Insécurité
Préfets et procureurs planchent sur la délinquance
En France, la sécurité est au c£ur de la rentrée politique et sera sans nul doute l'un des thèmes majeurs de la campagne présidentielle de 2002, à gauche comme à droite. A l'initiative des ministres de la Justice et de l'Intérieur, préfets et procureurs se sont réunis, ce jeudi à Paris, pour étudier les conditions d'une meilleure synergie entre les différents services de l'Etat afin de lutter efficacement contre la délinquance.
Meurtres multiples en Corse au cours du dernier mois, braquage sanglant et meurtrier cet été à Cergy (banlieue parisienne), assassinat du directeur de cabinet du maire de Béziers en début de semaine, nombre global de crimes et délits en hausse de près de 10% depuis le début de l'année selon le ministère de l'Intérieurà Les agressions violentes se multiplient en France et le sentiment d'insécurité enfle au sein de l'opinion publique. A huit mois des prochaines échéances électorales, le gouvernement qui entend défendre sa politique de sécurité, a organisé à l'initiative de Marylise Lebranchu, ministre de la Justice et de Daniel Vaillant, ministre de l'Intérieur, un colloque réunissant pour la première fois, l'ensemble des préfets et procureurs. Cette réunion avait pour thème «la lutte contre toutes formes de violence» d'une part et «les trafics locaux et la délinquance organisée» d'autre part afin, à terme, de coordonner les actions contre la délinquance et les réseaux organisés.
Cette réunion qui constitue «une première sous la Vème République», selon Daniel Vaillant, a eu pour but de contribuer à vaincre les réticences, à dépasser les conflits de compétence, et à accélérer le rapprochement de deux professions (préfets et procureurs invités à travailler plus étroitement) qui n'ont pas toujours su collaborer.
Selon la gauche, la sécurité n'est pas l'apanage de la droite
Dans une interview accordée au journal Le Monde, daté du 6 septembre, les ministres de la Justice et de l'Intérieur ont répondu aux critiques formulées en la matière le 14 juillet dernier par le président de la République. «Il ne faut pas faire de l'insécurité un fond de commerce électoral, parce qu'elle touche à des sujets de vie, de souffrance. Il ne faut pas suivre le sillage de ceux qui veulent faire peur» a estimé Daniel Vaillant. «C'est un discours qui fait peur, prononcé par le premier personnage de l'exécutif, c'est vraiment très choquant» a renchérit Marylise Lebranchu. L'un comme l'autre ont donc défendu l'idée selon laquelle le thème de la sécurité n'est plus uniquement réservée à la droite. Quatre ans après le discours de Villepinte d'octobre 1997, au cours duquel Lionel Jospin avait placé la sécurité au c£ur des priorités de la gauche, l'équipe gouvernementale confirme avec cette réunion cette orientation. «La sécurité n'est ni de droite ni de gauche, c'est une valeur républicaine indispensable pour que chacun soit libre dans la société (à) La sécurité est un sujet qui doit mobiliser la gauche» a assuré Daniel Vaillant après avoir insisté sur l'importance d'une «mobilisation générale face à toutes les formes de délinquance et d'insécurité».
Après cette interview croisée, les réactions n'ont pas tardé. Deux syndicats d'officiers de police ont dénoncé avec vigueur les effets de la loi du 15 juin 2000, appliquée le 1er janvier 2001, sur la présomption d'innocence. «La Justice et l'Intérieur passent leur temps à faire l'état des lieux quand l'opinion leur demande de faire le ménage chez les délinquants. Pour nous, c'est une grand messe de plus» a déclaré le 6 septembre, au quotidien Le Figaro, Jean-Marie Salanova, secrétaire général adjoint du Syndicat des commissaires. Alors que le Syndicat national des officiers de police d'Ile-de-France a pointé, notamment «l'absence de réponse judiciaire apte à décourager les délinquants», Synergie, le second syndicat des officiers déclarait attendre des ministres de la Justice et de l'Intérieur «une déclaration sur une politique pénale forte se traduisant par des actes concrets mettant un terme à une dérive qui tend à généraliser l'impunité, terreau de l'insécurité». Quant au RPR, par la voix du député des Alpes-Maritime Christian Estrosi, il a dénoncé «l'hypocrisie du gouvernement» concernant cette première réunion entre préfets et procureurs. «Monsieur Jospin semble découvrir subitement, comme frappé par une illumination, qu'il serait utile que la police et la justice coordonnent leur action face à la montée d'une délinquance qu'il a toujours niée. Sans doute l'approche des élections aide-t-elle le Premier ministre à cette repentance» a-t-il ajouté. A l'issue du colloque, l'Union syndicale des magistrats (USM) a, pour sa part, estimé que la ministre de la Justice «se défausse de ses responsabilités sur les magistrats et donne des leçons aux parquets au lieu de donner les moyens de travailler (à) La ministre nous donne des leçons d'efficacité, elle trouve qu'on fait trop d'erreur. Mais ça fait un an qu'on tire la sonnette d'alarme sur cette cochonnerie de texte sur la présomption d'innocence» a affirmé Valéry Turcey, président de l'USM.
