Etats-Unis
Chirac : «On a envie de pleurer»
La visite du président français à New York a été marquée par l'émotion. Jacques Chirac s'est entretenu avec le maire de la ville, avant de survoler les décombres du World Trade Center. Il a ensuite rencontré Kofi Annan et plaidé pour un rôle accru de l'ONU dans la lutte contre le terrorisme.
De notre correspondant aux Etats-Unis
Difficile pour Jacques Chirac de contenir son émotion, après avoir survolé en hélicoptère les décombres du World Trade Center. «C'est une image, mais quand on voit ça, on a envie de pleurer en imaginant l'ensemble des hommes, des femmes peut-être des enfants qui ont péri, qu'on ne retrouvera pas, car ils ont été en quelque sorte désintégrés, a expliqué le président. Non seulement on les a tués, mais on a rendu impossible le fait de leur rendre un dernier hommage, c'est à dire les obsèques. Cela dépasse l'imagination.»
Jacques Chirac a rencontré le maire de New York Rudolf Giuliani, en pleine action dans son Emergency Command Center, le centre de commandement des opérations d'urgence. Les deux hommes ont eu une conversation chaleureuse, Jacques Chirac se faisant messager de la solidarité et de la sollicitude française. Selon un parcours devenu quasi rituel, ils ont salué les bénévoles et les responsables des opérations de secours, certains n'hésitant pas à applaudir le duo sur son passage. Chose rare en public, le président français s'est même laissé aller à s'exprimer par moment en anglais.
Visiblement affecté par sa visite en hélicoptère, qui n'était pas au programme, Jacques Chirac s'est ensuite rendu à Union Square non loin des ruines, pour déposer une gerbe de fleurs tricolores aux pieds de la statue de George Washington. Il a respecté une minute de silence, avant d'être applaudi par les centaines de personnes qui se rendent quotidiennement à cet endroit pour se recueillir. Certains ont crié «Vive la France» et «Merci».
Le programme de la seconde partie de la journée était plus diplomatique, avec un déjeuner de travail en compagnie du secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan. Ils ont certes évoqué la situation en Macédoine, au Proche-Orient et en République Démocratique du Congo, mais le véritable débat à porté sur la nature de la coalition internationale à mettre en place pour lutter contre le terrorisme. Comme il l'avait fait la veille face à George Bush, le président français a assuré que «la France ne restera pas à l'écart d'un combat contre un fléau qui défie toutes les démocraties. Aujourd'hui, hélas, New York a été dramatiquement atteinte, mais demain cela peut être Paris, Berlin ou Londres.»
Il n'a toutefois rien ajouté sur les modalités d'une participation, qui seront définies en accord avec les alliés européens, mais a précisé que «l'action à mener va très au-delà d'une riposte militaire, même si celle-ci est nécessaire. C'est la mise en oeuvre d'une véritable action coordonnée sur le terrain pour éradiquer le terrorisme». En clair : coopérer dans les domaines du renseignement, de la justice, des télécommunications, du transport aérien ou du financement du terrorisme.
«Pas d'amalgame entre terroristes et musulmans»
Selon Jacques Chirac, nul autre que l'ONU n'est mieux habilité pour «rassembler les énergies et mettre en oeuvre des politiques.». «L'ONU a déjà beaucoup fait, estime le Président. Il y a une douzaine de conventions internationales contre le terrorisme mises en oeuvre par l'ONU. Mais c'est encore très insuffisant.» Kofi Annan a également plaidé en faveur de l'organisation. «Le conseil de sécurité a agi très rapidement en adoptant une résolution sur cette question à l'unanimité qui nous a donné les fondements pour développer une action», a expliqué le secrétaire général de l'ONU.
Les deux hommes ont tenu à éliminer d'emblée le risque d'une division du monde entre d'un côté les musulmans et de l'autres les pays occidentaux sur la question du terrorisme. «Il ne faut mettre personne à l'index, a estimé Kofi Annan. Les sociétés d'aujourd'hui sont multiculturelles. Si on décide de pourchasser une catégorie d'individus, nous allons diviser nos propres sociétés, ici, en France, en Suède ou en Grande Bretagne.» «Je le répète, et George Bush l'a clairement dit hier : pas d'amalgame entre les fondamentalistes terroristes et fanatiques et le monde arabe ou le monde musulman», a réaffirmé pour sa part le président français, estimant que «la sanction doit porter sur les terroristes identifiés et éventuellement sur les pays ou les groupes dont on a la preuve qu'ils ont apporté une aide à ces terroristes.»
