Rwanda
Kagame se défend et accuse Kinshasa
Entretien avec Paul Kagame qui s'est rendu à New York à l'occasion de la session spéciale de l'assemblée de l'ONU sur le sida. Avant de s'entretenir avec Kofi Annan, le président rwandais a accordé une interview à RFI. Il récuse les accusations portées contre lui dans un rapport de l'ONU et rejette la faute du blocage du processus le paix sur le gouvernement du Congo démocratique.
RFI : Qu'attendez-vous pour vous retirer de la RDC ?
Paul Kagame : Depuis le début nous avons un problème au Congo : celui des anciens soldats et des miliciens impliqués dans le génocide de 1994 au Rwanda et qui mènent toujours des activités pour continuer le programme du génocide. Cela ressort très clairement des accords de Lusaka. Nous sommes prêts à entamer notre retrait du Congo dès que ce problème sera pris en compte. Nos troupes se retireront dès que le gouvernement congolais arrêtera de soutenir les Interhamwés et les ex-FAR. Nous appliquerons alors les accords de Lusaka selon lequel ces groupes sont supposés être démobilisés, désarmés, et ramenés au Rwanda pour y être réintégrés.
RFI : Quelles preuves avez-vous de l'implication de la République démocratique du Congo ?
Paul Kagame : Nous avons capturé beaucoup de soldats, 800 ces dernières semaines, y compris des officiers. Il reçoivent leurs instructions de Kinshasa et une aide directe. Leurs centres de commandement sont à Kinshasa, ce n'est pas un secret.
RFI : Souhaitez vous que l'ONU envoie une mission de maintien de la paix à la frontière entre le Rwanda et le Congo ?
Paul Kagame : Je ne sais pas si le fait de mettre des soldats à la frontière règlerait le problème. Si de l'autre côté le gouvernement de Kinshasa recrute et arme ces forces pour attaquer le Rwanda, je ne pense pas que cela améliore la situation.
RFI : Qu'est-ce qui pourrait résoudre le problème ?
Paul Kagame : Arrêter de soutenir ces groupes. Il y a une résolution du Conseil de sécurité condamnant ces groupes et mettant en garde ceux qui les soutiennent. Il suffit de l'appliquer.
RFI : Incluez-vous les Maï-Maï dans ces groupes ?
Paul Kagame : Je fais une grosse différence. Je n'ai pas mentionné les Maï-Maï dans mes réponses. Je parle des Rwandais qui sont aidés par le gouvernement congolais pour déstabiliser mon pays. Les Maï-Maï sont congolais, c'est leur problème.
RFI : Un rapport de l'ONU accuse le Rwanda d'occuper le Congo pour le piller. Vous y êtes personnellement décrit comme étant «un parrain». Reconnaissez-vous les faits ?
Paul Kagame : C'est un non-sens. Cela ne rime à rien. Ce n'est pas la raison pour laquelle nous sommes au Congo. Je viens de vous expliquer la raison pour laquelle nous sommes au Congo. Quiconque étudie le pillage du Congo sérieusement sait qu'il s'agit d'un fait connu depuis des décennies. Ceux qui pillent ce pays sont connus depuis longtemps. Ils n'ont rien à faire avec le Rwanda. Ils n'ont rien à faire avec moi.
RFI : Comment expliquez-vous que le Rwanda exporte des diamants, alors qu'il n'en produit pas ?
Paul Kagame : Quelles données avez-vous trouvé sur l'exportation de diamants ?
RFI : Le rapport cite notamment des données de l'Organisation mondiale du commerce et d'autres organisations internationales.
Paul Kagame : Cela n'indique pas une exportation significative de diamants depuis le Rwanda, pas du tout. Peut-être que les diamants qui sont exportés le sont à travers le Rwanda, pas par le Rwanda. Les diamants sont exportés par les citoyens d'autres pays qui font du commerce avec les Congolais au travers du Rwanda. Cela n'a principalement rien à voir avec le Rwanda.
RFI : De nombreux rapports attestent que la société civile est oppressée dans les secteurs occupés par l'armée rwandaise notamment au Kivu. On rapporte de nombreuses violations des droits de l'homme.
Paul Kagame : Etant donné la situation, je pense qu'il y a certainement un problème de droits de l'homme dans tout le Congo. Des gens se battent pour toutes sortes de raisons. C'est un mélange de toutes sortes de choses. On doit rester concentrés sur le fait qu'il y un problème au Congo et qu'il doit être résolu de façon globale. Prendre une petite chose ici, et une autre petite chose là ne résout pas le conflit. Je pense qu'on doit regarder cela globalement et s'attaquer au problème.
RFI : On dit que plusieurs officiers de votre armée ont déserté et se sont rendus en Ouganda.
Paul Kagame : On a eu quelques problèmes avec un petit nombre de soldats qui, pour une raison ou pour une autre, ont quitté le pays pour l'Ouganda. Mais on a aussi des soldats d'Ouganda qui viennent au Rwanda. C'est un processus normal.
RFI : Le roi Kigeri V essaie de créer un mouvement d'opposition multi-communautaire. Pensez-vous qu'il ait un avenir politique ?
Paul Kagame : Le temps nous le dira. Tout ce que je sais, c'est qu'il a un droit sur son pays. A travers les procédures légales, il a même un droit même au pouvoir. Si l'ancien roi veut revenir au Rwanda et faire parti d'un processus en cours, je pense qu'il est libre de le faire. Si il veut rester aux Etats-Unis, c'est son choix.
RFI : Pourrait il avoir un impact sur la vie politique ?
