Sida
Ethiopie: manifestation pour des médicaments génériques
Plusieurs milliers d'Ethiopiens se sont mobilisés dimanche, à l'initiative de l'association Aube de l'espoir, pour appeler le gouvernement à importer sans délais des trithérapies à bon marché.
Il y avait foule dans les rues d'Addis Abeba ce dimanche. Un long défilé s'engageant vers la Place de la Croix pour demander la fin d'un calvaire. Mobilisé sous la bannière de l'association éthiopienne Aube de l'Espoir, qui réunit des personnes atteintes par le HIV, les manifestants ont réclamé l'importation rapide de médicaments génériques. Pedla Mekonen, médecin éthiopien, était présent: «c'était une marche calme, avec des chants, la plupart des personnes étaient jeunes et bon nombre d'entre elles porteuses d'une infection, mais il y avait aussi de simple habitants de la capitaleà». Le traitement par antirétroviraux, destiné à retarder l'évolution de la maladie, est accessible à très bon marché aujourd'hui; ainsi le Nigéria vient de lancer un programme de trithérapie à moins de un dollar par jour.
Aube de l'Espoir -Tesfa-Goh en langue ampharique, regroupe un millier d'adhérents. Mais ce sont plusieurs milliers de personnes qui ont ainsi répondu à l'appel de l'association, parmi lesquels quelques uns des 900 000 enfants que la «maladie du silence» a rendu orphelins en Ethiopie. Des jeunes, des familles, diverses ONG et institutions gouvernementales faisaient également partie de la marche. Exceptionnel dans son genre, et inédit en Ethiopie, l'événement rend compte d'une urgence brûlante dans ce pays qui passe pour être le deuxième au monde le plus atteint par la pandémie. Plus de trois de millions d'Ethiopiens sur une population de 60 millions seraient ainsi porteurs du virus, et 700 malades environ en décèdent chaque jour. Les chiffres attestant de ce triste palmarès sont plus inquiétant encore lorsqu'ils s'intéressent aux âges les plus sensibles: selon l'ONUSIDA, le taux d'infection chez les adultes (15-49 ans) est estimé à 10,36% et un tiers des Ethiopiens âgés de 15 à 20 ans pourraient périr de la maladie d'ici à cinq ans. Dans un communiqué du mois de mai, l'Eglise orthodoxe d'Ethiopie alertait l'opinion sur le fait qu'elle devient «le témoin d'un nombre quotidien sans cesse croissant de cérémonies funéraires, comme tel n'a jamais été le cas dans toute son histoire» en raison des décès dus au sida.
Les malades sont victimes de discriminations
Depuis quelques mois le gouvernement éthiopien semble avoir pris la mesure de ce problème. La Banque mondiale vient de lui accorder une aide massive destinée à la reconstruction du pays, à l'issue du conflit avec l'Erythrée. A cette occasion, le cahier des charges comprenait explicitement un volet de lutte contre la maladie. Dans la foulée de cette aide, Addis Abeba a lancé en juin une campagne d'éducation du public sur cinq ans, prenant acte des projections alarmantes sur cette période. Enfin, une invitation vient d'être lancée aux importateurs et distributeurs de médicaments génériques à se faire enregistrer auprès du ministère éthiopien de la Santé.
Ces mesures vont dans le sens des politiques déjà mises en £uvre au Kenya, au Rwanda, en Afrique du Sud et au Nigeria. Si, dans le contexte d'une conscientisation des Etats envers la lutte contre le sida, une certaine volonté politique semble timidement affleurer, de nombreux «dommages collatéraux» liés à la pandémie restent à prendre en compte. Dans ce sens, la mobilisation des acteurs de terrain est décisive. Ce dimanche, tout en dénonçant le retard dans l'importation des médicaments antirétoviraux, les manifestants ont attiré l'attention des autorités sur la discrimination des personnes vivant avec le VIH ainsi que sur la prise en charge des orphelins, de plus en plus nombreux. En aval des traitements, la transparence et la traçabilité des médicaments font aussi partie des conditions d'efficacité d'un programme de lutte. Selon Eric Goemer, responsable de Médecins sans Frontières en Afrique du Sud, il est «frappant» que la question des génériques ûdont l'arrivée sur les marchés permet aussi une compétition sur les prix- «mobilise des milliers de gens dans les ruesà». Sous la pression inédite d'une partie de sa population, une course de fond d'un nouveau genre débute donc dans ce pays, grand pourvoyeur d'athlètes spécialistes des longues distances.
