Nigeria
Lourd bilan après une semaine de violence
Les violences intercommunautaires, à Jos, capitale de l'Etat du Plateau, au Nigéria auraient fait plus de morts que les chiffres annoncés par les autorités. Il y aurait plus d'un millier de victimes enterrées à la hâte selon la presse locale.
Le calme est revenu à Jos. La 3ème division blindée déployée dans la ville contrôle aujourd'hui la situation. Le couvre-feu en vigueur, de 16 heures à 6 heures du matin, sera bientôt allégé, apprend-on de sources militaires nigérianes. Après quatre jours de combats acharnés dans les rues de Jos, l'heure est maintenant au bilan. Les autorités politiques et militaires se refusent pour l'instant à avancer des chiffres. Mais de sources humanitaires et religieuses, il ne serait pas exagéré de parler d'au moins 500 morts. Et selon la presse locale nigériane, ce chiffre devrait être multiplié par deux. Après plusieurs journées de violence, de massacre, d'églises et de mosquées brûlées les différentes ethnies belliqueuses semblent retrouver aujourd'hui leurs occupations habituelles, mais avec un sentiment d'injustice, et de morts à venger, à la prochaine occasion.
Les violences interethniques au Nigéria ne sont pas un phénomène nouveau dans le paysage social de ce pays de 120 millions d'âmes. Il compte aussi 200 ethnies qui se placent volontiers sous trois groupes ethniques dominants : Yoruba, Haoussa, Ibo.
Qui détiendra le pouvoir politique ou celui de l'argent ? A ce jeu les Haoussa ont pris le dessus. Riches commerçants musulmans du nord du pays , ils contrôlent aussi l'appareil d'Etat avec leur présence massive dans l'armée, qui a longtemps dirigé le Nigéria. L'actuel président, Général à la retraite, Yoruba et chrétien, Olusegun Obasanjo, a néanmoins été porté au pouvoir par un parti, le PDP, connu pour sa forte concentration de généraux originaires du nord. Choix tactique disent certains, pour que les Haoussa ne soient pas encore montrés du doigt, au moment où le pays renoue avec la démocratie.
La raison du plus fort
Et c'est justement cette démocratie qui a permis aussi un renouveau religieux. La liberté s'est paradoxalement transformée en cauchemar pour les minorités, dans certains Etats. Dans le nord, 12 Etats sur les 36 que comptent le Nigéria, ont adopté la charia, la loi islamique. Et la démocratie fait des victimes. C'est la loi de la majorité sans discernement, qui s'applique avec brutalité. Parce que dans ces régions l'unité ethnique autour d'un groupe dominant retrouve une force et une légitimité dans une confession unique: l'islam.
La charia a fait fuir des non-musulmans qui se sont réfugiés dans des Etats tampons, comme celui du Plateau, au centre ouest du Nigéria. Mais l'équilibre social devient précaire. Un rien met le feu aux poudres. Comme à Jos, la semaine dernière. Est-ce la nomination d'un haut fonctionnaire Haoussa ou le passage d'une femme chrétienne, dans un lieu musulman réservé aux hommes qui aurait alimenté des disputes qui ont elles-mêmes dégénéré ? La réponse quelle qu'elle soit, devient futile au vu du nombre effarant des victimes.
Les militaires appelés en renfort pour mâter cette petite guerre civile, ont rapidement été pris pour cible . De nombreux soldats et officiers auraient été tués. Mais la riposte des forces de l'ordre aurait été démesurée, avec leurs moyens de guerre, lancés dans la ville de Jos. Selon certaines sources, on pourrait facilement mettre sur le compte de la répression des forces de l'ordre, un nombre important de victimes. L'inhumation rapide, dans des périmètres isolés, et interdits au public, ordonnée par les autorités militaires et politiques, alimente ces accusations. L'autorité de l'Etat, déjà ébranlée, en prend un coup.
