Zimbabwe
Le bras de fer
Le Zimbabwe s'enlise dans la crise : on s'attend à un bras de fer à Harare, où la puissante ZCTU, la confédération des syndicats, a maintenu son mouvement de grève nationale pour protester contre la hausse du carburant, et ce, en dépit de l'interdiction des autorités. A ce climat de tension, s'ajoute la réforme agraire lancée par les autorités qui veut saisir au moins 75% des fermes de Blancs.
«Illégal». C'est en ces termes que le gouvernement zimbabwéen avait jugé l'appel à la grève nationale, estimant que des questions comme la hausse du prix des carburants devaient être discutées entre le gouvernement, le syndicat, le patronat, et placées sous l'égide du Forum tripartite de négociation (TNF). Il a estimé que chaque gréviste, s'il répondait à l'appel de la ZCTU, s'engagerait «dans une action illégale». Mais la confédération des syndicats du Zimbabwe est passée outre et a maintenu son mot d'ordre. Lovemore Matombo, le président de la ZCTU a précisé que le mouvement de grève, prévu lundi et mardi, serait «pacifique», sans manifestation et qu'il avait appelé les salariés à rester chez eux. «Ils ne doivent pas aller au pub ni même dehors», a-t-il ajouté au cours d'une conférence de presse.
La ZCTU affiche la plus grande fermeté. Elle avait donné quinze jours au gouvernement pour mettre un terme à la hausse vertigineuse des carburants qui a atteint 70% par mois en raison d'une grave pénurie qui touche tout le pays depuis un an et demi.
Ce climat social s'inscrit dans un contexte de tension politique. La délicate question des terres vient de refaire surface et pourrait bien mettre de l'huile sur le feu. Le gouvernement vient en effet d'annoncer qu'il prévoyait de saisir au moins 75% des fermes appartenant aux Blancs pour les octroyer à des fermiers noirs. Dans une liste d'expropriation publiée à la fin de la semaine dernière, les autorités ont «identifié» 1453 nouvelles propriétés foncières qu'elles comptent saisir. Cette liste porterait à quelque 4000 le nombre des fermes, représentant 10 millions d'hectares, soit deux fois plus que les objectifs initialement fixés.
La presse étrangère indésirable
L'année dernière, le président Mugabe, qui règne d'une main de fer sur le Zimbabwe depuis vingt ans, avait annoncé que 5 millions d'hectares de propriétés foncières seraient expropriés, afin de rééquilibrer la balance entre Noirs et Blancs (ceux-ci, qui composent à peine 1% de la population et contrôlent 70 % des meilleures terres). Conséquence : des fermiers zimbabwéens cherchent aujourd'hui à acheter des terres au Mozambique voisin.
Ce dossier ultra-sensible avait déclenché une vague de violences dès février 2000, où au moins trente personnes avaient trouvé la mort. Des anciens combattants de la guerre d'indépendance, militants du parti de Mugabe, avaient alors occupé û et occupent toujours - de nombreuses fermes détenues par les Blancs. Le mois dernier, les autorités ont décrété «hors la loi» l'usage de la force pour évacuer les fermes occupées. Le Mouvement pour le Changement Démocratique (MDC), le parti d'opposition, accuse cette réforme agraire de provoquer un désastre agricole dans le pays, et de créer des pénuries de maïs et de blé depuis plusieurs mois, du fait de l'occupation forcée des fermes.
Enfin, autre clignotant rouge qui témoigne de l'atmosphère ambiante : la presse étrangère n'est pas la bienvenue. Ainsi, la correspondant du quotidien britannique Daily telegraph, a-t-il été contraint de quitter le pays après que le gouvernement eût refusé de renouveler son permis de travail. Il est le troisième journaliste étranger à être obligé de quitter le Zimbabwe, après les expulsions de deux journalistes, l'un de la BBC, l'autre du magazine sud-africain Mail and guardian.
Lundi dernier, les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne ont exprimé leur inquiétude devant la situation politique au Zimbabwe et ont appelé Harare à accepter la présence d'observateurs européens aux prochaines élections présidentielles, prévues pour 2002.
La ZCTU affiche la plus grande fermeté. Elle avait donné quinze jours au gouvernement pour mettre un terme à la hausse vertigineuse des carburants qui a atteint 70% par mois en raison d'une grave pénurie qui touche tout le pays depuis un an et demi.
Ce climat social s'inscrit dans un contexte de tension politique. La délicate question des terres vient de refaire surface et pourrait bien mettre de l'huile sur le feu. Le gouvernement vient en effet d'annoncer qu'il prévoyait de saisir au moins 75% des fermes appartenant aux Blancs pour les octroyer à des fermiers noirs. Dans une liste d'expropriation publiée à la fin de la semaine dernière, les autorités ont «identifié» 1453 nouvelles propriétés foncières qu'elles comptent saisir. Cette liste porterait à quelque 4000 le nombre des fermes, représentant 10 millions d'hectares, soit deux fois plus que les objectifs initialement fixés.
La presse étrangère indésirable
L'année dernière, le président Mugabe, qui règne d'une main de fer sur le Zimbabwe depuis vingt ans, avait annoncé que 5 millions d'hectares de propriétés foncières seraient expropriés, afin de rééquilibrer la balance entre Noirs et Blancs (ceux-ci, qui composent à peine 1% de la population et contrôlent 70 % des meilleures terres). Conséquence : des fermiers zimbabwéens cherchent aujourd'hui à acheter des terres au Mozambique voisin.
Ce dossier ultra-sensible avait déclenché une vague de violences dès février 2000, où au moins trente personnes avaient trouvé la mort. Des anciens combattants de la guerre d'indépendance, militants du parti de Mugabe, avaient alors occupé û et occupent toujours - de nombreuses fermes détenues par les Blancs. Le mois dernier, les autorités ont décrété «hors la loi» l'usage de la force pour évacuer les fermes occupées. Le Mouvement pour le Changement Démocratique (MDC), le parti d'opposition, accuse cette réforme agraire de provoquer un désastre agricole dans le pays, et de créer des pénuries de maïs et de blé depuis plusieurs mois, du fait de l'occupation forcée des fermes.
Enfin, autre clignotant rouge qui témoigne de l'atmosphère ambiante : la presse étrangère n'est pas la bienvenue. Ainsi, la correspondant du quotidien britannique Daily telegraph, a-t-il été contraint de quitter le pays après que le gouvernement eût refusé de renouveler son permis de travail. Il est le troisième journaliste étranger à être obligé de quitter le Zimbabwe, après les expulsions de deux journalistes, l'un de la BBC, l'autre du magazine sud-africain Mail and guardian.
Lundi dernier, les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne ont exprimé leur inquiétude devant la situation politique au Zimbabwe et ont appelé Harare à accepter la présence d'observateurs européens aux prochaines élections présidentielles, prévues pour 2002.
par Sylvie Berruet
Article publié le 02/07/2001