Aube de l'Espoir -Tesfa-Goh en langue ampharique, regroupe un millier d'adhérents. Mais ce sont plusieurs milliers de personnes qui ont ainsi répondu à l'appel de l'association, parmi lesquels quelques uns des 900 000 enfants que la «maladie du silence» a rendu orphelins en Ethiopie. Des jeunes, des familles, diverses ONG et institutions gouvernementales faisaient également partie de la marche. Exceptionnel dans son genre, et inédit en Ethiopie, l'événement rend compte d'une urgence brûlante dans ce pays qui passe pour être le deuxième au monde le plus atteint par la pandémie. Plus de trois de millions d'Ethiopiens sur une population de 60 millions seraient ainsi porteurs du virus, et 700 malades environ en décèdent chaque jour. Les chiffres attestant de ce triste palmarès sont plus inquiétant encore lorsqu'ils s'intéressent aux âges les plus sensibles: selon l'ONUSIDA, le taux d'infection chez les adultes (15-49 ans) est estimé à 10,36% et un tiers des Ethiopiens âgés de 15 à 20 ans pourraient périr de la maladie d'ici à cinq ans. Dans un communiqué du mois de mai, l'Eglise orthodoxe d'Ethiopie alertait l'opinion sur le fait qu'elle devient «le témoin d'un nombre quotidien sans cesse croissant de cérémonies funéraires, comme tel n'a jamais été le cas dans toute son histoire» en raison des décès dus au sida.
Les malades sont victimes de discriminations
Depuis quelques mois le gouvernement éthiopien semble avoir pris la mesure de ce problème. La Banque mondiale vient de lui accorder une aide massive destinée à la reconstruction du pays, à l'issue du conflit avec l'Erythrée. A cette occasion, le cahier des charges comprenait explicitement un volet de lutte contre la maladie. Dans la foulée de cette aide, Addis Abeba a lancé en juin une campagne d'éducation du public sur cinq ans, prenant acte des projections alarmantes sur cette période. Enfin, une invitation vient d'être lancée aux importateurs et distributeurs de médicaments génériques à se faire enregistrer auprès du ministère éthiopien de la Santé.
Ces mesures vont dans le sens des politiques déjà mises en £uvre au Kenya, au Rwanda, en Afrique du Sud et au Nigeria. Si, dans le contexte d'une conscientisation des Etats envers la lutte contre le sida, une certaine volonté politique semble timidement affleurer, de nombreux «dommages collatéraux» liés à la pandémie restent à prendre en compte. Dans ce sens, la mobilisation des acteurs de terrain est décisive. Ce dimanche, tout en dénonçant le retard dans l'importation des médicaments antirétoviraux, les manifestants ont attiré l'attention des autorités sur la discrimination des personnes vivant avec le VIH ainsi que sur la prise en charge des orphelins, de plus en plus nombreux. En aval des traitements, la transparence et la traçabilité des médicaments font aussi partie des conditions d'efficacité d'un programme de lutte. Selon Eric Goemer, responsable de Médecins sans Frontières en Afrique du Sud, il est «frappant» que la question des génériques ûdont l'arrivée sur les marchés permet aussi une compétition sur les prix- «mobilise des milliers de gens dans les ruesà». Sous la pression inédite d'une partie de sa population, une course de fond d'un nouveau genre débute donc dans ce pays, grand pourvoyeur d'athlètes spécialistes des longues distances.
par Marie Balas
Article publié le 06/08/2001