Côte d''Ivoire
La justice belge ouvre une enquête contre Gueï et Gbagbo
Alors que le procès du charnier de Yopougon se poursuit à Abidjan, la justice belge vient de juger recevables les plaintes déposées à Bruxelles contre Laurent Gbagbo, Robert Gueï et le ministre de la Défense Moïse Lida Kouassi. Un sérieux coup pour un pouvoir ivoirien en quête de rédemption.
Les violences et les exactions qui ont émaillé les derniers mois de l'année 2000 n'ont décidément pas fini d'embarrasser les nouvelles autorités ivoiriennes. Alors que le procès du charnier de Yopougon se poursuit à Abidjan, les atteintes aux droits de l'homme commises pendant la période troublée de la transition d'un pouvoir militaire à un régime civil sont désormais aussi du ressort d'un magistrat belge. Le parquet de Bruxelles a en effet estimé recevables, mercredi 1er août, les plaintes déposées il y a un peu plus d'un mois contre le président Gbagbo, son prédécesseur Robert Gueï et l'actuel ministre de la Défense Moïse Lida Kouassi.
En vertu de la fameuse compétence universelle qui leur est donnée par une loi de 1993, les tribunaux belges peuvent en effet juger les crimes de guerres, de génocides et crimes contre l'humanité, quel que soit le lieu où ils ont été commis et la nationalité des victimes ou des accusés. Or, le parquet a estimé qu'il y avait suffisamment d'éléments pour autoriser le démarrage d'une instruction qui a été confiée au juge Daniel Fransen.
Satisfaction des organisations proches des plaignants
La décision est un sérieux coup pour les autorités ivoiriennes dont plusieurs représentants avaient vivement réagi au lendemain du dépôt, le 28 juin dernier, de plus de 150 plaintes par des victimes ou des ayants droit de victimes de torture, viols et assassinats. Le ministre de la Justice avait ainsi relevé «le caractère farfelu de cette affaire», alors que le ministre de la Défense dénonçait une «ivoirophobie organisée et planifiée par des mains occultes».
L'affaire est d'autant plus gênante pour le président Gbagbo, «opposant historique» élu en octobre 2000 au terme d'une élection présidentielle particulièrement troublée qui a mis fin à un an de régime militaire, que son nom se trouve associé à ceux du leader irakien Saddam Hussein, contre lesquel le parquet belge a annoncé le même jour avoir également retenu des plaintes.
Les autorités ivoiriennes n'avaient pas encore officiellement fait connaître leur position, ce jeudi, et n'ont, selon nos informations, pas encore désigné d'avocats pour assurer leur défense. En revanche, tout en critiquant vertement les auteurs de la plainte, le ministre Lida Kouassi avait déjà indiqué fin juin être prêt à se présenter devant la justice belge pour prouver sa bonne foi, notamment dans l'affaire du charnier de Yopougon. Et selon certaines sources, le général Gueï, sous le régime duquel de multiples exactions ont été commises, serait également prêt à s'expliquer. La présidence ivoirienne n'a néanmoins pas fait connaître sa position.
Pour les organisations proches des plaignants, la décision du parquet belge est logiquement considérée comme une victoire. «Nous la prenons avec un grand soulagement. C'est la preuve que nous vivons dans un monde ouvert où nos dirigeants ne peuvent plus se livrer à des actes délictueux dans l'impunité », nous a déclaré l'avocat Ibrahima Doumbia, vice-président du Mouvement ivoirien des droits de l'homme (MIDH). Très critique à l'égard du procès de huit gendarmes accusés de la mort de 57 personnes dont les corps ont été retrouvés sur un terrain vague au lendemain des violences qui ont suivi la présidentielle d'octobre 2000, il y voit une chance pour les victimes d'obtenir une «véritable justice».
Côté français, peu de réactions officielles en cette période estivale. Mais le responsable Afrique du Parti socialiste, Guy Labertit, un proche de Laurent Gbagbo, a qualifié la démarche engagée auprès de la justice belge de «surréaliste au regard de ce qui se passe réellement en Côte d'Ivoire» et a dénoncé «l'acharnement» contre un président qui «dérange».
En vertu de la fameuse compétence universelle qui leur est donnée par une loi de 1993, les tribunaux belges peuvent en effet juger les crimes de guerres, de génocides et crimes contre l'humanité, quel que soit le lieu où ils ont été commis et la nationalité des victimes ou des accusés. Or, le parquet a estimé qu'il y avait suffisamment d'éléments pour autoriser le démarrage d'une instruction qui a été confiée au juge Daniel Fransen.
Satisfaction des organisations proches des plaignants
La décision est un sérieux coup pour les autorités ivoiriennes dont plusieurs représentants avaient vivement réagi au lendemain du dépôt, le 28 juin dernier, de plus de 150 plaintes par des victimes ou des ayants droit de victimes de torture, viols et assassinats. Le ministre de la Justice avait ainsi relevé «le caractère farfelu de cette affaire», alors que le ministre de la Défense dénonçait une «ivoirophobie organisée et planifiée par des mains occultes».
L'affaire est d'autant plus gênante pour le président Gbagbo, «opposant historique» élu en octobre 2000 au terme d'une élection présidentielle particulièrement troublée qui a mis fin à un an de régime militaire, que son nom se trouve associé à ceux du leader irakien Saddam Hussein, contre lesquel le parquet belge a annoncé le même jour avoir également retenu des plaintes.
Les autorités ivoiriennes n'avaient pas encore officiellement fait connaître leur position, ce jeudi, et n'ont, selon nos informations, pas encore désigné d'avocats pour assurer leur défense. En revanche, tout en critiquant vertement les auteurs de la plainte, le ministre Lida Kouassi avait déjà indiqué fin juin être prêt à se présenter devant la justice belge pour prouver sa bonne foi, notamment dans l'affaire du charnier de Yopougon. Et selon certaines sources, le général Gueï, sous le régime duquel de multiples exactions ont été commises, serait également prêt à s'expliquer. La présidence ivoirienne n'a néanmoins pas fait connaître sa position.
Pour les organisations proches des plaignants, la décision du parquet belge est logiquement considérée comme une victoire. «Nous la prenons avec un grand soulagement. C'est la preuve que nous vivons dans un monde ouvert où nos dirigeants ne peuvent plus se livrer à des actes délictueux dans l'impunité », nous a déclaré l'avocat Ibrahima Doumbia, vice-président du Mouvement ivoirien des droits de l'homme (MIDH). Très critique à l'égard du procès de huit gendarmes accusés de la mort de 57 personnes dont les corps ont été retrouvés sur un terrain vague au lendemain des violences qui ont suivi la présidentielle d'octobre 2000, il y voit une chance pour les victimes d'obtenir une «véritable justice».
Côté français, peu de réactions officielles en cette période estivale. Mais le responsable Afrique du Parti socialiste, Guy Labertit, un proche de Laurent Gbagbo, a qualifié la démarche engagée auprès de la justice belge de «surréaliste au regard de ce qui se passe réellement en Côte d'Ivoire» et a dénoncé «l'acharnement» contre un président qui «dérange».
par Christophe Champin
Article publié le 02/08/2001