Bosnie
Les accords de Dayton menacés
Le secrétaire d'Etat américain Colin Powell achève sa tournée balkanique en Bosnie où les nationalistes croates paraissent décidés à remettre en cause le fragile Etat commun régi par les accords de Dayton, qui mirent fin à la guerre à l'automne 1995.
De notre correspondant dans les Balkans
Après la destitution imposée par la communauté internationale, le mois dernier, du représentant croate au sein de la présidence collégiale bosniaque, Ante Jelavic, celui-ci a engagé ses troupes dans une surenchère dangereuse, appelant notamment les Croates à déserter l'armée commune. Sept mille Croates auraient obtempéré et ces déserteurs recevraient une solde de 500 deutschmarks par mois, versée par le trésor de guerre des nationalistes croates. Les uniformes et les insignes du Commandement croate de défense (HVO), la milice croate du temps de la guerre, ont refait leur apparition. Depuis quelques jours, de violentes manifestations se succèdent dans les villes croates de Bosnie et, dans la nuit de lundi à mardi, un attentat à la voiture piégée a visé un riche entrepreneur croate d'Herzégovine, opposant connu aux nationalistes extrêmes.
La Bosnie-Herzégovine est censée constituer un Etat, mais elle est partagée en deux «entités» - la Republika Srpska et la Fédération croato-bosniaque. Ni les institutions communes aux deux entités, ni les institutions de la Fédération n'ont jamais réellement fonctionné. Le HDZ, de longue date, souhaite transformer cette formule bipolaire en une triade, qui ferait de la Bosnie la simple confédération de trois Etats ethniques.
Les Croates de Bosnie jouent à quitte ou double
Lorsque le HDZ de la «mère-patrie» a été balayé en Croatie par l' opposition démocratique aux élections de janvier 2000, les nationalistes croates de Bosnie ont cru sentir passer le vent du boulet. Le nouveau Président de la république de Croatie, Stipe Mesic, avait fait son cheval de bataille de la dénonciation des mafias croates d'Herzégovine, mais la nouvelle majorité de centre-gauche au pouvoir à Zagreb n'a pas fait montre d 'autant d'empressement qu'attendu pour rompre les liens avec ce puissant lobby.
Le HDZ d'Herzégovine justifie sa stratégie de radicalisation par l'établissement, fin mars, des «relations spéciales», prévues par les accords de Dayton, entre la Republika Srpska et la Fédération yougoslave. Alors que les nationalistes serbes du SDS sont revenus au pouvoir en Republika Srpska, certes dans une version un peu assagie et qui affirme vouloir se dégager du lourd passé de la guerre, le HDZ croit que l'heure d'un éclatement de la Bosnie est venue. Les caciques du parti savent aussi qu'ils jouent probablement leur dernière carte: l'éloignement progressif de Zagreb condamne à long terme le HDZ de Bosnie, sauf à ce que celui-ci réussisse maintenant un quitte ou double.
Après la destitution imposée par la communauté internationale, le mois dernier, du représentant croate au sein de la présidence collégiale bosniaque, Ante Jelavic, celui-ci a engagé ses troupes dans une surenchère dangereuse, appelant notamment les Croates à déserter l'armée commune. Sept mille Croates auraient obtempéré et ces déserteurs recevraient une solde de 500 deutschmarks par mois, versée par le trésor de guerre des nationalistes croates. Les uniformes et les insignes du Commandement croate de défense (HVO), la milice croate du temps de la guerre, ont refait leur apparition. Depuis quelques jours, de violentes manifestations se succèdent dans les villes croates de Bosnie et, dans la nuit de lundi à mardi, un attentat à la voiture piégée a visé un riche entrepreneur croate d'Herzégovine, opposant connu aux nationalistes extrêmes.
La Bosnie-Herzégovine est censée constituer un Etat, mais elle est partagée en deux «entités» - la Republika Srpska et la Fédération croato-bosniaque. Ni les institutions communes aux deux entités, ni les institutions de la Fédération n'ont jamais réellement fonctionné. Le HDZ, de longue date, souhaite transformer cette formule bipolaire en une triade, qui ferait de la Bosnie la simple confédération de trois Etats ethniques.
Les Croates de Bosnie jouent à quitte ou double
Lorsque le HDZ de la «mère-patrie» a été balayé en Croatie par l' opposition démocratique aux élections de janvier 2000, les nationalistes croates de Bosnie ont cru sentir passer le vent du boulet. Le nouveau Président de la république de Croatie, Stipe Mesic, avait fait son cheval de bataille de la dénonciation des mafias croates d'Herzégovine, mais la nouvelle majorité de centre-gauche au pouvoir à Zagreb n'a pas fait montre d 'autant d'empressement qu'attendu pour rompre les liens avec ce puissant lobby.
Le HDZ d'Herzégovine justifie sa stratégie de radicalisation par l'établissement, fin mars, des «relations spéciales», prévues par les accords de Dayton, entre la Republika Srpska et la Fédération yougoslave. Alors que les nationalistes serbes du SDS sont revenus au pouvoir en Republika Srpska, certes dans une version un peu assagie et qui affirme vouloir se dégager du lourd passé de la guerre, le HDZ croit que l'heure d'un éclatement de la Bosnie est venue. Les caciques du parti savent aussi qu'ils jouent probablement leur dernière carte: l'éloignement progressif de Zagreb condamne à long terme le HDZ de Bosnie, sauf à ce que celui-ci réussisse maintenant un quitte ou double.
par Jean-Arnault Dérens
Article publié le 05/07/2001