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Sida

Le Nigéria lance la trithérapie à un dollar par jour

Le plus grand programme de traitement des malades du Sida sur le continent africain a été annoncé par le Nigéria. 15 000 malades pourront ainsi être soignés à moins d'un dollar par jour.
Le Nigéria vient de décider la mise-en-£uvre d'un ambitieux programme de traitement des malades du sida par le recours aux médicaments génériques. C'est ce qu'a annoncé lundi l'émissaire spécial du secrétariat général des Nations Unies pour le Sida, Stephen Lewis, en ajoutant que cette initiative sera «la plus vaste jamais développée sur le continent». Pays le plus peuplé d'Afrique avec 114 millions d'habitants, le Nigéria compte trois millions de citoyens affectés par le VIH. Au premier septembre, le gouvernement nigérian prévoit de commencer son plan d'action par le traitement de 15 000 patients, dont un tiers d'enfants.

Le laboratoire Cipla, fabricant indien de génériques pour le gouvernement indien et -entre autres- de Médecins sans Frontières, sera le fournisseur des antirétroviraux. Administrés en un «coktail» élaboré, ceux-ci empêchent le virus de se reproduire tout en atténuant les symptômes de la maladie et en allongeant l'espérance de vie du malade. Le premier volet du programme envisage d'évaluer l'efficacité des différentes combinaisons du «coktail» en distinguant deux formules de prescription, qui seront réparties à 40% et 60% des malades traités.

Un test pour le continent africain

Le traitement des malades sera subventionné à 80 % par le gouvernement nigérian, le reste étant à la charge des patients. La Fondation Ford participera au financement du travail de laboratoire, tandis que la Banque Mondiale alloue une aide de 90 millions de dollars au projet nigérian. A long terme, celui-ci est censé étendre significativement le nombre de ses patients, et stabiliser voire réduire le niveau de la pandémie sur le territoire nigérian. A ce titre, il est déjà considéré comme un test pour le continent africain, Stephen Lewis soulignant que «si le Nigéria échoue, alors la majorité de l'Afrique échouera».

Ce « plan d'action d'urgence » intervient alors que les Etats, dont les grandes puissances, commencent à prendre conscience de la menace planétaire représentée par l'épidémie du Sida. La conférence des Nations Unies en juin dernier et les financements débloqués à l'issue du G8 traduisent ce changement de cap après de longues années d'occultation. Si l'annulation de la plainte des grands groupes pharmaceutiques contre l'Afrique du Sud avait été jugée décisive dans la lutte contre le sida, les divers acteurs impliqués dans cette lutte avaient insistés sur l'urgence à relayer l'aide internationale par des efforts nationaux. Message reçu, semble-t-il, par le Nigéria, de même que le Botswana, qui annonce un plan semblable pour le début de l'année 2002. Le Kénya et le Rwanda ont, pour leur part, déjà engagé de tels programmes. Il reste, pour ces pays, à ne pas négliger le volet préventif à travers les infrastructures de santé et d'éducation, point cardinal de l'action contre le VIH.



par Marie  Balas

Article publié le 02/08/2001