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Côte d''Ivoire

Yopougon : les gendarmes plaident non coupable

Les huit gendarmes jugés pour meurtre et assassinat ont nié mardi toute implication dans le charnier de Yopougon, affaire pour laquelle ils étaient jugés par un tribunal militaire d'Abidjan. Dès la réouverture du procès, qui avait été reporté la semaine dernière pour des questions de procédure, les gendarmes ont démenti toute implication dans ce massacre qui a coûté la vie à 57 personnes.
Le charnier, on s'en souvient, avait été découvert, dans la banlieue d'Abidjan, le 27 octobre 2000, après les violences politiques qui avaient entouré l'élection présidentielle.

L'audience s'est tenue en l'absence des parties civiles. Trois sur quatre avaient été déboutées par le tribunal militaire et la seule qui était encore susceptible de témoigner mardi, s'est rétractée. Il s'agit d'un témoin qui craindrait pour sa sécurité.

Accusés d'avoir commis cette tuerie en représailles à l'assassinat, au cours d'une intervention, d'un lieutenant de gendarmerie, les gendarmes ont nié en bloc, affirmant avoir appris par la presse l'existence de ce charnier. «J'ai appris avec tous les Ivoiriens l'existence de ce charnier», a affirmé le commandant Victor Bé Kpan ( qui était capitaine à l'époque). Il s'est déclaré «surpris» d'être accusé dans cette affaire survenue en dehors de son «secteur».

«si vous recommencez, on s'en va !»

Selon le correspondant de RFI, Claude Cirille, l'audience a été émaillée de plusieurs incidents, avec de nombreuses interventions bruyantes du public, composé de gendarmes et de leurs familles.

La salle a très largement soutenu les accusés qui semblaient se demander ce qu'ils faisaient là. Le président du tribunal a dû rappeler le public à l'ordre, lançant à la salle, «si vous recommencez, on s'en va».

Tous les gendarmes accusés sont du camp d'Abobo et comparaissent dans la salle des fêtes du principal camp de gendarmerie d'Agban.

Me Ibrahima Doumbia, responsable du Mouvement ivoirien des droits de l'homme et dont l'association, qui s'était portée partie civile, a été déboutée par le tribunal militaire, a mis en doute la réelle volonté de justice et estimé que les commanditaires de la tuerie seront épargnés par les sanctions.



par Sylvie  Berruet

Article publié le 31/07/2001