Paul Kagame : Pourquoi ne pas lui laisser tenter sa chance ? Je ne sais pas, je ne peux pas parler à sa place, je ne suis pas son porte-parole. Il devrait venir, tenter sa chance et voir ce que cela donne avec les Rwandais.
Paul Kagame : Depuis le début nous avons un problème au Congo : celui des anciens soldats et des miliciens impliqués dans le génocide de 1994 au Rwanda et qui mènent toujours des activités pour continuer le programme du génocide. Cela ressort très clairement des accords de Lusaka. Nous sommes prêts à entamer notre retrait du Congo dès que ce problème sera pris en compte. Nos troupes se retireront dès que le gouvernement congolais arrêtera de soutenir les Interhamwés et les ex-FAR. Nous appliquerons alors les accords de Lusaka selon lequel ces groupes sont supposés être démobilisés, désarmés, et ramenés au Rwanda pour y être réintégrés.
RFI : Quelles preuves avez-vous de l'implication de la République démocratique du Congo ?
Paul Kagame : Nous avons capturé beaucoup de soldats, 800 ces dernières semaines, y compris des officiers. Il reçoivent leurs instructions de Kinshasa et une aide directe. Leurs centres de commandement sont à Kinshasa, ce n'est pas un secret.
RFI : Souhaitez vous que l'ONU envoie une mission de maintien de la paix à la frontière entre le Rwanda et le Congo ?
Paul Kagame : Je ne sais pas si le fait de mettre des soldats à la frontière règlerait le problème. Si de l'autre côté le gouvernement de Kinshasa recrute et arme ces forces pour attaquer le Rwanda, je ne pense pas que cela améliore la situation.
RFI : Qu'est-ce qui pourrait résoudre le problème ?
Paul Kagame : Arrêter de soutenir ces groupes. Il y a une résolution du Conseil de sécurité condamnant ces groupes et mettant en garde ceux qui les soutiennent. Il suffit de l'appliquer.
RFI : Incluez-vous les Maï-Maï dans ces groupes ?
Paul Kagame : Je fais une grosse différence. Je n'ai pas mentionné les Maï-Maï dans mes réponses. Je parle des Rwandais qui sont aidés par le gouvernement congolais pour déstabiliser mon pays. Les Maï-Maï sont congolais, c'est leur problème.
RFI : Un rapport de l'ONU accuse le Rwanda d'occuper le Congo pour le piller. Vous y êtes personnellement décrit comme étant «un parrain». Reconnaissez-vous les faits ?
Paul Kagame : C'est un non-sens. Cela ne rime à rien. Ce n'est pas la raison pour laquelle nous sommes au Congo. Je viens de vous expliquer la raison pour laquelle nous sommes au Congo. Quiconque étudie le pillage du Congo sérieusement sait qu'il s'agit d'un fait connu depuis des décennies. Ceux qui pillent ce pays sont connus depuis longtemps. Ils n'ont rien à faire avec le Rwanda. Ils n'ont rien à faire avec moi.
RFI : Comment expliquez-vous que le Rwanda exporte des diamants, alors qu'il n'en produit pas ?
Paul Kagame : Quelles données avez-vous trouvé sur l'exportation de diamants ?
RFI : Le rapport cite notamment des données de l'Organisation mondiale du commerce et d'autres organisations internationales.
Paul Kagame : Cela n'indique pas une exportation significative de diamants depuis le Rwanda, pas du tout. Peut-être que les diamants qui sont exportés le sont à travers le Rwanda, pas par le Rwanda. Les diamants sont exportés par les citoyens d'autres pays qui font du commerce avec les Congolais au travers du Rwanda. Cela n'a principalement rien à voir avec le Rwanda.
RFI : De nombreux rapports attestent que la société civile est oppressée dans les secteurs occupés par l'armée rwandaise notamment au Kivu. On rapporte de nombreuses violations des droits de l'homme.
Paul Kagame : Etant donné la situation, je pense qu'il y a certainement un problème de droits de l'homme dans tout le Congo. Des gens se battent pour toutes sortes de raisons. C'est un mélange de toutes sortes de choses. On doit rester concentrés sur le fait qu'il y un problème au Congo et qu'il doit être résolu de façon globale. Prendre une petite chose ici, et une autre petite chose là ne résout pas le conflit. Je pense qu'on doit regarder cela globalement et s'attaquer au problème.
RFI : On dit que plusieurs officiers de votre armée ont déserté et se sont rendus en Ouganda.
Paul Kagame : On a eu quelques problèmes avec un petit nombre de soldats qui, pour une raison ou pour une autre, ont quitté le pays pour l'Ouganda. Mais on a aussi des soldats d'Ouganda qui viennent au Rwanda. C'est un processus normal.
RFI : Le roi Kigeri V essaie de créer un mouvement d'opposition multi-communautaire. Pensez-vous qu'il ait un avenir politique ?
Paul Kagame : Le temps nous le dira. Tout ce que je sais, c'est qu'il a un droit sur son pays. A travers les procédures légales, il a même un droit même au pouvoir. Si l'ancien roi veut revenir au Rwanda et faire parti d'un processus en cours, je pense qu'il est libre de le faire. Si il veut rester aux Etats-Unis, c'est son choix.
RFI : Pourrait il avoir un impact sur la vie politique ?
Paul Kagame : Pourquoi ne pas lui laisser tenter sa chance ? Je ne sais pas, je ne peux pas parler à sa place, je ne suis pas son porte-parole. Il devrait venir, tenter sa chance et voir ce que cela donne avec les Rwandais.
par Propos recueillis par Philippe Bolopion
Article publié le 02/07/2001