Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Côte d''Ivoire

Le bilan officiel des violences

Après les organisations de défense des droits de l'homme, les autorités ivoiriennes viennent de fournir leur propre bilan des violences qui ont profondément marqué le pays. Selon un comité mis en place en janvier dernier, plus de trois cent personnes y ont trouvé la mort.
A quelques semaines du Forum de réconciliation, reporté au mois d'octobre, un nouveau bilan, cette fois officiel, des violences de la fin de l'année 2000 a été rendu public, jeudi 20 août, en Côte d'Ivoire. Au total, 303 personnes sont mortes, 65 ont disparu et 1 546 ont été blessées. Annoncés à la télévision ivoirienne dans la soirée, ces chiffres ont été établis par le comité de 45 membres mis en place, en janvier dernier, pour faire la lumière sur la série d'événements dramatiques qui se sont déroulés entre la présidentielle d'octobre 2000 et la tentative de coup d'Etat de début 2001.

Les 24 et 25 octobre, la garde présidentielle avait tiré à balles réelles sur la foule de manifestants protestant contre le coup d'Etat électoral du général Gueï. Elles avaient été suivies d'affrontements violents entre militants du RDR, parti de l'ancien Premier ministre Ouattara, d'une part, et des partisans du président Gbagbo et les forces de sécurité, d'autre part. D'autres violences meurtières avaient émaillé les manifestations du RDR pour la réhabilitation de leur leader, les 4 et 5 décembre.

Une contribution à un débat ultrasensible

A en croire sa présidente, la ministre des Affaires sociales Clotilde Ohouochi, les travaux du comité interministériel, se sont basés sur les témoignages de médecins, médecins légistes et des services hospitaliers. L'ensemble de leurs conclusions sont d'ailleurs réunies dans un rapport, remis le 29 août au chef de l'Etat ivoirien, qui précise également que 76 cadavres n'ont pas été identifiés.

Il apporte également des détails sur les violences d'octobre, au cours desquelles, selon le rapport, 206 personnes ont trouvé la mort et 1207 ont été blessées et sur celle, décembre, qui auraient fait 85 morts. Quant au putsch manqué des 7 et 8 janvier, il se serait soldé, toujours selon ce document, par un bilan de 15 personnes décédées et neuf blessées.

La publication des travaux du Comité interministériel intervient quelques jours à peine après celle d'un rapport extrêmement sévère de l'organisation américaine Human Rights Watch, qui taxe notamment les dirigeants ivoiriens de xénophobie. Dans l'entourage de Laurent Gbagbo, on refuse toutefois de faire des résultats de l'enquête ivoirienne une réponse à ces accusations. «C'est un pur hasard, souligne l'un de ses proches. Il n'en reste pas moins que le rapport de HRW est extravagant et injuste. On ne peut pas rejeter la responsabilité des crimes commis pendant cette période sur le chef de l'Etat, alors que tout le monde connaît le climat de violence qui régnait en Côte d'Ivoire après la présidentielle.» En rendant publics ces nouveaux chiffres officiels, les autorités ivoiriennes n'en apportent pas moins leur contribution à un débat ultrasensible.



par Christophe  Champin

Article publié le 31/08/2001