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Tunisie

Sanction contre le juge rebelle

Le juge Yahyaoui a été suspendu de ses fonctions et privé de salaire après la lettre ouverte qu'il a adressée au président Ben Ali pour dénoncer le harcèlement et les intimidations dont les magistrats tunisiens sont victimes.
Le président de la 10e chambre civile au tribunal de première instance de Tunis a appris lundi qu'il était suspendu de ses fonctions et privé de son salaire. Mokhtar Yahyaoui avait adressé, le 6 juillet, une lettre ouverte au président Ben Ali. Une lettre dans laquelle il dénonçait l'absence totale d'indépendance de la justice tunisienne. Le magistrat s'attendait à une réaction des autorités, mais il se dit confiant pour la suite et continue de dénoncer un système «abject».

Avec sa lettre ouverte au président Ben Ali, Mokhtar YahYaoui a brisé la loi du silence. Et la justice de Tunisie ne semble pas prête à lui pardonner. Mokhtar Yahyaoui avait déjà été convoqué vendredi par l'inspection générale du ministère de la justice. Une audition de 2 heures et demie. On lui reprochait d'avoir manqué à son devoir de réserve.

«Je suis prêt à assumer des sanctions»

C'est qu'il a dénoncé l'état de siège imposé aux juges tunisiens. Des juges harcelés, intimidés. Des magistrats qui sont forcés selon lui à prononcer des "jugements dictés". La première sanction est donc tombée hier. Le président de la 10e chambre civile au tribunal de première instance de Tunis est privé de son salaire, et suspendu de ses fonctions.

Hier encore, le conseil de l'ordre des avocats tunisiens a exprimé sa solidarité à Mokhtar YahYaoui. Le petit juge de son côté se déclare «prêt à assumer des nouvelles sanctions». Pour peu, dit il, que cela puisse aider à libérer la justice dans son pays.



par Sarah  Tisseyre

Article publié le 17/07/2001