Congo démocratique
L'espoir renaît à Gaborone
Au terme de cinq jours de discussions, les délégués congolais, réunis à Gaborone (Botswana), ont décidé, le 23 août, de tenir leur dialogue national à Addis-Abeba, le 15 octobre prochain et ont appelé les armées étrangères à quitter l'ex-Zaïre. Officiellement, la guerre est terminé, mais les sujets de contentieux ne manquent pas.
L'optimisme prévalait parmi les quelques soixante dix délégués, à la clôture du pré-dialogue intercongolais de Gaborone, tard dans la soirée du 23 août. «C'est une réussite», a déclaré le ministre des Affaires étrangères de RDC,
Leonard She Okitundu, à l'envoyé spécial de RFI sur place. «Le processus [de paix] devient irréversible. Finie la guerre, bienvenue la paix», a renchérit
Azarias Ruberwa, dirigeant de la délégation du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), faction rebelle soutenue par le Rwanda.
Après une semaine de discussions parfois houleuses, l'espoir d'un règlement de la guerre qui divise l'ex-Zaïre depuis août 1998 n'a jamais été aussi fort. Maintes fois reporté, le fameux dialogue national, étape cruciale du processus prévu par les accords de Lusaka d'août 1999, aura bien lieu. Il se tiendra le 15 octobre prochain, à Addis-Abeba, siège de l'Organisation de l'unité africaine (OUA). Le choix de la capitale éthiopienne n'était pas évident. Dans la journée de vendredi, un consensus semblait s'être dégagé pour l'Afrique du Sud, solution à laquelle s'était rallié Jean-Pierre Bemba, leader du Front de libération du Congo (FLC) pourtant initialement favorable à Kisangani, au nord-est de la RDC. Cette dernière option avait rapidement été écartée, en raison des réticences du RCD, dont les troupes occupent la ville.
La capitale de l'OUA a, au bout du compte, fait l'objet d'un consensus. Leonard She Okitundu espère que la symbolique jouera dans le bon sens, même si d'autres personnalités présentes à Gaborone y accordent moins d'importance. «Quel que soit le lieu, il ne peut nullement influencer nos décisions», a confié
Godefroy Mayobo,un délégué du parti Lumumbiste (PALU), à l'envoyé spécial de RFI.
L'isolement du RCD
L'autre avancée obtenue à Gaborone aura été la déclaration finale de la réunion préparatoire au dialogue intercongolais demandant le retrait des troupes étrangères de la République démocratique du Congo. Cette question restera néanmoins comme le principal sujet de contentieux entre le Rassemblement congolais pour la démocratie et les autres délégations. Si tous les participants, y compris le FLC, ont appelé les forces extérieures à quitter le territoire sans délais, le RCD a posé ses conditions. Nous ne sommes pas contre, mais les termes de l'accord de Lusaka selon lesquels le désarmement des forces dites «négatives» doit intervenir au préalable, doivent être scrupuleusement respecté, a déclaré en substance Bizima Karaha, l'un des membres de la délégation, s'alignant sur la position de son allié rwandais. Kigali n'entend mettre fin à son intervention dans l'Est de la RDC qu'une fois neutralisés les miliciens extrémistes hutus, les membres de l'ancienne armée rwandaises, les combattants Maï Maï et les rebelles burundais, qui opèrent dans la région et ont servi de supplétifs au gouvernement de Kinshasa. Compte tenu de la complexité d'une telle opération, le souhait des autres participants de voir l'ensemble des occupants, à commencer par le Rwanda, quitter l'ex-Zaïre avant le 15 octobre aura du mal à se réaliser.
La neutralisation des forces négatives sera donc inévitablement au c£ur du rendez-vous d'Addis-Abeba. Mais elle ne sera pas la seule. A Gaborone, des divergences sont apparues sur le rôle attribué à l'actuel homme fort de Kinshasa pendant la phase transitoire menant aux élections générales, prévues au plus tard dans trois ans. Le président du RCD a catégoriquement exclu le maintien de Joseph Kabila dans ses fonctions actuelles. Il doit «partager le pouvoir», a insisté Adolphe Onusumba. Une position que ne partage pas Jean-Pierre Bemba. Le leader du FLC s'est rapproché de Kinshasa sur ce point en jugeant que «c'est au peuple du Congo de décider si Kabila doit rester» à son poste, et cela au cours du dialogue national. Est-ce le début d'une alliance ? L'entourage de Bemba le dément. La position du FLC, déjà favorable à un retrait immédiat des forces étrangères, marque cependant sa volonté de se distinguer du Rassemblement congolais pour la démocratie.
Selon des diplomates cités par l'AFP, le leader du Front de libération du Congo n'a, en outre, pu prendre une telle décision sans l'accord de l'Ouganda, qui soutient son mouvement, et a pris ses distances avec Kigali depuis les affrontements entre leurs troupes à Kisangani, l'année dernière. Ce qui, en clair, suggère un isolement croissant du Rwanda.
Une question reste en suspend : celle du départ des autres troupes étrangères du territoire. Elles partiront «dès que possible», s'est contenté d'annoncer le facilitateur Ketumile Masire, à l'issue des pourparlers de Gaborone. L'Ouganda a pris de l'avance, en retirant la quasi-totalité de ses soldats. Dans le camp gouvernemental, en revanche, ni les Zimbabwéens ni les Angolais, présentés à Kinshasa comme des «invités», n'ont entamé le rapatriement de leurs hommes. Logiquement, le régime de Joseph Kabila ne se séparera pas de ses précieux alliés avant d'avoir l'assurance que l'Ouganda et, surtout, le Rwanda respectent entièrement leur engagement.
