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Etats-Unis

Chirac fait bloc avec Bush

Le président français, premier chef d'Etat à rendre visite à son homologue américain depuis les attaques terroristes, a apporté un ferme soutien de la France aux Etats-Unis dans la «guerre» contre le terrorisme, sous réserve d'une concertation sur les formes et les objectifs d'un tel combat. Il doit poursuivre aujourd'hui sa tournée à New York.
De notre correspondant aux Etats-Unis

George Bush serait-il doté d'un véritable pouvoir de persuasion ? A écouter Jacques Chirac après deux heures de rencontre, dont un dîner de travail, on pourrait le croire. Au début de l'entretien, dans le célèbre bureau ovale, le président français refusait pudiquement de parler de «guerre» contre le terrorisme. «Je ne sais pas s'il faut utiliser le mot de guerre» arguait alors le président, préférant le terme plus policé de «conflit». Au terme de la rencontre, son langage est devenu franchement plus guerrier. Evoquant le terrorisme, il a estimé : «il s'agit d'un conflit, d'une guerre (...) qui implique des moyens nouveaux pour lutter contre un mal nouveau et que nous devrons terrasser». Et d'ajouter, pour faire bon poids : «C'est une guerre qui doit être menée sur tous les fronts».

S'il a concédé sur la forme, il semble être resté prudent sur le fond, en refusant de signer un chèque en blanc à son homologue américain qui cherche à rassembler une coalition internationale pour mener la guerre, donc, au terrorisme. «La coopération militaire naturellement peut se concevoir, a expliqué Jacques Chirac, mais dans la mesure où nous nous serions préalablement concertés sur les objectifs et les modalités d'une action». Pour les Français, comme pour beaucoup d'Européens, la lutte contre le terrorisme devrait aussi passer par des mesures de coopération d'ordre judiciaire, ou dans les domaines du financement ou du renseignement. Et pas seulement des bombardements.

Jusqu'à maintenant George Bush s'est borné à admettre que cette nouvelle guerre n'aurait rien de conventionnel, «avec des lignes de bataille et des plages à prendre d'assaut (...) C'est une guerre d'un nouveau type. Elle requerra détermination et patience. Et tous les gens épris de liberté comme Jacques Chirac et les Français, se joindront à nous, j'en suis persuadé, pour débusquer ceux qui pensent pouvoir terroriser les nations parce qu'elles sont éprises de liberté», a-t-il expliqué, sans pour autant donner davantage de détails.

Bush satisfait de la position française

Réserves mises à part, Jacques Chirac, accompagné de Hubert Védrine, a affirmé «la détermination» de la France «pour lutter avec toute l'efficacité nécessaire contre ce nouveau type de mal absolu qu'est le terrorisme». Symbolique avant tout, le soutien tricolore est d'autant plus apprécié que Jacques Chirac est le premier chef d'Etat reçu par George Bush depuis les attaques terroristes de mardi dernier contre les tours du World Trade Center et le Pentagone, dans lesquelles près de 6 000 personnes ont probablement péri.

Le président américain, encadré lui du vice-président Dick Cheney et du secrétaire d'Etat Colin Powell, a semblé satisfait de la position française. «Si vous aimez la liberté, vous devez vous joindre à nous, a-t-il déclaré. Vous devez vous joindre à la France et aux Etats-Unis. Et il n'y a aucun doute dans mon esprit que la France est solidaire de nous

Pour le président américain, il ne s'agissait que du premier round d'une série de rencontres destinées à gagner le soutien de la communauté internationale pour frapper le régime des taliban en Afghanistan -ce n'est pas un secret- qui héberge le terroriste présumé Oussama Ben Laden, soupçonné d'être l'instigateur de la pire attaque terroriste que les Etats-Unis aient eu à endurer. Mercredi, ce sera le tour de Megawati Sukarnoputri, la présidente de l'Indonésie, le premier pays musulman du monde, puis des ministres des Affaires étrangères russe Igor Ivanov, et allemand Joschka Fischer et jeudi du premier ministre britannique Tony Blair. Jacques Chirac est lui aujourd'hui attendu à New York, où il doit rendre hommage aux victimes du drame et rencontrer le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan.



par Philippe  Bolopion

Article publié le 19/09/2001