Côte d''Ivoire
Charnier de Yopougon : ouverture du procès
Huit gendarmes, inculpés de «meurtres et assassinats» comparaissent devant le tribunal militaire d'Abidjan où s'ouvre le procès du charnier de Yopougon. Le 27 octobre 2000, au lendemain de l'élection présidentielle, 57 corps sans vie avaient été découverts dans la banlieue d'Abidjan. Aujourd'hui les mouvements des droits de l'homme réclament que les commanditaires soient punis, les rares rescapés eux refusent de témoigner, craignant pour leur sécurité.
«Nous voudrions que la vérité éclate. On voudrait savoir qui a donné l'ordre pour aller tuer nos enfants (à) Il faut juger les exécutants et poursuivre les commanditaires», affirme sur RFI le président du Collectif des victimes en Côte d'ivoire. Quant à Ibrahima Doumbia, responsable du Mouvement ivoirien des droits de l'Homme, il déplore
«l'absence de témoins» et le fait que «les accusés comparaissent libres». Joint par RFI, un rescapé du charnier de Yopougon, qui a échappé à la fusillade en faisant le mort, explique qu'il ne témoigne pas «pour des raisons de sécurité».
Que s'est-il passé à Yopougon ? Le 27 octobre 2000, dans une forêt de la banlieue d'Abidjan, non loin de la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (MACA), 57 corps entassés sont découverts. La plupart des victimes, des hommes jeunes, ont été tués par balles. Par qui ? Sur quel ordre ? Cette découverte survient après plusieurs jours de troubles et de violences politiques ayant suivi l'élection présidentielle du 22 octobre.
Dans un premier temps, les affrontements avaient opposé les militants du FPI, le parti de Laurent Gbagbo, à la garde rapprochée du général Gueï, alors chef de la junte. Puis des sympathisants du RDR, contestant eux aussi la légitimité du scrutin à la proclamation de la victoire de Gbabgo, sont de nouveau descendus dans la rue, le 26 octobre. Après avoir protesté contre l'invalidation, par la Cour suprême, de la candidature de Alassane Ouattara, ils réclamaient cette fois de nouvelles élections. Des heurts violents avec les forces de l'ordre avaient alors éclaté.
Forum de réconciliation nationale
Avec l'affaire du charnier, la Côte d'Ivoire, longtemps considérée comme un modèle de cohabitation pacifique, découvre l'horreur. L'opinion publique est sous le choc et la communauté internationale s'inquiète de la tournure des événements et des dérives possibles.
Une commission d'enquête sur la tuerie de Yopougon est nommée par Kofi Annan, le secrétaire général de l'ONU. Elle dresse un bilan accablant pour la gendarmerie. Dans leur rapport, les enquêteurs estiment que l' implication de la gendarmerie «est indiscutable». Ils dénoncent des rafles, des arrestations arbitraires et «l'usage systématique de la torture». La plupart des personnes arrêtées, identifiées comme originaires du nord du pays, sont transférées dans les camps de gendarmerie d'Abobo, de Koumassi ou à l'école de police de Cocody.
L'expertise balistique effectuée sur place indique qu'au moins six armes ont été utilisées et qu'elles sont compatibles avec celles utilisées par les gendarmes du camp d'Abobo. La commission estime donc que «l'implication des gendarmes du camp d'Abobo dans ce massacre semble être indiscutable».
A l'issue de ce procès se tiendra le Forum de réconciliation nationale, censé tourner la page des troubles des deux dernières années. Devraient y être conviés en tant qu'observateurs, les chefs d'Etat de la CEDEAO, les institutions (OUA et ONU) ainsi que des organisations de défense des droits de l'homme.
«l'absence de témoins» et le fait que «les accusés comparaissent libres». Joint par RFI, un rescapé du charnier de Yopougon, qui a échappé à la fusillade en faisant le mort, explique qu'il ne témoigne pas «pour des raisons de sécurité».
Que s'est-il passé à Yopougon ? Le 27 octobre 2000, dans une forêt de la banlieue d'Abidjan, non loin de la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (MACA), 57 corps entassés sont découverts. La plupart des victimes, des hommes jeunes, ont été tués par balles. Par qui ? Sur quel ordre ? Cette découverte survient après plusieurs jours de troubles et de violences politiques ayant suivi l'élection présidentielle du 22 octobre.
Dans un premier temps, les affrontements avaient opposé les militants du FPI, le parti de Laurent Gbagbo, à la garde rapprochée du général Gueï, alors chef de la junte. Puis des sympathisants du RDR, contestant eux aussi la légitimité du scrutin à la proclamation de la victoire de Gbabgo, sont de nouveau descendus dans la rue, le 26 octobre. Après avoir protesté contre l'invalidation, par la Cour suprême, de la candidature de Alassane Ouattara, ils réclamaient cette fois de nouvelles élections. Des heurts violents avec les forces de l'ordre avaient alors éclaté.
Forum de réconciliation nationale
Avec l'affaire du charnier, la Côte d'Ivoire, longtemps considérée comme un modèle de cohabitation pacifique, découvre l'horreur. L'opinion publique est sous le choc et la communauté internationale s'inquiète de la tournure des événements et des dérives possibles.
Une commission d'enquête sur la tuerie de Yopougon est nommée par Kofi Annan, le secrétaire général de l'ONU. Elle dresse un bilan accablant pour la gendarmerie. Dans leur rapport, les enquêteurs estiment que l' implication de la gendarmerie «est indiscutable». Ils dénoncent des rafles, des arrestations arbitraires et «l'usage systématique de la torture». La plupart des personnes arrêtées, identifiées comme originaires du nord du pays, sont transférées dans les camps de gendarmerie d'Abobo, de Koumassi ou à l'école de police de Cocody.
L'expertise balistique effectuée sur place indique qu'au moins six armes ont été utilisées et qu'elles sont compatibles avec celles utilisées par les gendarmes du camp d'Abobo. La commission estime donc que «l'implication des gendarmes du camp d'Abobo dans ce massacre semble être indiscutable».
A l'issue de ce procès se tiendra le Forum de réconciliation nationale, censé tourner la page des troubles des deux dernières années. Devraient y être conviés en tant qu'observateurs, les chefs d'Etat de la CEDEAO, les institutions (OUA et ONU) ainsi que des organisations de défense des droits de l'homme.
par Sylvie Berruet
Article publié le 24/07/2001 Dernière mise à jour le 18/10/2010 à 15:30 TU