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Football

Règlements de comptes à l'OM

Relégué dans les profondeurs du classements du championnat de première division, l'Olympique de Marseille fait la «une» en coulisse avec l'affrontement de ses dirigeants. Bernard Tapie remporte la première manche en obtenant le départ de son «ennemi» Pierre Dubiton.
La guerre souterraine qui sévit depuis plusieurs années à l'Olympique de Marseille vient de connaître un nouvel épisode avec l'éviction du responsable financier, Pierre Dubiton. Une décision qui n'est pas pour surprendre dans la mesure où il avait engagé un véritable bras de fer avec Bernard Tapie. Personne n'était dupe du climat détestable, voire haineux, qui régnait entre les deux hommes. Deux hommes censés travailler la main dans la main.

«Ou les deux s'entendent, ou les deux partent» avait déclaré au début du mois de septembre le président et propriétaire de l'OM, Robert Louis-Dreyfus. Il n'a donc fait que la moitié du chemin en sacrifiant son directeur financier. Question: Bernard Tapie est-il intouchable? On ne sait trop quoi penser.

L'OM a effectué un début de saison catastrophique, dans la juste ligne des saisons précédentes. L'équipe a dû attendre la huitième journée de championnat pour remporter sa première victoire, et encore, à domicile, contre le dernier du classement, Nantes. Une victoire pour quatre nuls et trois défaites. On est bien loin des résultats escomptés avec le retour du faiseur de miracles, Bernard Tapie.

Une succession de souacs

Il est vrai que la gestion technique de l'équipe a été une lente succession de couacs: incertitude sur les départs et recrutements de joueurs, valse des entraîneurs d'un jour. Tout simplement invraisemblable. Le plus grave c'est qu'aucun des dirigeants ûet on s'aperçoit qu'il n'en manque pasû n'a donné le sentiment d'être concerné par le présent et l'avenir du club. Mais comment peut-on imaginer que les principaux responsables du club puissent à ce point se faire la guerre?

Jusqu'à présent c'est une bagarre de chaque instant qui minait le club de l'intérieur; aujourd'hui elle risque de l'éclabousser au grand jour. Après son éviction, Pierre Dubiton a donné le ton devant les journalistes. Disant qu'il était victime du complot ourdi par Bernard Tapie, il a contre attaqué: «je ne suis pas dupe de ce qu'il est. Il n'a aucune loyauté. Il ment comme il respire. C'est une crapule». Et l'ancien directeur financier du club de menacer de révéler un certain nombre de malversations financières qui se seraient déroulées à l'OM sous la présidence de Bernard Tapie.

Qui se lassera le premier? Ne portent-ils pas et l'un et l'autre la responsabilité de la dégradation de l'équipe et de l'image du club? En se querellant sans cesse, en rêvant chacun d'abattre l'autre, n'ont-ils pas joué contre l'OM? Un exemple: l'arrivée tardive de Pascal Nouma au soir du 31 août, à quelques heures de la clôture du marché des transferts, avait posé problème: la ligue nationale de football avait homologué son contrat en tant que joker car le club n'avait pu lui faire parvenir le dossier dans les délais.

Bernard Tapie a «eu la peau» de celui qui, à ses yeux, était le responsable du non-fonctionnement de l'OM. Il se retrouve désormais plus que jamais dans le rôle du seul maître après le bailleur de fonds du club, Robert Louis-Dreyfus, dont le mode de fonctionnement constitue un véritable mystère. Maintenant, Tapie doit apporter sur le terrain la preuve qu'il avait raison. Le club doit quitter au plus vite la seizième place du championnat (sur 18) et retrouver une flamme éteinte depuis bien trop longtemps au goût des supporteurs qui restent les seuls convaincants dans ce psychodrame permanent. Sinon Tapie risque d'être abandonné par ceux qui, longtemps, ont chanté sa gloire dans les rues de Marseille et bien au-delà.



par Gérard  Dreyfus

Article publié le 27/09/2001