Difficile pour Jacques Chirac de contenir son émotion, après avoir survolé en hélicoptère les décombres du World Trade Center. «C'est une image, mais quand on voit ça, on a envie de pleurer en imaginant l'ensemble des hommes, des femmes peut-être des enfants qui ont péri, qu'on ne retrouvera pas, car ils ont été en quelque sorte désintégrés, a expliqué le président. Non seulement on les a tués, mais on a rendu impossible le fait de leur rendre un dernier hommage, c'est à dire les obsèques. Cela dépasse l'imagination.»
Jacques Chirac a rencontré le maire de New York Rudolf Giuliani, en pleine action dans son Emergency Command Center, le centre de commandement des opérations d'urgence. Les deux hommes ont eu une conversation chaleureuse, Jacques Chirac se faisant messager de la solidarité et de la sollicitude française. Selon un parcours devenu quasi rituel, ils ont salué les bénévoles et les responsables des opérations de secours, certains n'hésitant pas à applaudir le duo sur son passage. Chose rare en public, le président français s'est même laissé aller à s'exprimer par moment en anglais.
Visiblement affecté par sa visite en hélicoptère, qui n'était pas au programme, Jacques Chirac s'est ensuite rendu à Union Square non loin des ruines, pour déposer une gerbe de fleurs tricolores aux pieds de la statue de George Washington. Il a respecté une minute de silence, avant d'être applaudi par les centaines de personnes qui se rendent quotidiennement à cet endroit pour se recueillir. Certains ont crié «Vive la France» et «Merci».
Le programme de la seconde partie de la journée était plus diplomatique, avec un déjeuner de travail en compagnie du secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan. Ils ont certes évoqué la situation en Macédoine, au Proche-Orient et en République Démocratique du Congo, mais le véritable débat à porté sur la nature de la coalition internationale à mettre en place pour lutter contre le terrorisme. Comme il l'avait fait la veille face à George Bush, le président français a assuré que «la France ne restera pas à l'écart d'un combat contre un fléau qui défie toutes les démocraties. Aujourd'hui, hélas, New York a été dramatiquement atteinte, mais demain cela peut être Paris, Berlin ou Londres.»
Il n'a toutefois rien ajouté sur les modalités d'une participation, qui seront définies en accord avec les alliés européens, mais a précisé que «l'action à mener va très au-delà d'une riposte militaire, même si celle-ci est nécessaire. C'est la mise en oeuvre d'une véritable action coordonnée sur le terrain pour éradiquer le terrorisme». En clair : coopérer dans les domaines du renseignement, de la justice, des télécommunications, du transport aérien ou du financement du terrorisme.
«Pas d'amalgame entre terroristes et musulmans»
Selon Jacques Chirac, nul autre que l'ONU n'est mieux habilité pour «rassembler les énergies et mettre en oeuvre des politiques.». «L'ONU a déjà beaucoup fait, estime le Président. Il y a une douzaine de conventions internationales contre le terrorisme mises en oeuvre par l'ONU. Mais c'est encore très insuffisant.» Kofi Annan a également plaidé en faveur de l'organisation. «Le conseil de sécurité a agi très rapidement en adoptant une résolution sur cette question à l'unanimité qui nous a donné les fondements pour développer une action», a expliqué le secrétaire général de l'ONU.
Les deux hommes ont tenu à éliminer d'emblée le risque d'une division du monde entre d'un côté les musulmans et de l'autres les pays occidentaux sur la question du terrorisme. «Il ne faut mettre personne à l'index, a estimé Kofi Annan. Les sociétés d'aujourd'hui sont multiculturelles. Si on décide de pourchasser une catégorie d'individus, nous allons diviser nos propres sociétés, ici, en France, en Suède ou en Grande Bretagne.» «Je le répète, et George Bush l'a clairement dit hier : pas d'amalgame entre les fondamentalistes terroristes et fanatiques et le monde arabe ou le monde musulman», a réaffirmé pour sa part le président français, estimant que «la sanction doit porter sur les terroristes identifiés et éventuellement sur les pays ou les groupes dont on a la preuve qu'ils ont apporté une aide à ces terroristes.»
par Philippe Bolopion
Article publié le 20/09/2001