des partisans de Slobodan Milosevic. Un orateur du Parti radical serbe de Vojislav Seselj (extrême-droite nationaliste) avait qualifié le Premier ministre de Serbie, Zoran Djindjic, «d'espion allemand homosexuel». Comme un seul homme, la foule avait répondu «à mort !»
Le Président Kostunica s'est, pour sa part, longuement entretenu samedi avec des représentants de l'Eglise, mais aussi de l'armée, officiellement pour évoquer les risques de «déstabilisation» du pays. Dans une interview au New York Times, Zoran Djindjic a confirmé que la police de Serbie -qui dépend exclusivement des structures de la république et non pas du pouvoir fédéral- avait prévu l'hypothèse d'une confrontation avec l'armée, lors du transfert de Slobodan Milosevic vers La Haye.
L'armée fait bloc derrière Kostunica
L'armée yougoslave est en effet une structure fédérale et ses chefs se sont entièrement ralliés à Vojislav Kostunica. Les généraux partagent avec le Président fédéral la même défiance envers la Cour internationale, d'autant plus que certains officiers supérieurs figurent aussi parmi les personnalités recherchées par le Tribunal de La Haye, notamment le général Dragoljub Ojdanic, chef de l'état-major central durant la campagne de bombardements aériens de l'OTAN, mais aussi le général Ratko Mladic. L'ancien chef de guerre des Serbes de Bosnie, avait rang de colonel dans l'ancienne Armée populaire yougoslave (JNA), avant d'être promu général et de prendre la direction de l'Armée de la République serbe de Bosnie, formellement indépendante de l'Armée yougoslave. Il est pourtant hautement probable que le général Mladic, qui a longtemps résidé en Serbie et y réside peut-être toujours, bénéficie d'importantes protection au sein de l'Armée de Belgrade.
Cette Armée, directement issue du moule socialiste sans avoir jamais connu de réel aggiornamento, possède un fort esprit de corps, et ne veut pas entendre parler de «livrer l'un des siens». Dans son bras de fer avec Zoran Djindjic, Vojislav Kostunica sait pouvoir compter sur le soutien de l'Armée.
La bataille s'est pourtant désormais déplacée sur le terrain politique. Depuis la démission des ministres monténégrins du Parti socialiste populaire (SNP, pro-serbe), la Yougoslavie n'a plus de gouvernement, même si le Président Kostunica poursuit des entretiens, notamment avec les Monténégrins, pour constituer une nouvelle équipe. Samedi, Zoran Djindjic, premier ministre de Serbie, a expliqué qu'il fallait «trouver un nouveau concept pour redéfinir la constitution fédérale», faute de quoi la Serbie et le Monténégro s'orienteraient vers une «union d'Etats indépendants».
La première gay pride de Belgrade a bien vite été interrompue par des cris de haine et des chansons nationalistes serbes. Alors que près d'un millier de militants et de sympathisants de la cause homosexuelle s'étaient rassemblés samedi après-midi près du Centre culturel étudiant, dans le centre de la capitale serbe, plusieurs centaines de hooligans ont violemment chargé le cortège. Crânes rasés, des supporters des clubs de football de Belgrade et des militants de petits groupes d'extrême droite ont mêlé leur haine des «pédés» à la cause de l'ancien Président Milosevic.
Les bien trop rares policiers présents sur les lieux ont dû tirer en l'air pour essayer de contenir les assaillants, mais de très nombreuses personnes ont été blessées. Cette initiative avait été en quelque sorte annoncée lors du meeting de la veille des partisans de Slobodan Milosevic. Un orateur du Parti radical serbe de Vojislav Seselj (extrême-droite nationaliste) avait qualifié le Premier ministre de Serbie, Zoran Djindjic, «d'espion allemand homosexuel». Comme un seul homme, la foule avait répondu «à mort !»
Le Président Kostunica s'est, pour sa part, longuement entretenu samedi avec des représentants de l'Eglise, mais aussi de l'armée, officiellement pour évoquer les risques de «déstabilisation» du pays. Dans une interview au New York Times, Zoran Djindjic a confirmé que la police de Serbie -qui dépend exclusivement des structures de la république et non pas du pouvoir fédéral- avait prévu l'hypothèse d'une confrontation avec l'armée, lors du transfert de Slobodan Milosevic vers La Haye.
L'armée fait bloc derrière Kostunica
L'armée yougoslave est en effet une structure fédérale et ses chefs se sont entièrement ralliés à Vojislav Kostunica. Les généraux partagent avec le Président fédéral la même défiance envers la Cour internationale, d'autant plus que certains officiers supérieurs figurent aussi parmi les personnalités recherchées par le Tribunal de La Haye, notamment le général Dragoljub Ojdanic, chef de l'état-major central durant la campagne de bombardements aériens de l'OTAN, mais aussi le général Ratko Mladic. L'ancien chef de guerre des Serbes de Bosnie, avait rang de colonel dans l'ancienne Armée populaire yougoslave (JNA), avant d'être promu général et de prendre la direction de l'Armée de la République serbe de Bosnie, formellement indépendante de l'Armée yougoslave. Il est pourtant hautement probable que le général Mladic, qui a longtemps résidé en Serbie et y réside peut-être toujours, bénéficie d'importantes protection au sein de l'Armée de Belgrade.
Cette Armée, directement issue du moule socialiste sans avoir jamais connu de réel aggiornamento, possède un fort esprit de corps, et ne veut pas entendre parler de «livrer l'un des siens». Dans son bras de fer avec Zoran Djindjic, Vojislav Kostunica sait pouvoir compter sur le soutien de l'Armée.
La bataille s'est pourtant désormais déplacée sur le terrain politique. Depuis la démission des ministres monténégrins du Parti socialiste populaire (SNP, pro-serbe), la Yougoslavie n'a plus de gouvernement, même si le Président Kostunica poursuit des entretiens, notamment avec les Monténégrins, pour constituer une nouvelle équipe. Samedi, Zoran Djindjic, premier ministre de Serbie, a expliqué qu'il fallait «trouver un nouveau concept pour redéfinir la constitution fédérale», faute de quoi la Serbie et le Monténégro s'orienteraient vers une «union d'Etats indépendants».
par Jean-Arnault Dérens
Article publié le 02/07/2001