Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

L''affaire Elf

Le passager Charles Pasqua poursuivi

L'ancien ministre de l'Intérieur a été mis en examen le 2 juillet pour «recel d'abus de biens sociaux» dans le cadre de l'affaire Elf. Il est soupçonné d'avoir utilisé des avions affrêtés par le groupe pétrolier français.
Troisième poursuite en un mois pour le président du Rassemblement pour la France (RPF). Charles Pasqua a été rattrapé par l'affaire Elf quelques semaines après ses mises en examen dans les dossiers de trafic d'armes vers l'Angola et de financement présumé illégal de sa campagne européenne de 1999. L'ancien ministre de l'Intérieur et candidat à l'élection présidentielle de 2002 est soupçonné d'avoir utilisé, entre 1992 et 1997, dans le cadre de ses activités politiques privées, des avions affrêtés par le groupe pétrolier français. Ce sont les magistrats Eva Joly et Renaud Van Ruymbeke, chargés du dossier Elf, qui lui ont notifié les charges retenues contre lui, lundi 2 juillet, au pôle économique et financier du Palais de justice à savoir sa mise en examen pour «recel d'abus de biens sociaux». Son immunité parlementaire de député européen le protège toutefois de toutes mesures coercitives comme une garde à vue, un contrôle judiciaire ou un placement en détention provisoire.

Selon un rapport des policiers de la brigade financière de Paris, Charles Pasqua a été, au cours de ces cinq années, le «passager» de 71 vols privés dont Elf a été l'affréteur à 24 reprises. Le coût total des déplacements réglés par Elf serait de 1,1 millions de francs. Les documents attestant de ces voyages ont été recueillis en marge de l'enquête sur le trafic d'armes vers l'Angola avant d'être transmis fin mai aux juges chargés du dossier.

Demande de levée d'immunité

S'exprimant au début du mois de juin sur cette affaire, l'ancien ministre de l'Intérieur avait déclaré : «Je préfère utiliser Air France à Air Elf (à) Tout ça me paraît relever de la plus grande fumisterie». De son côté, Me Gilbert Collard, avocat de Charles Pasqua a estimé qu'il n'y avait «aucun délit dans la mesure où M. Pasqua remplissait des missions de services d'Etat». Interrogé en juin dernier sur le fonctionnement du groupe pétrolier, Loïk Le Floch-Prigent, l'ancien PDG d'Elf, avait notamment affirmé : «M. Pasqua prenait les avions d'Elf comme tout le RPR, comme les gens de Démocratie libérale, M. Madelin et M. Léotard. A l'époque où j'étais président, les ministres socialistes prenaient les avions du Glam et l'opposition ceux d'Elf».

Charles Pasqua fait par ailleurs l'objet, depuis fin mai, d'une demande de levée de son immunité de député européen formulée par les juges en charge de l'affaire du trafic d'armes vers l'Angola et des commissions considérables versées en marge de ces ventes.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 03/07/2001