Corse
Le processus de Matignon remis en cause
Près de 500 personnes ont assisté, dimanche 19 août, aux obsèques du leader nationaliste corse, François Santoni, tué dans la nuit de jeudi à vendredi dernier. Cet assassinat fait redouter une spirale de violence dans l'île et réactive les passions autour du processus de Matignon.
C'est dans une atmosphère tendue que les obsèques de François Santoni, l'ex-dirigeant nationaliste corse, se sont déroulées dimanche après-midi dans son village natal de Gianuccio (Corse du Sud). Les journalistes, tenus à l'écart de la cérémonie ont notamment été sommés de ne rien filmer. Vers 15H30, peu avant la cérémonie religieuse, des salves d'honneur ont été tirées par des compagnons d'armes du défunt. Un honneur militaire rendu par un commando d'une demi-douzaine d'hommes cagoulés appartenant probablement à Armata Corsa, le groupe armé clandestin dont Santoni était le chef présumé.
Signe, sans doute, d'une certaine volonté d'apaisement dans l'île de Beauté, deux élus de Corsica Nazione, organisation à laquelle François Santoni s'opposait, ont assisté contre toute attente aux obsèques. Jean-Guy Talamoni, le dirigeant de ce mouvement nationaliste et principal négociateur des accords de Matignon, n'était pas là ; sa présence ayant été jugée plus qu'indésirable par les proches de Santoni.
Après la cérémonie, une cinquantaine de gendarmes mobilisés autour du village ont procédé dans une grande tension, à des fouilles de véhicules, à la recherche des armes utilisées pendant les obsèques. Une opération vaine qui n'a rien donné.
L'enquête sur cet assassinat s'annonce longue et difficile. La famille de la victime ainsi que des personnes présentes lors du meurtre ont été entendues par la police. Outre ces auditions, une perquisition a été menée au domicile de la compagne de François Santoni, à Paris. Pour le moment, les enquêteurs privilégient la piste politique.
La classe politique divisée
A Paris, la majorité et l'opposition ont continué à s'affronter sur l'avenir de la Corse, durant tout le week-end. L'assassinat de Santoni ayant réactivé les querelles politiques. Mis à part Alain Madelin, président de Démocratie libérale (DL) qui plaide toujours pour la poursuite du processus de Matignon, la droite s'est engouffrée dans la brèche ouverte par ce nouveau drame pour demander le gel, voire l'enterrement, de ce dossier. A ses partenaires de droite qui réclament la suspension du processus de Matignon, le président de DL a répondu qu'ils auraient dû s'en préoccuper plus tôt : «Si le président de la République l'avait pensé, il eut été de son devoir de les en avertir». De son côté, Philippe Douste-Blazy, le député-maire de Toulouse et président du groupe UDF à l'Assemblée nationale, a estimé que «Lionel Jospin se trompe» au sujet de la Corse et que «le gouvernement ne peut plus maintenir le processus engagé lors des accords de Matignon».
Alors que le gouvernement a réaffirmé sa volonté de poursuivre le processus de Matignon, estimant qu'il n'existait pas d'autre voie possible pour ramener la paix civile en Corse, Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre de l'Intérieur démissionnaire qui était en opposition avec Lionel Jospin sur le dossier Corse, a estimé qu'il serait «sage et courageux» de la part du gouvernement de retirer le projet de loi tout en s'interrogeant : «Au bout de combien d'assassinats considèrera-t-on que l'objectif d'une paix durable en Corse est une chimère ?». Des propos qui ont fait grand bruit et auxquels a réagi, Jean Glavany, le ministre de l'Agriculture : «Je le dis tout net (à), on n'a pas le droit de porter des accusations de la sorte, on n'a pas le droit de traiter indirectement le gouvernement d'assassin. Il y a des limites à ne pas franchir». François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste (PS), a, quant à lui, estimé qu'il fallait à tout prix maintenir le dialogue avec les élus corses et que le processus issu des accords de Matignon ne devait absolument pas être remis en cause.
Toutefois, ni le Premier ministre Lionel Jospin, ni le président Jacques Chirac, tous deux en vacances, n'ont réagi personnellement à la mort de François Santoni, laissant parler leur camp sur une question qui risque fort d'être au c£ur de la campagne présidentielle de 2002.
Signe, sans doute, d'une certaine volonté d'apaisement dans l'île de Beauté, deux élus de Corsica Nazione, organisation à laquelle François Santoni s'opposait, ont assisté contre toute attente aux obsèques. Jean-Guy Talamoni, le dirigeant de ce mouvement nationaliste et principal négociateur des accords de Matignon, n'était pas là ; sa présence ayant été jugée plus qu'indésirable par les proches de Santoni.
Après la cérémonie, une cinquantaine de gendarmes mobilisés autour du village ont procédé dans une grande tension, à des fouilles de véhicules, à la recherche des armes utilisées pendant les obsèques. Une opération vaine qui n'a rien donné.
L'enquête sur cet assassinat s'annonce longue et difficile. La famille de la victime ainsi que des personnes présentes lors du meurtre ont été entendues par la police. Outre ces auditions, une perquisition a été menée au domicile de la compagne de François Santoni, à Paris. Pour le moment, les enquêteurs privilégient la piste politique.
La classe politique divisée
A Paris, la majorité et l'opposition ont continué à s'affronter sur l'avenir de la Corse, durant tout le week-end. L'assassinat de Santoni ayant réactivé les querelles politiques. Mis à part Alain Madelin, président de Démocratie libérale (DL) qui plaide toujours pour la poursuite du processus de Matignon, la droite s'est engouffrée dans la brèche ouverte par ce nouveau drame pour demander le gel, voire l'enterrement, de ce dossier. A ses partenaires de droite qui réclament la suspension du processus de Matignon, le président de DL a répondu qu'ils auraient dû s'en préoccuper plus tôt : «Si le président de la République l'avait pensé, il eut été de son devoir de les en avertir». De son côté, Philippe Douste-Blazy, le député-maire de Toulouse et président du groupe UDF à l'Assemblée nationale, a estimé que «Lionel Jospin se trompe» au sujet de la Corse et que «le gouvernement ne peut plus maintenir le processus engagé lors des accords de Matignon».
Alors que le gouvernement a réaffirmé sa volonté de poursuivre le processus de Matignon, estimant qu'il n'existait pas d'autre voie possible pour ramener la paix civile en Corse, Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre de l'Intérieur démissionnaire qui était en opposition avec Lionel Jospin sur le dossier Corse, a estimé qu'il serait «sage et courageux» de la part du gouvernement de retirer le projet de loi tout en s'interrogeant : «Au bout de combien d'assassinats considèrera-t-on que l'objectif d'une paix durable en Corse est une chimère ?». Des propos qui ont fait grand bruit et auxquels a réagi, Jean Glavany, le ministre de l'Agriculture : «Je le dis tout net (à), on n'a pas le droit de porter des accusations de la sorte, on n'a pas le droit de traiter indirectement le gouvernement d'assassin. Il y a des limites à ne pas franchir». François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste (PS), a, quant à lui, estimé qu'il fallait à tout prix maintenir le dialogue avec les élus corses et que le processus issu des accords de Matignon ne devait absolument pas être remis en cause.
Toutefois, ni le Premier ministre Lionel Jospin, ni le président Jacques Chirac, tous deux en vacances, n'ont réagi personnellement à la mort de François Santoni, laissant parler leur camp sur une question qui risque fort d'être au c£ur de la campagne présidentielle de 2002.
par Clarisse Vernhes
Article publié le 20/08/2001