«On court vers une guerre civile généralisée» disent les gouverneurs de 17 Etats du sud, réunis à Ibadan, Etat d'Oyo, le lundi 10 septembre 2001. Ils réclament la constitution d'unités de police par Etat, et désavouent la police fédérale qui a échoué sur le terrain de la lutte contre la montée de la criminalité au Nigéria.
Le gouverneur de l'Etat d'Oyo, Lam Adesina, s'est fait porte-parole de ses homologues pour demander à l'autorité fédérale, la tenue d'une conférence nationale: «c'est la voie la plus rapide pour résoudre tous les problèmes politiques et constitutionnels faisant obstacle à la bonne administration et au développement du Nigéria.»
Les violences interethniques au Nigéria ne sont pas un phénomène nouveau dans le paysage social de ce pays de 120 millions d'âmes. Il compte aussi 200 ethnies qui se placent volontiers sous trois groupes ethniques dominants : Yoruba, Haoussa, Ibo.
Qui détiendra le pouvoir politique ou celui de l'argent ? A ce jeu les Haoussa ont pris le dessus. Riches commerçants musulmans du nord du pays , ils contrôlent aussi l'appareil d'Etat avec leur présence massive dans l'armée, qui a longtemps dirigé le Nigéria. L'actuel président, Général à la retraite, Yoruba et chrétien, Olusegun Obasanjo, a néanmoins été porté au pouvoir par un parti, le PDP, connu pour sa forte concentration de généraux originaires du nord. Choix tactique disent certains, pour que les Haoussa ne soient pas encore montrés du doigt, au moment où le pays renoue avec la démocratie.
La raison du plus fort
Et c'est justement cette démocratie qui a permis aussi un renouveau religieux. La liberté s'est paradoxalement transformée en cauchemar pour les minorités, dans certains Etats. Dans le nord, 12 Etats sur les 36 que comptent le Nigéria, ont adopté la charia, la loi islamique. Et la démocratie fait des victimes. C'est la loi de la majorité sans discernement, qui s'applique avec brutalité. Parce que dans ces régions l'unité ethnique autour d'un groupe dominant retrouve une force et une légitimité dans une confession unique: l'islam.
La charia a fait fuir des non-musulmans qui se sont réfugiés dans des Etats tampons, comme celui du Plateau, au centre ouest du Nigéria. Mais l'équilibre social devient précaire. Un rien met le feu aux poudres. Comme à Jos, la semaine dernière. Est-ce la nomination d'un haut fonctionnaire Haoussa ou le passage d'une femme chrétienne, dans un lieu musulman réservé aux hommes qui aurait alimenté des disputes qui ont elles-mêmes dégénéré ? La réponse quelle qu'elle soit, devient futile au vu du nombre effarant des victimes.
Les militaires appelés en renfort pour mâter cette petite guerre civile, ont rapidement été pris pour cible . De nombreux soldats et officiers auraient été tués. Mais la riposte des forces de l'ordre aurait été démesurée, avec leurs moyens de guerre, lancés dans la ville de Jos. Selon certaines sources, on pourrait facilement mettre sur le compte de la répression des forces de l'ordre, un nombre important de victimes. L'inhumation rapide, dans des périmètres isolés, et interdits au public, ordonnée par les autorités militaires et politiques, alimente ces accusations. L'autorité de l'Etat, déjà ébranlée, en prend un coup.
«On court vers une guerre civile généralisée» disent les gouverneurs de 17 Etats du sud, réunis à Ibadan, Etat d'Oyo, le lundi 10 septembre 2001. Ils réclament la constitution d'unités de police par Etat, et désavouent la police fédérale qui a échoué sur le terrain de la lutte contre la montée de la criminalité au Nigéria.
Le gouverneur de l'Etat d'Oyo, Lam Adesina, s'est fait porte-parole de ses homologues pour demander à l'autorité fédérale, la tenue d'une conférence nationale: «c'est la voie la plus rapide pour résoudre tous les problèmes politiques et constitutionnels faisant obstacle à la bonne administration et au développement du Nigéria.»
par Didier Samson
Article publié le 14/09/2001