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Proche-Orient

Carnage à Jérusalem

Un attentat-suicide en plein c£ur de Jérusalem-ouest a fait une vingtaine de morts. Le Jihad islamique, qui revendique l'attentat, en annonce d'autres.
Une pizzeria, en plein centre-ville, à l'angle de la rue de Jaffa et de celle du roi George, à l'heure du déjeuner. Le lieu et l'heure choisis par le kamikaze palestinien pour faire sauter sa ceinture bourrée d'explosifs et de clous ne pouvaient manquer de provoquer le plus grand nombre de victimes possible. Cet attentat est le plus meurtrier à Jérusalem depuis le début de l'Intifada et n'a d'équivalent que l'attentat suicide commis le 1er juin à Tel-Aviv, devant une discothèque, provoquant la mort de 21 adolescents. Le bilan est déjà lourd, mais aurait pu l'être bien davantage encore : une partie des explosifs n'ayant pas été mis à feu, ce sont les démineurs de la police qui s'en sont chargés après l'attentat.

Sans perdre de temps, le Jihad islamique a revendiqué l'attentat dans un communiqué diffusé par la station de télévision du Hezbollah libanais, Al Manar. Le mouvement islamiste annonce d'autres opérations ailleurs en Palestine (ce terme incluant le territoire d'Israël). L'un des dirigeants du Hamas, Abdelaziz Rantissi, a implicitement approuvé l'attentat : «C'est la réponse du peuple palestinien aux attaques sionistes. Ils doivent comprendre que le sang de notre peuple n'est pas bon marché».

Alors que les condamnations affluaient du monde entier (Romano Prodi, au nom de la Commission européenne, le président américain George Bush, le secrétaire général de l'ONU Kofi Annanà), l'Autorité palestinienne, contrairement à ce qui s'était produit lors des attentats précédents, et notamment celui de la discothèque de Tel-Aviv, ne s'est pas précipitée cette fois-ci. Le ministre de l'Information palestinien, Yasser Abed Rabbo a déclaré qu'il tenait le premier ministre israélien Ariel Sharon pour «responsable de ce qui était arrivé. Les assassinats, les meurtres et le terrorisme qu'il a pratiqués au cours des dernières semaines ont conduit à ce résultat».

Un attentat prévisible et redouté

De fait, si personne ne pouvait prévoir avec précision où et quand se produirait un tel attentat, chacun s'y préparait depuis la mort une semaine plus tôt de 8 Palestiniens dont deux dirigeants du Hamas tués par des obus israéliens. Le Hamas et le Jihad islamique avaient averti sans ambiguïté qu'Israël paierait cher ces assassinats.

A la suite du carnage de Jérusalem, la riposte israélienne ne devrait pas se faire attendre. La pression de l'opinion publique sur le gouvernement d'Ariel Sharon était déjà forte avant l'attentat. Cette fois-ci, on ne voit pas pourquoi le chef du gouvernement israélien se retiendrait de lancer des représailles de très grande ampleur, contrairement à l'attitude qu'il avait adoptée au début du mois de juin, après l'attentat de la discothèque. D'autant que ces derniers jours, le gouvernement a assoupli les règles d'engagement de l'armée israélienne dans les Territoires palestiniens, diminuant les précautions requises avant d'ouvrir le feu.

La tâche s'annonce d'autant plus hardie pour les émissaires américains qui sont attendus dans les jours qui viennent, menés par l'ambassadeur David Satterfield, désormais flanqué d'Aaron Miller, l'ancien bras droit de Dennis Ross qui avait été écarté par l'équipe Bush après son accession au pouvoir en janvier avec l'ensemble des responsables du dossiers hérités de l'administration Clinton.

Arrivant, selon toute probabilité en plein milieu de sévères représailles ou juste après, les hauts diplomates américains seront amenés à faire la navette entre les deux camps au pire moment. On ne saurait mieux illustrer la réalité des avertissements prodigués en vain au président Bush tant par les Israéliens que les Arabes : si les Etats-Unis ne s'impliquent pas d'eux-mêmes dans le dossier du Proche-Orient, ils seront de toutes façon conduits à le faire, mais dans les conditions les plus dramatiques.



par Olivier  Da Lage

Article publié le 09/08/2001