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Sida

Fonds mondial: les pays riches s'engagent

Le sommet du G8 s'est achevé sur l'annonce de 500 millions de dollars supplémentaires au Fonds mondial pour la santé. Total à ce jour : 1,8 milliards de dollars. Après la session spéciale des Nations unies sur le sida, fin juin à New York, le sommet du G8 à Gênes donne l'occasion d'annoncer les premières mesures concrètes concernant le Fonds mondial pour la santé qui doit permettre de donner un coup de fouet à la lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose, trois pandémies qui font 5 millions de morts par an.
Kofi Annan, secrétaire général des Nations unies, a atteint son objectif. Il a collecté 1,8 milliard de dollars pour assurer le lancement effectif du Fonds mondial pour la santé. Les Etats-Unis ont été les premiers, au mois de mai 2001, à annoncer leur participation financière au Fonds à hauteur de 200 millions de dollars. D'autres pays leur ont ensuite emboîté le pas comme la France (127 millions), le Japon, le Royaume-Uni (200 millions), l'Allemagne (130 millions), le Nigeria (10 millions), le Luxembourg (2,5), l'Ouganda (2). La Fondation Gates a, quant à elle, proposé d'apporter une contribution de 100 millions de dollars, l'assureur suisse Winterthur d'un million, le Comité international olympique de 100 000 dollars

100 millions de morts si on ne fait rien

Ces sommes représentent un point de départ qui va permettre au Fonds de devenir opérationnel avant la fin de l'année 2001. Mais pour pouvoir être véritablement efficace, l'ONU a estimé, concernant le seul sida, qu'il serait nécessaire de collecter environ trois milliards de dollars avant 2002, puis de passer à des contributions annuelles de l'ordre de 7 à 10 milliards d'ici 2005. En l'absence d'une réponse suffisante, les dommages causés par l'épidémie de sida pourraient être irréparables. Certaines estimations annoncent qu'on pourrait compter jusqu'à 100 millions de morts en 2010 si des mesures efficaces ne sont pas prises dès maintenant pour endiguer le fléau.

En quelques mois, depuis le sommet de l'Organisation de l'Unité africaine à Abuja, en avril, l'appel lancé par Kofi Annan à tous les contributeurs potentiels, publics ou privés, a donc été entendu. A Gênes, les principales puissances mondiales ont décidé de concrétiser leur engagement contre le sida et d'annoncer les modalités de fonctionnement du Fonds mondial de lutte contre cette maladie. Une réunion préparatoire qui a regroupé les principaux acteurs concernés (Etats, institutions multilatérales, bénéficiaires et donateurs) a eu lieu à Bruxelles pour préparer le terrain. Si certaines tensions ont pu être décelées, notamment concernant la représentation des différents intervenants, les grandes lignes du fonctionnement du Fonds ont été confirmées.

Dans un premier temps, un comité technique intérimaire va assurer la gestion du Fonds en attendant qu'un véritable conseil d'administration soit formé. Les pays donateurs doivent bénéficier de 16 sièges et les pays en développement de 12. L'ONU et ses institutions spécialisées (ONUSIDA, OMS...), certains représentants du secteur privé doivent aussi faire partie du conseil. La Banque mondiale doit, quant à elle, être associée étroitement à la gestion financière du Fonds et un comité scientifique a la charge de sélectionner les projets et actions à mener. Le Fonds a pour objectif d'agir à tous les niveaux: prévention mais aussi traitement, recherche ou éducation. La France a aussi proposé la mise en place d'un programme de «solidarité thérapeutique hospitalière» qui permettrait des jumelages entre établissements du Nord et du Sud.

La constitution de ce Fonds mondial pour la santé représente une étape importante. Pour la première fois, la mobilisation internationale s'organise au plus haut niveau pour faire face au fléau de trois maladies, sida, paludisme, tuberculose, qui déciment les populations des pays en développement. Ce geste est révélateur d'une prise de conscience des pays les plus riches face au désastre qui se joue en Afrique notamment, où 25 millions de personnes sont contaminées par le sida et 17 millions déjà décédées des suites de cette maladie. Reste à savoir dans la pratique, quel sera le degré d'autonomie d'une telle institution, les moyens dont elle disposera dans le long terme, sa capacité à coordonner ses actions avec les autres intervenants et à répondre aux besoins des pays concernés. Car comme l'a expliqué Peter Piot, directeur exécutif d'ONUSIDA: «Les efforts bilatéraux et multilatéraux, quelle que soit leur valeur, échoueront s'ils ne concordent pas avec les priorités nationales».



par Valérie  Gas

Article publié le 20/07/2001