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Comores

Coup de force militaire à Anjouan

Les gendarmes et les militaires ont renversé le lieutenant-colonel Saïd Abeid Abdérémane, le chef de l'autorité anjouanaise. Depuis quelques jours, un mouvement de grogne de l'armée s'était développé dans l'île comorienne. Les militaires protestaient contre le non-paiement de leur solde.
La nouvelle a été annoncée dans un communiqué laconique à la radio anjouanaise: un comité militaire prétendant agir au nom de «l'intérêt supérieur du pays» a pris le pouvoir dans l'île. Il accuse Abeid, président autoproclamé d'Anjouan depuis 1999 d'avoir mis en place un «pouvoir autoritaire, discriminatoire et corrompu».

Pour l'heure, le calme semble régner à Mutsamudu, la capitale d'Anjouan. La radio a cessé d'émettre, les militaires contrôlent le port et l'aéroport; ils patrouillent dans les rues et demandent à la population de ne pas sortir. Said Abeid Abdérémane serait retenu dans le palais présidentiel. Un peu plus tôt dans la matinée, des rafales d'armes automatiques avaient été entendues à Mutsamudu, mais il semblerait qu'il n'y ait aucune victime à déplorer.
On ignore encore les motivations exactes des militaires. Ils auraient été épaulés par des jeunes Anjouanais lassés du régime d'Abeid, incapable de rétablir une situation économique désastreuse.

Indépendance autoproclamée

Ce coup d'Etat est intervenu au moment où la plupart des hommes politiques anjouanais se trouvaient sur l'île voisine de Mohèli, où ils examinaient un projet de nouvelle constitution comorienne. Ce projet s'inscrit dans le cadre de l'accord de réconciliation nationale signé en février dernier entre les trois îles qui constituaient la République fédérative islamique des Comores: Anjouan, Grande Comore et Mohèli. Il prévoit la mise en place d'une nouvelle entité comorienne dans laquelle chacune des îles conserverait la plus large autonomie.

Il y a quatre ans, l'île d'Anjouan (160.000 habitants) avait déclaré unilatéralement son indépendance de la république des Comores, lassée de la gestion déséquilibrée au profit de Moroni. Dans un premier temps, les autorités de Mutsamudu avaient fait part de leur volonté de revenir dans le giron français -à l'instar de la quatrième île de l'Archipel, Mayotte, qui était devenue Territoire d'Outre-Mer dès l'indépendance, en 1976. Elles s'étaient finalement décidées pour une indépendance complète. Le quatrième anniversaire de l'indépendance avait d'ailleurs été célébré vendredi dernier: les divisions de la classe politique anjouanaise s'y étaient une nouvelle fois étalées.



par Nicolas  Sur

Article publié le 10/08/2001