Rwanda
Triple arrestation de génocidaires présumés
Coup de filet ? Opération conjointe des polices européennes ? Trois anciens hauts responsables rwandais, poursuivis pour avoir participé ou encouragé le génocide rwandais en 1994, ont été arrêtés jeudi dans trois pays européens, en Suisse, en Belgique et aux Pays Bas. Parmi eux figure l'ancien ministre des Finances Emmanuel Ndindabahazi.
L'ancien ministre des Finances a été arrêté en Belgique. Les deux autres personnes tombées aux mains de la police sont Emmanuel Rukundo, un ancien aumônier militaire (des Forces Armées rwandaises) arrêté à Genève et Simon Bikindi, compositeur, interpellé aux Pays Bas et dont les chansons, appelant au massacre des Tutsis, ont été diffusées à l'époque par Radio Mille collines, surnommée le «média de la haine».
Ces trois Rwandais étaient recherchés pour génocide, complicité de génocide, conspiration en vue de commettre un génocide, et crime contre l'humanité. Ils devraient être transférés devant le TPI pour le Rwanda, à Arusha en Tanzanie, lequel avait lancé un mandat d'arrêt contre ces personnes. L'annonce de cette triple arrestation a été faite à Genève par Carla del Ponte, le procureur général du Tribunal pénal international (TPI).
Un quatrième Rwandais, également soupçonné d'être impliqué dans les massacres de 1994, devait être arrêté en Italie mais Rome, sollicité par le TPI, n'a pas répondu favorablement à cette demande, estimant, à la grande stupéfaction de Carla del Ponte, qu'elle n'était pas légale. La procureur s'est dit «surprise» de la réaction italienne, rappelant que les Etats avaient une obligation de répondre aux demandes du TPI et n'avaient pas besoin d'une loi nationale. «J'espère que l'Italie sera capable de faire face à ses obligations», a-t-elle dit tout en remerciant les trois autres pays pour avoir «agi de façon rapide et efficace».
«Tôt ou tard, ils seront traduits en justice»
Emmanuel Ndindabahizi, l'ancien ministre des Finances, a été appréhendé lors d'une descente de police matinale à son domicile belge de Verviers. Il devrait être transféré à Arusha dans les trois prochains mois. Quant à l'annonce de l'arrestation de l'ex-aumônier suisse, Emmanuel Rukundo, elle a été faite par l'Office fédéral de la justice (OFJ) de Suisse. La justice militaire suisse, compétente en matière de poursuites pour crimes de guerre, avait ouvert une procédure judiciaire en septembre 1999, sur la base de témoignages. Les rapports entre le TPI et la justice suisse sont régis par un arrêté fédéral datant de 1995.
Enfin, le compositeur Simon Bikindi a été arrêté par la police hollandaise dans la ville de Leiden. Il est accusé d'avoir écrit des poèmes et des chansons incitant à la haine contre les Tutsis.
Ces nouvelles arrestations portent à 50 le nombre de détenus destinés à comparaître devant le tribunal d'Arusha. Cinq ans après sa naissance, le TPI pour le Rwanda est l'objet de vives critiques. On lui reproche l'extrême lenteur des procédures, son inefficacité ou encore son absence de visibilité. Sur la petite cinquantaine de personnes interpellés et quelque soixante-cinq mises en accusation, seules neuf ont été jugées.
Un constat étayé par les propos de Laurent Walpen, le chef des investigations pour le procureur général du TPI. Selon lui le tribunal pour le Rwanda ne pourra pas juger tous les génocidaires et doit se concentrer «sur un certain nombre de cibles». «Il y en a 200 actuellement sur la liste officielle que nous appelons Gamma», explique-t-il, précisant qu'un ancien ministre du tourisme et de l'environnement, mentionné sur cette liste, se trouvait en Suisse. Près de la moitié de ces génocidaires présumés (30 à 35%) se trouveraient selon lui en Europe, et notamment en France, en Belgique et aux pays Bas.