A moins d'un an des élections présidentielle et législatives, reste au gouvernement à systématiser la coopération entre la Justice et l'Intérieur et à la rendre lisible par tous. Une tâche pour le moins ardue et délicate.
Cette réunion qui constitue «une première sous la Vème République», selon Daniel Vaillant, a eu pour but de contribuer à vaincre les réticences, à dépasser les conflits de compétence, et à accélérer le rapprochement de deux professions (préfets et procureurs invités à travailler plus étroitement) qui n'ont pas toujours su collaborer.
Selon la gauche, la sécurité n'est pas l'apanage de la droite
Dans une interview accordée au journal Le Monde, daté du 6 septembre, les ministres de la Justice et de l'Intérieur ont répondu aux critiques formulées en la matière le 14 juillet dernier par le président de la République. «Il ne faut pas faire de l'insécurité un fond de commerce électoral, parce qu'elle touche à des sujets de vie, de souffrance. Il ne faut pas suivre le sillage de ceux qui veulent faire peur» a estimé Daniel Vaillant. «C'est un discours qui fait peur, prononcé par le premier personnage de l'exécutif, c'est vraiment très choquant» a renchérit Marylise Lebranchu. L'un comme l'autre ont donc défendu l'idée selon laquelle le thème de la sécurité n'est plus uniquement réservée à la droite. Quatre ans après le discours de Villepinte d'octobre 1997, au cours duquel Lionel Jospin avait placé la sécurité au c£ur des priorités de la gauche, l'équipe gouvernementale confirme avec cette réunion cette orientation. «La sécurité n'est ni de droite ni de gauche, c'est une valeur républicaine indispensable pour que chacun soit libre dans la société (à) La sécurité est un sujet qui doit mobiliser la gauche» a assuré Daniel Vaillant après avoir insisté sur l'importance d'une «mobilisation générale face à toutes les formes de délinquance et d'insécurité».
Après cette interview croisée, les réactions n'ont pas tardé. Deux syndicats d'officiers de police ont dénoncé avec vigueur les effets de la loi du 15 juin 2000, appliquée le 1er janvier 2001, sur la présomption d'innocence. «La Justice et l'Intérieur passent leur temps à faire l'état des lieux quand l'opinion leur demande de faire le ménage chez les délinquants. Pour nous, c'est une grand messe de plus» a déclaré le 6 septembre, au quotidien Le Figaro, Jean-Marie Salanova, secrétaire général adjoint du Syndicat des commissaires. Alors que le Syndicat national des officiers de police d'Ile-de-France a pointé, notamment «l'absence de réponse judiciaire apte à décourager les délinquants», Synergie, le second syndicat des officiers déclarait attendre des ministres de la Justice et de l'Intérieur «une déclaration sur une politique pénale forte se traduisant par des actes concrets mettant un terme à une dérive qui tend à généraliser l'impunité, terreau de l'insécurité». Quant au RPR, par la voix du député des Alpes-Maritime Christian Estrosi, il a dénoncé «l'hypocrisie du gouvernement» concernant cette première réunion entre préfets et procureurs. «Monsieur Jospin semble découvrir subitement, comme frappé par une illumination, qu'il serait utile que la police et la justice coordonnent leur action face à la montée d'une délinquance qu'il a toujours niée. Sans doute l'approche des élections aide-t-elle le Premier ministre à cette repentance» a-t-il ajouté. A l'issue du colloque, l'Union syndicale des magistrats (USM) a, pour sa part, estimé que la ministre de la Justice «se défausse de ses responsabilités sur les magistrats et donne des leçons aux parquets au lieu de donner les moyens de travailler (à) La ministre nous donne des leçons d'efficacité, elle trouve qu'on fait trop d'erreur. Mais ça fait un an qu'on tire la sonnette d'alarme sur cette cochonnerie de texte sur la présomption d'innocence» a affirmé Valéry Turcey, président de l'USM.
A moins d'un an des élections présidentielle et législatives, reste au gouvernement à systématiser la coopération entre la Justice et l'Intérieur et à la rendre lisible par tous. Une tâche pour le moins ardue et délicate.
par Clarisse Vernhes
Article publié le 06/09/2001