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Affaires politico-financières

MNEF : vers une relaxe de DSK

Dominique Strauss-Kahn (DSK) devrait bénéficier d'une relaxe et être blanchi des accusations de «faux et usage de faux» qui l'avaient contraint à démissionner de son poste de ministre de l'Economie et des Finances en novembre 1999.
Le procès de Dominique Strauss-Kahn pour «faux et usage de faux» dans l'un des volets de la Mutuelle nationale des étudiants de France (MNEF) s'est terminé, lundi, sur un revirement total de l'accusation, qui a abandonné toutes les charges dans son réquisitoire et s'en est «remise à l'appréciation du tribunal» pour une éventuelle peine. Cette formule juridique signifiant que le parquet ne s'oppose pas à une relaxe de l'ancien ministre socialiste de l'Economie et des Finances. La semaine dernière, le procès avait déjà pris une tournure singulière lorsque le procureur avait évoqué la possibilité de modifier les poursuites tout en les maintenant. Le 8 octobre, dissimulant mal la position inconfortable du parquet, David Peyron a reconnu qu'il n'y «a nullement d'intention frauduleuse» de la part de DSK dans cette affaire. Une grande partie du réquisitoire du représentant du parquet a donc servi à démontrer l'absence de fondements pour condamner le prévenu. Le parquet admet ainsi de facto les explications données par l'ancien ministre.

Le député du Val d'Oise était accusé d'avoir sciemment fourni à la justice des documents antidatés dans le but de justifier son rôle dans les négociations entre la MNEF et la CGE, entre 1994 et 1996. Cependant, le parquet a considéré, lundi, qu'il n'existait «aucune version de rechange permettant d'infirmer la version de Dominique Strauss-Kahn» admettant ainsi que ce dernier n'avait commis qu'une simple erreur de date et n'avait pas tenté de dissimuler un travail dont la réalité a été prouvée par l'instruction. Dans les plaidoiries, les avocats de DSK en ont donc profité pour faire un éloge ironique du traitement de l'affaire par la justice. «Je demande évidemment une relaxe, non pas au bénéfice du doute, mais une relaxe franche, sincère et totale» a plaidé Maître Jean Veil regrettant toutefois qu'un «homme qui était ministre ait été obligé d'abandonner sa profession» pour une simple erreur. «La présomption d'innocence n'existe plus que pour les juristes. Mais sûrement pas pour les journalistes. La campagne de presse assez dégueulasse qui s'est répandue contre mon client a très largement pesé sur la procédure» a-t-il tenu à souligner lors de l'audience.

Deux ans requis contre Olivier Spithakis

Dans l'autre volet de l'affaire MNEF, sans rapport avec Dominique Strauss-Kahn, les autres prévenus n'ont pas tous été autant épargnés. Si Philippe Plantagenest, numéro 2 de la MNEF, a lui échappé à toute réquisition, le parquet a demandé, en revanche, deux ans d'emprisonnement dont un avec sursis et 500 000 francs (76 225 euros) d'amende contre Olivier Spithakis, directeur de la mutuelle étudiante au moment des faits. Ce dernier, poursuivi dans le dossier DSK, l'était aussi dans l'affaire de la vente de l'appartement de la rue Tiphaine, à Paris, en 1990, considérée comme frauduleuse au préjudice de la MNEF. Dans cette affaire, le procureur a également demandé une peine d'un an de prison dont six mois avec sursis et une amende de 250 000 francs (38 110 euros) à l'encontre de François Bernardini, l'ex-premier secrétaire de la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône ainsi que pour l'homme d'affaires Wilson Bihi Zenou. Il a, par ailleurs, réclamé une peine de 100 000 (15 244 euros) francs d'amende pour l'autre homme d'affaires impliqué, Alain Obadia.

Le jugement dans ce dossier de la MNEF, le dernier dans lequel Dominique Strauss-Kahn est inquiété, sera mis en délibéré ce mardi 9 octobre ou demain 10 octobre, après les dernières plaidoiries. L'ancien ministre ayant déjà bénéficié d'un non-lieu, la semaine dernière dans le dossier Elf dans lequel il était poursuivi pour «complicité et recel d'abus de biens sociaux», plus rien ne devrait maintenant faire obstacle à son retour sur la scène politique française.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 09/10/2001