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Comores

Trois militaires à la tête d'Anjouan

Après le coup de force qui a chassé du pouvoir le colonel Abeid, un exécutif collectif s'est mis en place à Anjouan. Ce comité militaire annonce qu'il ne remettra pas en cause le processus de réconciliation avec la Grande Comore.
C'est finalement un comité militaire composé de trois commandants de gendarmerie qui a pris le pouvoir à Anjouan et présidera désormais aux destinées de l'île, selon des informations de notre correspondant aux Comores Kamal Edine Saindou. Pour l'heure, le calme semble régner à Mutsamudu, la capitale de l'île. Le lieutenant-colonel Said Abeid Abdérémane, président autoproclamé depuis 1999, resterait en résidence surveillée au palais présidentiel et tous les membres de son gouvernement, à l'exception des femmes, auraient été interpellés et conduits au camp militaire de Patsy, dans les environs de Mutsamudu.

L'un des trois chefs du comité militaire, le commandant Mohammed Bacar, qui avait dirigé le coup de force de ce jeudi, a expliqué que cet exécutif collectif resterait en place jusqu'à la fin des négociations de réconciliation avec la Grande Comore et que le processus de paix entre Mutsamudu et Moroni se poursuivrait.

Inquiétude dans la communauté internationale

C'est justement au sujet de la poursuite du processus de réconciliation que les inquiétudes les plus vives s'étaient exprimées après le coup de force. Le ministère des Affaires étrangères français, le Secrétaire général de l'Organisation internationale de la francophonie Boutros Boutros Ghali et l'Organisation de l'Unité africaine avaient fait part de leur souhait d'une poursuite du processus de transition. Il y a quatre ans, Anjouan avait en effet déclaré son indépendance de la République fédérale islamique des Comores, précipitant la décomposition économique de l'île. Or, des négociations s'étaient rouvertes après l'accord de réconciliation nationale signé le 17 février 2001. Elles devraient permettre la mise sur pied d'une union comorienne nouvelle dans laquelle chacune des trois îles conserveraient une large autonomie.

La fin précipitée du régime d'Abeid, intervient dans un contexte économique dramatique qui a exacerbé le ressentiment de la population. Il y a deux jours le Fonds monétaire international publiait un rapport inédit sur l'état des Comores. Avec un PIB de 356 dollars par habitant et par an, le pays se classe parmi les plus pauvres de la planète. A Anjouan, la situation est encore pire : l'économie est en récession avec un taux de croissance négatif de û1,1% en 2000 et près de 60% des ménages vivent en dessous du seuil de pauvreté. Le FMI explique cette conjoncture désastreuse par l'instabilité politique chronique, l'interruption de services qu'assurait avant l'indépendance le gouvernement fédéral de Moroni (comme le paiement des salaires des quelques 1900 fonctionnaires anjouanais) et le manque d'investissements dans les secteurs économiques les plus porteurs à l'exportation comme la vanille, l'essence naturelle de l'ylang-ylang ou le clou de girofle.



par Nicolas  Sur

Article publié le 10/08/2001