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Corse

Rencontre des nationalistes : l'enjeu des prisonniers

C'est dans un climat tendu que s'est ouverte, le 3 août, la 20ème édition des «Journées internationales» de Corte, traditionnel forum estival des nationalistes corses. Au programme ce samedi : la question des «prisonniers politiques».
Comme chaque année depuis vingt ans, les militants nationalistes corses se réunissent durant un week-end pour réaffirmer leurs choix politiques. Organisées par la coalition d'élus Corsica Nazione, le parti Indipendenza (regroupant quatre formations dont la principale, A Cuncolta) et la plate-forme Unita (six organisations dont Indipendenza), les «Journées internationales» de Corte (en Haute-Corse) ont débuté le 3 août. L'ouverture de ce forum auquel participent également des délégations dites étrangères comme les Irlandais du Sinn Fein, les Basques d'EMA ou encore les Bretons d'Emgann, s'est déroulée dans un climat troublé notamment par l'envoi de colis piégés à Jean-Guy Talamoni, le chef de file des nationalistes et à l'avocate Marie-Hélène Mattei, autre figure du nationalisme aujourd'hui en retrait mais aussi par une déception croissante envers le processus de Matignon. Le gouvernement de Lionel Jospin est jugé par tous les nationalistes comme responsable de la détérioration du climat en raison notamment des lacunes de la loi réformant le statut de la Corse, qui doit passer en deuxième lecture devant le Sénat, à l'automne prochain avant de revenir devant l'Assemblée nationale à la fin de l'année.

Vendredi, après avoir débuté ce forum par un apéritif pour les militants, les nationalistes sont entrés, samedi, dans le vif des débats : le sort des «prisonniers politiques», des détenus incarcérés pour des affaires de terrorisme. Pour le FLNC, l'amnistie des prisonniers est la seule façon de mettre «un terme à deux siècles et demi de conflits». Pour Daniel Vaillant, le ministre français de l'Intérieur, il en est autrement : «une amnistie n'est pas à l'ordre du jour (à) la question ne se pose pas, ne s'est pas posée». Cependant, Paris a tenu son engagement de faciliter un rapprochement des détenus corses dont la peine est définitive avec leurs familles, en transférant la plupart d'entre eux dans les prisons du Sud de la France.
La question des détenus

Le discours de la mouvance nationaliste, dont les revendications ont été déçues par le processus de Matignon aujourd'hui «en panne», est ce samedi grandement consacré à ces Corses détenus dans les dossiers terroristes. Les clandestins viennent ainsi de remettre sur le tapis l'exigence d'amnistie. Pour accompagner le processus de Matignon, en décembre 1999, les clandestins avaient déclaré une trêve des actions armées aujourd'hui devenue symbolique. Les formations politiques avaient, elles, accepté de mettre entre parenthèses la question éminemment sensible de l'amnistie et se contentaient de demander, pour raisons «humanitaires», le regroupement des «patriotes» en Corse. «Cette question des prisonniers est pour nous fondamentale. Nous ne pouvons pas imaginer un processus politique qui ne prendrait pas en compte cette dimension essentielle» a affirmé François Sargentini, porte-parole de la Cuncolta.

Indépendamment de cette revendication sur les prisonniers, ces journées seront également marquées par les craintes qui pèsent sur le processus de Matignon, fortement amplifiées ces derniers jours par une succession d'attentats d'origine inconnue contre des responsables nationalistes mais aussi contre des symboles de l'Etat.

L'horizon 2004 fixé par le Premier ministre pour l'octroi de mesures définitives, avec une éventuelle révision de la constitution, semble bien lointain aux nationalistes d'autant plus que le préalable d'une paix réelle et durable, imposé par Lionel Jospin, paraît de plus en plus incertain.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 05/08/2001