A Kigali, le gouvernement rwandais s'est dit «satisfait» et a remercié les trois pays qui ont permis ce «coup de filet». Le ministre de la Justice, Jean de Dieu Mucyo, a affirmé que le Rwanda «appelle les autres pays hébergeant sur leur territoire des Rwandais soupçonnés de participation au génocide à en faire autant», concluant : «la liste des auteurs présumés du génocide est longue et ils sont encore nombreux à circuler librement sur la planète. Tôt ou tard ils seront traduits en justice».
Ces trois Rwandais étaient recherchés pour génocide, complicité de génocide, conspiration en vue de commettre un génocide, et crime contre l'humanité. Ils devraient être transférés devant le TPI pour le Rwanda, à Arusha en Tanzanie, lequel avait lancé un mandat d'arrêt contre ces personnes. L'annonce de cette triple arrestation a été faite à Genève par Carla del Ponte, le procureur général du Tribunal pénal international (TPI).
Un quatrième Rwandais, également soupçonné d'être impliqué dans les massacres de 1994, devait être arrêté en Italie mais Rome, sollicité par le TPI, n'a pas répondu favorablement à cette demande, estimant, à la grande stupéfaction de Carla del Ponte, qu'elle n'était pas légale. La procureur s'est dit «surprise» de la réaction italienne, rappelant que les Etats avaient une obligation de répondre aux demandes du TPI et n'avaient pas besoin d'une loi nationale. «J'espère que l'Italie sera capable de faire face à ses obligations», a-t-elle dit tout en remerciant les trois autres pays pour avoir «agi de façon rapide et efficace».
«Tôt ou tard, ils seront traduits en justice»
Emmanuel Ndindabahizi, l'ancien ministre des Finances, a été appréhendé lors d'une descente de police matinale à son domicile belge de Verviers. Il devrait être transféré à Arusha dans les trois prochains mois. Quant à l'annonce de l'arrestation de l'ex-aumônier suisse, Emmanuel Rukundo, elle a été faite par l'Office fédéral de la justice (OFJ) de Suisse. La justice militaire suisse, compétente en matière de poursuites pour crimes de guerre, avait ouvert une procédure judiciaire en septembre 1999, sur la base de témoignages. Les rapports entre le TPI et la justice suisse sont régis par un arrêté fédéral datant de 1995.
Enfin, le compositeur Simon Bikindi a été arrêté par la police hollandaise dans la ville de Leiden. Il est accusé d'avoir écrit des poèmes et des chansons incitant à la haine contre les Tutsis.
Ces nouvelles arrestations portent à 50 le nombre de détenus destinés à comparaître devant le tribunal d'Arusha. Cinq ans après sa naissance, le TPI pour le Rwanda est l'objet de vives critiques. On lui reproche l'extrême lenteur des procédures, son inefficacité ou encore son absence de visibilité. Sur la petite cinquantaine de personnes interpellés et quelque soixante-cinq mises en accusation, seules neuf ont été jugées.
Un constat étayé par les propos de Laurent Walpen, le chef des investigations pour le procureur général du TPI. Selon lui le tribunal pour le Rwanda ne pourra pas juger tous les génocidaires et doit se concentrer «sur un certain nombre de cibles». «Il y en a 200 actuellement sur la liste officielle que nous appelons Gamma», explique-t-il, précisant qu'un ancien ministre du tourisme et de l'environnement, mentionné sur cette liste, se trouvait en Suisse. Près de la moitié de ces génocidaires présumés (30 à 35%) se trouveraient selon lui en Europe, et notamment en France, en Belgique et aux pays Bas.
A Kigali, le gouvernement rwandais s'est dit «satisfait» et a remercié les trois pays qui ont permis ce «coup de filet». Le ministre de la Justice, Jean de Dieu Mucyo, a affirmé que le Rwanda «appelle les autres pays hébergeant sur leur territoire des Rwandais soupçonnés de participation au génocide à en faire autant», concluant : «la liste des auteurs présumés du génocide est longue et ils sont encore nombreux à circuler librement sur la planète. Tôt ou tard ils seront traduits en justice».
par Sylvie Berruet
Article publié le 13/07/2001