Zimbabwe
L'OUA au chevet du Zimbabwe
Robert Mugabe a trouvé du soutien dans l'application de la très controversée et délicate réforme agraire du Zimbabwe. Les ministres africains des Affaires étrangères de l'OUA ont décidé la mise en place d'un comité spécial sur la crise des terres dans ce pays.
Ce comité, qui sera présidé par le Nigeria, réunira l'Algérie, le Cameroun, le Kenya, l'Afrique du Sud et la Zambie, aura pour tâche d'agir en coordination «avec le Zimbabwe, dans tous les forums où la question de la terre est abordée», notamment au cours des discussions avec l'Union européenne ou avec tout autre interlocuteur concerné par la question.
Les ministres de l'OUA ont, par ailleurs, exprimé leur inquiétude quant «aux actions des Britanniques pour mobiliser les pays européens et nord-américains pour isoler et calomnier le Zimbabwe, aboutissant à l'imposition de sanctions formelles et informelles contre lui».
Cette prise de position en faveur de la réforme agraire lancée par Robert Mugabe ûet qui a provoqué de graves violences à travers le paysû intervient dans un climat politique et social tendu. Vendredi encore, le gouvernement a publié une liste de 529 nouvelles fermes appartenant à des Blancs et destinées à la saisie avant d'être octroyées à des fermiers noirs. Pendant les trois dernières semaines, le gouvernement a ajouté quelque 2500 propriétés à la liste des biens susceptibles d'être réquisitionnés pour compenser les inégalités datant de l'époque coloniale. Selon les derniers chiffres, les autorités d'Harare ont largement dépassé leurs objectifs annoncés l'an dernier de saisir 5 millions d'hectares de terre.
Depuis février 2000, la réforme agraire a provoqué des violences meurtrières, notamment au cours de l'occupation par la force des fermes de Blancs par des anciens combattants de la guerre d'indépendance du Zimbabwe.
L'héritage de la colonisation
A qui est la terre? Cette question brûlante hante aussi bien les esprits des politiques que celui des historiens. Ce débat s'annonce comme étant très crucial et déterminant dans l'avenir du continent. C'est toute la question de la colonisation et de la compensation qui reste posée. Au Zimbabwe, avant la crise, quelque près de 5000 Blancs possédaient 70% des meilleures terres du pays alors qu'un million de Noirs cultivaient 38% des terres moins riches. En clair, la majorité des terres appartenant aux Blancs se trouvent dans une région bien arrosée par les pluies, tandis que les Noirs cultivent pour la plupart des terres arides dans des régions victimes de la sécheresse, dans la mesure où ils ont été déplacés pendant la colonisation. Le problème de la propriété des terres n'est pas récent et il avait été au centre de la guerre civile qui avait conduit le Zimbabwe à l'indépendance en 1980.
Vingt-cinq ans après la guerre d'indépendance, cette question n'a toujours pas été réglée et les inégalités n'ont toujours pas été résorbées. Aujourd'hui, les fermiers blancs se défendent en arguant du fait qu'ils sont eux aussi Zimbabwéens.
Le président Mugabe en appelle à la responsabilité britannique et estime que la Grande Bretagne doit payer pour cette situation née de la colonisation. Londres ne veut rien entendre et avait affirmé qu'elle ne financerait pas la réforme agraire dans un tel climat chaotique et hors-la-loi. Cette position est soutenue par l'Union européenne et les Etats-Unis qui avaient laissé entrevoir la perspective de sanctions.
Sur place, les opposants de Mugabe l'accusent de vouloir rallier le soutien du milieu rural pour faire oublier que le pays s'enfonce chaque jour un peu plus dans le rouge.
Les ministres de l'OUA ont, par ailleurs, exprimé leur inquiétude quant «aux actions des Britanniques pour mobiliser les pays européens et nord-américains pour isoler et calomnier le Zimbabwe, aboutissant à l'imposition de sanctions formelles et informelles contre lui».
Cette prise de position en faveur de la réforme agraire lancée par Robert Mugabe ûet qui a provoqué de graves violences à travers le paysû intervient dans un climat politique et social tendu. Vendredi encore, le gouvernement a publié une liste de 529 nouvelles fermes appartenant à des Blancs et destinées à la saisie avant d'être octroyées à des fermiers noirs. Pendant les trois dernières semaines, le gouvernement a ajouté quelque 2500 propriétés à la liste des biens susceptibles d'être réquisitionnés pour compenser les inégalités datant de l'époque coloniale. Selon les derniers chiffres, les autorités d'Harare ont largement dépassé leurs objectifs annoncés l'an dernier de saisir 5 millions d'hectares de terre.
Depuis février 2000, la réforme agraire a provoqué des violences meurtrières, notamment au cours de l'occupation par la force des fermes de Blancs par des anciens combattants de la guerre d'indépendance du Zimbabwe.
L'héritage de la colonisation
A qui est la terre? Cette question brûlante hante aussi bien les esprits des politiques que celui des historiens. Ce débat s'annonce comme étant très crucial et déterminant dans l'avenir du continent. C'est toute la question de la colonisation et de la compensation qui reste posée. Au Zimbabwe, avant la crise, quelque près de 5000 Blancs possédaient 70% des meilleures terres du pays alors qu'un million de Noirs cultivaient 38% des terres moins riches. En clair, la majorité des terres appartenant aux Blancs se trouvent dans une région bien arrosée par les pluies, tandis que les Noirs cultivent pour la plupart des terres arides dans des régions victimes de la sécheresse, dans la mesure où ils ont été déplacés pendant la colonisation. Le problème de la propriété des terres n'est pas récent et il avait été au centre de la guerre civile qui avait conduit le Zimbabwe à l'indépendance en 1980.
Vingt-cinq ans après la guerre d'indépendance, cette question n'a toujours pas été réglée et les inégalités n'ont toujours pas été résorbées. Aujourd'hui, les fermiers blancs se défendent en arguant du fait qu'ils sont eux aussi Zimbabwéens.
Le président Mugabe en appelle à la responsabilité britannique et estime que la Grande Bretagne doit payer pour cette situation née de la colonisation. Londres ne veut rien entendre et avait affirmé qu'elle ne financerait pas la réforme agraire dans un tel climat chaotique et hors-la-loi. Cette position est soutenue par l'Union européenne et les Etats-Unis qui avaient laissé entrevoir la perspective de sanctions.
Sur place, les opposants de Mugabe l'accusent de vouloir rallier le soutien du milieu rural pour faire oublier que le pays s'enfonce chaque jour un peu plus dans le rouge.
par Sylvie Berruet
Article publié le 09/07/2001