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Proche-Orient

Israël et la Palestine s'enfoncent dans la guerre

Le cabinet israélien de sécurité a décidé mercredi un durcissement militaire à l'encontre des territoires palestiniens, notamment un déploiement de nouvelles troupes en Cisjordanie.
Réuni mercredi matin, le cabinet de sécurité israélien a peaufiné sa stratégie à l'encontre des Palestiniens : le «programme d'interception des terroristes», autrement dit l'assassinat ciblé de responsables palestiniens a été confirmé, tandis qu'Israël annonçait le déploiement de nouvelles troupes en Cisjordanie, de façon à répondre à «l'escalade de la violence» de la part des Palestiniens.

Les responsables de l'armée israélienne ont aussitôt apporté leurs explications de texte : «le message est clair : nous sommes prêts à agir», a ainsi déclaré le porte-parole du chef d'état-major. Pour l'Autorité palestinienne, ces décisions qui s'inscrivent dans la logique des actions précédentes, visent à «porter atteinte à l'entité nationale palestinienne», selon Ahmed Abderrahman, proche conseiller de Yasser Arafat.

Tandis que ce dernier, au Caire, participait à une réunion du comité de suivi de la Ligue arabe sur l'Intifada, le chef de la diplomatie israélienne tentait à Londres de rassurer l'opinion internationale. Pour Shimon Peres, Israël n'a nullement l'intention de «reconquérir les territoires palestiniens». Selon lui, une telle éventualité relève de l'imagination.

A proprement parler, c'est exact. L'armée israélienne n'a pas entrepris une invasion planifiée de la Cisjordanie et de Gaza. Mais les incursions répétées, et de plus en plus fréquentes, de Tsahal dans les zones A, c'est-à-dire les territoires placés par les accords d'Oslo II sous la responsabilité exclusive de l'Autorité palestinienne retire en pratique toute signification à la distinction entre les zones A, B (contrôle conjoint) et C (contrôle israélien). De fait, le gouvernement et l'armée israéliens entendent faire la démonstration que l'armée est partout chez elle, si elle le désire.

Des territoires palestiniens morcelés

Comme par ailleurs, les territoires palestiniens sont morcelés et que les dirigeants palestiniens se voient de plus en plus fréquemment privés de permis par l'armée israélienne pour se rendre d'une localité palestinienne à une autre, cette stratégie qui combine le morcellement des territoires et les interventions ponctuelles revient dans les faits à réintroduire une forme d'occupation des territoires de Cisjordanie et de Gaza, sans en supporter les inconvénients. En particulier, l'absence de stationnement permanent des forces israéliennes en zone hostile réduit leur vulnérabilité alors même que le caractère en partie imprévisible du lieu de la frappe augmente sa valeur dissuasive.

C'est du moins ce qu'espèrent les dirigeants israéliens. Mais l'affaiblissement de l'Autorité palestinienne, voulue par le gouvernement d'Ariel Sharon, quoi qu'en dise Shimon Peres, a conduit nombre de responsables locaux palestiniens à prendre en main leurs propres décisions sans en référer comme par le passé à l'échelon supérieur. D'où le risque d'un dérapage toujours plus grand de la situation sur le terrain. La guerre risque de s'étendre, au-delà des territoires palestiniens, sur le sol d'Israël même. Et pas seulement sous la forme d'attentats terroristes. C'est ainsi que pour la première fois en dix mois d'intifada, un obus de mortier a été tiré mardi par des Palestiniens à la lisière de Jérusalem.



par Olivier  Da Lage

Article publié le 18/07/2001