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Etats-Unis

Bush déclare la «<i>guerre à la terreur</i>»

Exhortant les pays du monde à choisir leur camp entre «la peur et la liberté», le président américain s'est dit prêt à user de «toute arme de guerre nécessaire» dans une lutte mondiale contre le terrorisme, à commencer par le mouvement de Oussama Ben Laden qui «pervertit les enseignements politiques de l'Islam.»
De notre correspondant aux Etats-Unis

George Bush a prononcé hier le meilleur discours de sa jeune présidence, dix jours après les attentats qui ont fait probablement plus de 6000 morts principalement à New York. Alors que l'armée américaine concentre ses forces au Proche-Orient et en Asie du Sud-Ouest, le président des Etats-Unis a solennellement déclaré la guerre au terrorisme en l'assortissant d'un nouvel ultimatum aux Taliban. Par mesure de sécurité exceptionnelle, le vice-président Dick Cheney est lui resté dans un lieu conservé secret, pour prendre la relève en cas d'attaque contre le président. Face aux deux chambres réunies du Congrès, George Bush s'est montré ferme grave et responsable, tout en se voulant rassurant, pédagogue et tolérant. Ce discours, longuement rédigé par plusieurs de ses collaborateurs, a été abondamment applaudi par les membres du Congrès.

Le président américain a soigneusement délimité son terrain. La guerre qu'il compte livrer ne s'adresse pas «à nos nombreux amis musulmans, ni à nos nombreux amis arabes», mais «à un réseau de terroristes radicaux et tous les gouvernements qui les soutiennent». Elle «ne sera pas comme la guerre contre l'Irak», a prévenu Bush, ou ne «ressemblera à la guerre aérienne au-dessus du Kosovo, où aucune troupe au sol n'a été utilisée et pas un seul Américain n'est tombé au combat». Il n'y aura ni «riposte instantanée» ni «frappes isolées», mais «une longue campagne différente de tout ce qu'on a pu voir».

Il y aura des opérations «secrètes jusque dans leur succès»

Assurant que «justice sera faite», le président a promis de mobiliser dans ce but «toutes les ressources disponibles, toutes les voies diplomatiques, chaque outil dans le domaine du renseignement, chaque instrument juridique, chaque influence financière et toutes les armes nécessaires à la guerre jusqu'à la destruction et la mise en échec du réseau global de la terreur». Cette guerre d'un nouveau genre promet donc de mettre le contribuable à contribution. Il faut s'attendre aussi bien à «des frappes spectaculaires, diffusées à la télévision et des opérations secrètes, secrètes jusque dans leur succès

Le message adressé aux terroristes du monde entier se veut menaçant : «Nous allons priver les terroristes de financement, les dresser les uns contre les autres, les déplacer d'endroit en endroit jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de refuge ou de repos.» Un bureau pour la sécurité intérieure, équivalent à la création d'un ministère, sera mis en place sous la responsabilité directe du président pour coordonner cette action. Les Etats-Unis ont besoin d'alliés dans ce combat. «Chaque pays, dans chaque région, doit maintenant prendre une décision, ou bien vous êtes avec nous, ou bien vous êtes avec les terroristes», a mis en garde le président qui entend traiter les pays de la seconde catégorie comme des «régimes hostiles».

Tout au long de son discours, George Bush a précautionneusement évité de réduire cette guerre du 21 ème siècle à un affrontement du monde occidental contre le monde musulman. S'adressant «directement aux Musulmans du monde entier», George Bush a affirmé : «nous respectons votre foi (...) Ses enseignements sont bons et pacifiques, et ceux qui commettent le mal au nom d'Allah blasphèment le nom d'Allah». Ceux-là, les ennemis, ont été clairement identifiés. «Les éléments de preuve que nous avons rassemblés désignent tous un réseau d'organisations terroristes liées entre elles, connu sous le nom d'Al Qaida», adeptes «d'une forme marginale d'extrémisme islamique» et dirigées par Oussama Ben Laden. Ils sont «les héritiers de toutes les idéologies meurtrières du 20ème siècle (..) marchant sur les traces du fascisme, du nazisme et du totalitarisme» a ajouté Bush.

Selon lui, ces terroristes sont présents dans une soixantaine de pays, mais il s'est attaché à stigmatiser le rôle joué par le régime des Taliban en Afghanistan qui prive ses citoyens de libertés élémentaires. «Les Etats-Unis respectent le peuple afghan», a précisé le président, mais les Taliban «livreront les terroristes ou bien ils partageront leur sort», a-t-il averti, exigeant la fermeture des camps d'entraînement des terroristes et la livraison de tous les dirigeants et de leurs soutiens. Une exigence «ni négociable, ni ouverte à la discussion». Une façon de rappeler que la requête des ouléma afghans demandant à Oussama Ben Laden de quitter volontairement l'Afghanistan est considérée insuffisante. Il n'a toutefois donné aucune date, ni aucune indication précise des mesures qui seront prises par les Etats-Unis dans le cas contraire. Seule indication de l'imminence d'une réponse, son adresse aux armées : «Ce soir, j'ai un message pour nos soldats : tenez-vous prêts. J'ai demandé à nos forces armées de se tenir en alerte et il y a une raison. L'heure arrive où l'Amérique va agir et nous serons fiers de vous



par Philippe  Bolopion

Article publié le 21/09/2001