Leonard She Okitundu, à l'envoyé spécial de RFI sur place. «Le processus [de paix] devient irréversible. Finie la guerre, bienvenue la paix», a renchérit
Azarias Ruberwa, dirigeant de la délégation du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), faction rebelle soutenue par le Rwanda.
Après une semaine de discussions parfois houleuses, l'espoir d'un règlement de la guerre qui divise l'ex-Zaïre depuis août 1998 n'a jamais été aussi fort. Maintes fois reporté, le fameux dialogue national, étape cruciale du processus prévu par les accords de Lusaka d'août 1999, aura bien lieu. Il se tiendra le 15 octobre prochain, à Addis-Abeba, siège de l'Organisation de l'unité africaine (OUA). Le choix de la capitale éthiopienne n'était pas évident. Dans la journée de vendredi, un consensus semblait s'être dégagé pour l'Afrique du Sud, solution à laquelle s'était rallié Jean-Pierre Bemba, leader du Front de libération du Congo (FLC) pourtant initialement favorable à Kisangani, au nord-est de la RDC. Cette dernière option avait rapidement été écartée, en raison des réticences du RCD, dont les troupes occupent la ville.
La capitale de l'OUA a, au bout du compte, fait l'objet d'un consensus. Leonard She Okitundu espère que la symbolique jouera dans le bon sens, même si d'autres personnalités présentes à Gaborone y accordent moins d'importance. «Quel que soit le lieu, il ne peut nullement influencer nos décisions», a confié
Godefroy Mayobo,un délégué du parti Lumumbiste (PALU), à l'envoyé spécial de RFI.
L'isolement du RCD
L'autre avancée obtenue à Gaborone aura été la déclaration finale de la réunion préparatoire au dialogue intercongolais demandant le retrait des troupes étrangères de la République démocratique du Congo. Cette question restera néanmoins comme le principal sujet de contentieux entre le Rassemblement congolais pour la démocratie et les autres délégations. Si tous les participants, y compris le FLC, ont appelé les forces extérieures à quitter le territoire sans délais, le RCD a posé ses conditions. Nous ne sommes pas contre, mais les termes de l'accord de Lusaka selon lesquels le désarmement des forces dites «négatives» doit intervenir au préalable, doivent être scrupuleusement respecté, a déclaré en substance Bizima Karaha, l'un des membres de la délégation, s'alignant sur la position de son allié rwandais. Kigali n'entend mettre fin à son intervention dans l'Est de la RDC qu'une fois neutralisés les miliciens extrémistes hutus, les membres de l'ancienne armée rwandaises, les combattants Maï Maï et les rebelles burundais, qui opèrent dans la région et ont servi de supplétifs au gouvernement de Kinshasa. Compte tenu de la complexité d'une telle opération, le souhait des autres participants de voir l'ensemble des occupants, à commencer par le Rwanda, quitter l'ex-Zaïre avant le 15 octobre aura du mal à se réaliser.
La neutralisation des forces négatives sera donc inévitablement au c£ur du rendez-vous d'Addis-Abeba. Mais elle ne sera pas la seule. A Gaborone, des divergences sont apparues sur le rôle attribué à l'actuel homme fort de Kinshasa pendant la phase transitoire menant aux élections générales, prévues au plus tard dans trois ans. Le président du RCD a catégoriquement exclu le maintien de Joseph Kabila dans ses fonctions actuelles. Il doit «partager le pouvoir», a insisté Adolphe Onusumba. Une position que ne partage pas Jean-Pierre Bemba. Le leader du FLC s'est rapproché de Kinshasa sur ce point en jugeant que «c'est au peuple du Congo de décider si Kabila doit rester» à son poste, et cela au cours du dialogue national. Est-ce le début d'une alliance ? L'entourage de Bemba le dément. La position du FLC, déjà favorable à un retrait immédiat des forces étrangères, marque cependant sa volonté de se distinguer du Rassemblement congolais pour la démocratie.
Selon des diplomates cités par l'AFP, le leader du Front de libération du Congo n'a, en outre, pu prendre une telle décision sans l'accord de l'Ouganda, qui soutient son mouvement, et a pris ses distances avec Kigali depuis les affrontements entre leurs troupes à Kisangani, l'année dernière. Ce qui, en clair, suggère un isolement croissant du Rwanda.
Une question reste en suspend : celle du départ des autres troupes étrangères du territoire. Elles partiront «dès que possible», s'est contenté d'annoncer le facilitateur Ketumile Masire, à l'issue des pourparlers de Gaborone. L'Ouganda a pris de l'avance, en retirant la quasi-totalité de ses soldats. Dans le camp gouvernemental, en revanche, ni les Zimbabwéens ni les Angolais, présentés à Kinshasa comme des «invités», n'ont entamé le rapatriement de leurs hommes. Logiquement, le régime de Joseph Kabila ne se séparera pas de ses précieux alliés avant d'avoir l'assurance que l'Ouganda et, surtout, le Rwanda respectent entièrement leur engagement.
par Christophe Champin
Article publié le 25/08/2001